La vérité du drame est dans ce pur espace qui règne entre la stance heureuse et l'abîme qu'elle côtoie : cet inapaisement total, ou cette ambiguïté suprême. Saint-john Perse
Chaque jour de ses dents aiguës Le temps déchire un peu le tain De ce miroir et restitue A l’espace un nouveau butin
La lèpre marque le visage Et masque un retard qui s’éteint Las et las de se reconnaître Chaque soir et chaque matin
Le paysage apparaissant Avec son ciel et son lointain Libère un reflet et invite Narcisse à vivre l’incertain Le limpide, le beau voyage Entre le soir et le matin
Robert Desnos
Mouvements que la mer tient dans ses filets de pêche à vide et remontée plaine
le chat saute d’une fuite à un retour et la fenêtre troue le mur
la jarre garde son contenu sans le changer pour une proposition de passage
puis dépendu de sa ficelle le géranium quitte l’hiver pour la poterie de soleil au feu d’été
Qu’est -ce qui à part le mensonge ne tient pas la route bien que la prenant à chaque coin du matin ?
Les heures où j’entendais ta plume gratter pendant que tu traversais le noir ont obtenues la lumière méritée
Artiste c’est le seul métier où le tain de Narcisse est d’un pâle létal et pourtant que de cierges s’en allument
Le pied de l’arbre n’a rien perdu de la vigueur que nous lui avons transfusé, à un instant du sourire de la pluie d’aujourd’hui je jurerai qu’il a en corps grossi.
L’étau se referme de la lime qui voulait ébarber le mot impropre sort la coupure étrangère
Citron où les yeux se piquent au regard des traces laissées par un parasite
Pourtant mon coeur regorge à s’étouffer de taire et de voir tu l’échange attendu. Pourtant tout porte à croire que la présence ne connaît pas de rupture, alors l’adduction qui fournit ce lien constant serait-il possible que ce soit juste une faute de vocabulaire confondant adductio avec addiction
Au jour que la nuit gardait en corps dans le noir, j’ai mis dans l’ouverture des volets de l’atelier un apport de peinture fraîche
Symbolique action que je vins mettre au parloir d’une communication coupée
Dehors la Charente m’a aidé en me disant avance je vais te laver d’un soleil
J’ai vu l’oiseau plonger pour s’avaler le reflet de sa pensée
Puis la peur des seins retenus au garage pour une réparation m’a saisi tout comme le chien au virage d’épate en l’air
Sans doute que je pleure pas sans raison
Ce qui lie nos pensées est inscrit dans notre réseau.
Niala-Loisobleu 19 Octobre 2021
Je pleure sans raison que je pourrais vous dire
La petite Ralloupar L. & L.Restons un peu en Grèce, en compagnie de Mános Hadjidákis : Η μικρή Ραλλού [Ī mikrī Ralloú] (« La petite Rallou ») est une de ses chansons connues. Composée sur un poème de Níkos Gátsos, elle a été créée en 1971 par Μανώλης Μητσιάς [Manōlīs Mītsiás] dans un album conçu et dirigé par Hadjidákis lui-même, intitulé Της γης το χρυσάφι [Tīς gīς to chrysάfi] (« L’or de la terre »). Cette version de Fléry Dandonáki, enregistrée elle aussi sous la direction de Hadjidákis, lui est postérieure d’un an……….Φλέρυ Νταντωνάκη [Fléry Ntantōnákī] (Fléry Dandonáki) (1937-1998) • Η μικρή Ραλλού [Ī mikrī Ralloú]. Poème de Νίκος Γκάτσος [Níkos Gkátsos] (Níkos Gátsos) ; Μάνος Χατζιδάκις [Mános Chatzidákis] (Mános Hadjidákis), musique. Φλέρυ Νταντωνάκη [Fléry Ntantōnákī] (Fléry Dandonáki), chant ; Βασίλης Τενίδης [Vasílīs Tenídīs], arrangements ; Μάνος Χατζιδάκις [Mános Chatzidákis] (Mános Hadjidákis), direction. Enregistrement : Grèce, 1972. Extrait de l’album : Οι γειτονιές του Φεγγαριού [Oi geitoniés tou Feggarioú] + Χωρίον ο πόθος [Chōríon o póthos] / Μάνος Χατζιδάκις [Mános Chatzidákis] (Mános Hadjidákis). Grèce, ℗ 1977. ……… Σαράντα παλληκάρια στην άκρη του γιαλού επαίξανε στα ζάρια τη μικρή Ραλλού σ’ ανατολή σε δύση σε κόσμο και ντουνιά ρωτάν ποιος θα κερδίσει την ομορφονιά
Quarante jeunes hommes sur le rivage de la mer Jouaient aux dés la petite Rallou. D’ouest en est et sur toute la terre On veut savoir à qui échoira cette beauté.
