MISE AUX POINGS


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 MISE AUX POINGS

Je n’ai jamais accordé asile au hasard, pensant que rien n’arrive sans raison. Si cet endroit m’interpelle, c’est donc par ce qui s’y passe, s’y fait et ne s’y fait pas. Je ne reviendrai pas sur les turpitudes qui s’y déroulent. Je n’ai jamais dissimulé ma pensée à cet égard, particulièrement sur la censure qui règne en bien des domaines, Etablissant de façon certaine un climat de servitude, par un système de cour.

Créer est ma raison d’être,

Il me faut façonner, peindre, dire, habiller, chanter, parcourir, rire, décrire, l’instant présent, ses mouvements de marée, ses changements de lune, son cap, avec trois grains de philosophie, de regard par delà le bout de mon nez, par tous mes sens. Le toucher et l’odorat, sans doute plus affutés que les trois autres. Me remplir jusqu’aux neurones, pour atteindre l’intérieur des choses, loin de leur apparence. Sans laisser la mode mettre ses influences au monde. Non penser tout seul, penser tout court, sans aide de bonimenteurs, de gurus, de marchands de promesses. Et ne pas laisser les flatteurs répandre leur sirop de fourberie sur ce qui n’est pas moi, sur ce que je n’ai pas voulu être, L’humilité ne se déclame pas, elle se vit à l’écart des paons, je ne suis pas un chapeau de messe dominicale qui s’agenouille, pas un coureur de couloirs à médailles, pas un hochet de salon, je ne réponds pas aux invitations me voulant indépendant de listes et de couvert à poisson. Laissez-moi manger avec mes doigts, Dire mon bonheur de vivre comme un sauvage. Lucide et utopiste.J’ai vu, j’ai vécu, je peux dire, sans racoler, sans envie de brosse à reluire. Le plaisir de donner est grand mais de grâce ne me prenez pas pour un jobard.

Ah que la vie est belle, que l’amour est riche, mais comme la tristesse récurrente est affligeante.

Niala-Loisobleu – 18 Mars 2017

Etienne de la Boétie (1530-1563), écrivain français. Il a écrit Le Discours de la servitude volontaire ou le Contr’un son principal ouvrage alors qu’il n’avait qu’à peine 18 ans. Il fut conseiller au Parlement de Bordeaux dés 1553, c’est-à-dire à 23 ans. Il reste cependant connu pour son amitié avec Michel de Montaigne.

Pour mémoire: Discours de la servitude volontaire (extraits) Etienne de La Boétie

Il y a trois sortes de tyrans.

Les uns règnent par l’élection du peuple, les autres par la force des armes, les derniers par succession de race.

Ceux qui ont acquis le pouvoir par le droit de la guerre s’y comportent — on le sait et le dit fort justement comme en pays conquis.

Ceux qui naissent rois, en général, ne sont guère meilleurs. Nés et nourris au sein de la tyrannie, ils sucent avec le lait le naturel du tyran et ils regardent les peuples qui leur sont soumis comme leurs serfs héréditaires. Selon leur penchant dominant—avares ou prodigues —, ils usent du royaume comme de leur héritage.

Quant à celui qui tient son pouvoir du peuple, il semble qu’il devrait être plus supportable ; il le serait, je
crois, si dès qu’il se voit élevé au-dessus de tous les autres, flatté par je ne sais quoi qu’on appelle grandeur, il décidait de n’en plus bouger. Il considère presque toujours la puissance que le peuple lui a léguée comme devant être transmise à ses enfants. Or dès que ceux-ci ont adapté cette opinion, il est étrange de voir combien ils surpassent en toutes sortes de vices, et même en cruautés, tous les autres tyrans. Ils ne trouvent pas meilleur moyen pour assurer leur nouvelle tyrannie que de renforcer la servitude et d’écarter si bien les idées de liberté de l’esprit de leurs sujets que, pour récent qu’en soit le souvenir, il s’efface bientôt de leur mémoire. Pour dire vrai, je vois bien entre ces tyrans quelques différences, mais de choix, je n’en vois pas : car s’ils arrivent au trône par des moyens divers, leur manière de règne est toujours à peu près la même.

Ceux qui sont élus par le peuple le traitent comme un taureau à dompter, les conquérants comme leur proie, les successeurs comme un troupeau d’esclaves qui leur appartient par nature.

Pauvres gens misérables, peuples insensés, nations opiniâtres à votre mal et aveugles à votre bien ! Vous vous laissez enlever sous vos yeux le plus beau et le plus clair de votre revenu, vous laissez piller vos champs, voler et dépouiller vos maisons des vieux meubles de vos ancêtres !
Vous vivez de telle sorte que rien n’est plus à vous. Il semble que vous regarderiez désormais comme un grand bonheur qu’on vous laissât seulement la moitié de vos biens, de vos familles, de vos vies. Et tous ces dégâts, ces malheurs, cette ruine, ne vous viennent pas des ennemis, mais certes bien de l’ennemi, de celui-là même que vous avez fait ce qu’il est, de celui pour qui vous
allez si courageusement à la guerre, et pour la grandeur duquel vous ne refusez pas de vous offrir vous-mêmes à la mort. Ce maître n’a pourtant que deux yeux, deux mains, un corps, et rien de plus que n’a le dernier des habitants du nombre infini de nos villes.

Ce qu’il a de plus, ce sont les moyens que vous lui fournissez pour vous détruire. D’où tire-t-il tous ces yeux qui vous épient, si ce n’est de vous ? Comment a-t-il tant de mains pour vous frapper, s’il ne vous les emprunte ?

Les pieds dont il foule vos cités ne sont-ils pas aussi les vôtres ? A-t-il pouvoir sur vous, qui ne soit de vous-mêmes ? Comment oserait-il vous assaillir, s’il n’était d’intelligence avec vous ?

Quel mal pourrait-il vous faire, si vous n’étiez les receleurs du larron qui vous pille, les complices du meurtrier qui vous tue et les traîtres de vous-mêmes ? Vous semez vos champs pour qu’il les dévaste