Μικρό το καλοκαίρι μεγάλος ο καιρός κανείς όμως δεν ξέρει ποιος θα `ναι ο τυχερός σαράντα παλληκάρια στην άκρη του γιαλού επαίξανε στα ζάρια τη μικρή Ραλλού
L’été est court, le temps est long, Mais nul ne sait à qui la chance sourira. Quarante jeunes hommes sur le rivage de la mer Ont joué aux dés la petite Rallou.
Σαράντα παλληκάρια με λιονταριού καρδιά ερίξανε στα ζάρια μια τρελή βραδιά ζηλεύει το φεγγάρι και στέλνει απ’ τα βουνά το μαύρο καβαλάρη που μας κυβερνά
Quarante jeunes hommes aux cœurs de lion Une nuit de folie, ont jeté les dés. La lune, jalouse, fait venir des montagnes Le noir cavalier qui nous gouverne tous.
Κι ο χάροντας σαν φίδι τραβάει την κοπελιά σ’ αγύριστο ταξίδι σ’ ανήλιαγη σπηλιά σαράντα παλληκάρια στην άκρη του γιαλού εχάσανε στα ζάρια τη μικρή Ραλλού
Et Charon, tel un serpent, emporte la jeune fille Pour le voyage sans retour vers la grotte obscure. Quarante jeunes hommes sur le rivage de la mer Ont perdu aux dés la petite Rallou. Νίκος Γκάτσος [Níkos Gkátsos] (Níkos Gátsos) (1911 ou 1914-1992). Η μικρή Ραλλού [Ī mikrī Ralloú] (1971?). . Νίκος Γκάτσος [Níkos Gkátsos] (Níkos Gátsos) (1911 ou 1914-1992). La petite Rallou, traduit de : Η μικρή Ραλλού [Ī mikrī Ralloú] (1971?) par L. & L., à partir d’une traduction espagnole (source : stixoi.info)………Le compositeur en a par la suite donné une version instrumentale pour piano seul (qu’on peut entendre ci-dessous), tandis que des interprètes tels que Nana Mouskouri ou Georges Dalaras ont intégré la chanson à leurs répertoires respectifs.
des mers avec toujours l’île attachée en annexe et bien sûr l’encre indélébile accrochée au fond rocheux
Quand plus à l’ouest je roule, ce sud qui me colle par attachement se mélange au profil de la coque en son port local
et me fait en vie de t’écrire à mon tour. Une mouette de passage glisse son cri au bout d’un tuyau d’orgue sorti de la boîte de couleurs que tes seins étalent au grand large. Quel retable je vois là. Partout une pierre inscrit le bois d’une guitare au moment où passe un chat noir
Ces herbes sauvages que je pousse à l’intérieur des viroles de mes pinceaux
Et voilà le kaléidoscope se la joue derviche
.Grenade sort l’Alhambra de la boite de Pandore, aucune erreur possible, le Generalife n’est pas douteux, la première visite que je lui rendis démarra de Bretagne un jour où je sentis ma conquête en besoin de
s’allumer
Le manège de l’enfant que je suis demeuré garde en rennes un cheval qui ne sera jamais de bois
j’y suis retourné le chercher
Et j’ai vu ton empreinte aux landes et fougères
Nue sans contingence comme seule la vérité qui ne ment pas s’habille au quotidien
Avant de signer je laisse les mots-peints gratter la guitare pour avancer une autre semaine aussi belle que je puisse en tirer la graine.
Il parlait seul son beau visage Ruisselait d’algues l’horizon Le roulait dans ses frondaisons D’étoiles et d’œillets sauvages Amour trop fort pour sa raison
« Soleil disait-il que l’écume Soit mon abeille au pesant d’or Je prends la mer et je m’endors Dans la corbeille de ses plumes Loin des amis restés au port
Ah que m’importent ces auberges Et leurs gouttières de sang noir Les rendez-vous du désespoir Dans les hôtels meublés des berges Où les filles font peine à voir
J’ai préféré aux équipages Le blanc cheval de la marée Et les cadavres constellés
Qui s’acheminent vers le large
A tous ces sourires navrés
Sur la plage où naissent les mondes
Et l’hirondelle au vol marin
Il revenait chaque matin
Les yeux brûlés de sciure blonde
Son cœur épanoui dans ses mains
Il parlait seul son beau visage Ruisselait d’algues l’horizon Le roulait dans ses frondaisons D’étoiles et d’œillets sauvages Amour trop fort pour sa raison
« Soleil disait-il que l’écume Soit mon abeille au pesant d’or Je prends la mer et je m’endors Dans la corbeille de ses plumes Loin des amis restés au port
Ah que m’importent ces auberges Et leurs gouttières de sang noir Les rendez-vous du désespoir Dans les hôtels meublés des berges Où les filles font peine à voir
J’ai préféré aux équipages Le blanc cheval de la marée Et les cadavres constellés
Les pôles émergent du froid la portée de l’itinéraire, tendant à l’aiguille le rappel du sens de la pierre
de son état brut au polissage
Ulysse présent en chaque voyage
Pénélope tissant l’absolu d’une Epoque pendant que son oiseau-marin des bordées dessalant jette une ancre-flottante pour tenir le mât à la verticale de sa quille
La corde de l’âme élingue une vérité profonde sous l’archet du vent, du plâtre sorti vient l’airain fondu par la force de l’oeuvre
Tu t’étonnais à la naissance de la vigueur de ton écriture tandis que rompu au large je tissais tes mots d’une main trop à l’écoute de la couleur du ciel
Il faut même au vieux loup le cri des yeux de la jeune louve face à la lune pour percer le secret de l’Arbre à Soie arraché au violoncelle orgasmique de la Vie
Il fait froid, le va qu’sain vient sauver le tant de la rature.
Le vent se lève soudain d’une flaque où par places se heurtent et se traquent les meurtrissures de la nuit et celles plus profondes du soleil.
La terre est froide et grande à son réveil comme une chambre sans feu. Je suis seul au bord de ma bouche lasse, une cigarette respire à ma place.
Je me hâte vers un couloir sans fin où les portes font des taches de tunnel, où les ombres se cognent sans souffrance et où les murs sont sales et éternels.
La lumière semble lourde et voûtée sur un monde sans miracle, ni gaieté.
Dans la nudité du sang qui tourne en moi, je respire le même caillou froid.
D’autres vivront ma vie à leur tour, solitaires entres les hauts murs du cœur. Seule la tête change de regard, du cœur part la même plante de douleur.
II
Au fond du couloir où rien ne luit, la porte s’ouvre sur la nuit, claque contre les murs de chaux. Je me retourne, d’elle encore chaud,
vers la vie qui regagne et cerne sa plus belle clairière où la terre parle aux hommes par la voix facile des femmes
où les fleuves courbent le monde de leurs mains si fraîches et si pleines, où le cœur captif des forêts oscille sur son socle d’ombre
où les chemins rejoignent le ciel à l’horizon marqués du pas de tous les paysans dont la tête dépasse les maisons comme l’épi le plus haut, le plus pesant.
III
Mêlé à tant de soirs, tant de nuits
qui n’avaient même pas de l’air le poids,
je n’existe plus que par quelques pas que je fais toujours dans le même circuit.
Chaque matin, je secoue ma terre
mais il m’en reste assez sous les pieds
pour que croisse la douleur
jusqu’au point où les yeux sont des tiges cassées.
Le vent passe entre mes mains et peine sans pouvoir les délier de mes veines. Bientôt, il ne reste plus qu’un regard mal éclairé par le soir
et l’or qui remonte du cœur comme un feu déjà gris. Et je ressens mieux la coupure que mon corps fait avec le monde.
IV
Veines comme des rides sous la peau, j’élève mes tourments et mes maux à vos étages les plus hauts. Vous faites le tour de ma vie
sans savoir le doute qu’en moi mûrit
et mène votre attelage docile.
Vous plongez dans ma chair et dans mon cœur
vos doigts pleins de sang, pleins de sueur.
Vous ne voyez pas les chemins de la terre où les regards se renversent d’un trait sans s’ouvrir au passage d’un regret. Vous n’aimez pas ma voix qui va se taire
vous êtes si loin dans vos mains qui fuient
dans les grottes où je n’ai pas accès
et haletantes vous dites au cœur
que le monde est plus clair, plus grand que lui.
V
Tu as des yeux qui font le tour de la tête comme si tu sortais du plus beau des bals. Paupières lourdes comme des céréales, ma bouche apaise vos craintes, vos fêtes
et fond avec les racines qui puisent au plus obscur de mon tourment la force de m’entourer de ma nuit. C’était un grand regard pesant
que j’obtins pour mes noces nocturnes
comme une aube battante d’insomnie.
Il est ma défense contre la mort, il est
la détresse quotidienne qui souffle de mon cœur.
Trop de sentiers tournent avec aisance venant de moissons serrées comme la pluie. Trop de bois vivent dans le silence où parfois il n’y a de bruit que celui
fait par une feuille se posant sur le vent,
avant cette mort où toutes mers éteintes,
tous passages fermés, toutes tempes inertes,
nous serons quelques aveux intercalés dans le temps.
VI
Je monte des restes fumants du sang, dans les vitres reculent des regards. Les trains ralentissent à peine dans les gares et ma voix s’étonne d’être sans accents.
Des pas béants marquent la douleur. Des ponts attendent la fin du monde au fond de leurs grands yeux sans chaleur et le cœur inlassable fait sa ronde.
Je ne suis qu’une tache de terre encerclée par la mort et la nuit. Je m’ouvre en regards que l’ennui dans sa fixité désespère.
Ma vie tient en quelques pas égarés qui n’ont trouvé aucun chemin vers les fenêtres d’où l’on revient couvert de soleil et désemparé.
Trop de couchants s’arrêtent à l’aise au haut de murs à jamais tranquilles. Des flaques tranchées par le ciel brillent dans l’herbe comme des blessures fraîches.
VII
Le vent n’a pas voulu mon haleine, l’oreiller s’est vidé de sommeil. Le monde regarde dans les fenêtres, inachevé, sans couleurs, ni fêtes.
Les colchiques se renversent, las, et le matin les broie de son pas mouillé de tant de paupières pleines. Les sources sont grises comme le ciel.
Un vent fumeux, un vent décapité déborde sans cesse des trottoirs s’enfuit avec les milliers de voix que la solitude attendait.
Au-dessus des toits, tout est vide, la lumière ne peut pas remonter retenue dans les lampes livides et dans les bouteilles bues.
VIII
Mon cœur bat dans sa toile de sang oubliant de mon corps le mal le plus récent et s’attarde à la plaie trop tendre et mal fermée que font les tempes.
Que sait-il de moi, de ce regard, de cette tête dont la douleur se détache, dure, cernée comme une vitre, de cette peau qu’il éclaire de tous ses éclats captifs ?
Veilleur de mon sommeil, veilleur de la nuit il ne retient aucun de mes rêves mais se rappelle que des étoiles naissent de lui à la place où les veines font des clairières.
Dans les flaques où je souffre, où j’attends et où je ne suis entouré que de moi-même,
il conduit le regard aveugle du sang
pour mourir un jour comme un oiseau abattu.
IX
Derrière la fenêtre, le jour est superficiel, le miroir est encore profond de toute la nuit et la route est très loin dans le mur. Ma tête dépasse, coupée par le drap.
Une mouche en fait le tour.
Je me rappelle ou je rêve
que ton front est comme ces belles journées
où il n’y a pas un signe de mort
et où la lumière se rassemble sur les sources.
Le pont se lève de l’herbe
et s’ouvre au-dessus de l’eau
comme une blessure où la terre accourt.
Le dormeur est toujours couvert de son front fisse et de ses paupières. Des ombres sortent et laissent longtemps leurs tempes contre les murs.
LE plafond trop bas écoute s’il monte quelqu’un dans l’escalier. La même ombre s’approche avec le même tintement de cœur.
Dans la chambre sans lampe que celle qui vient de la rue,
le feu fond dans ses cendres et ne réchauffe pas la nuit
mes mains atteignent les choses qui m’aiment en silence comme des chiens trop doux. Plus proche de moi que la douleur
la fenêtre m’éclaire de sa blessure. J’ai vu, la nuit, des vitres béantes qui suivent les gens comme des rails et ne les quittent qu’à la mort.
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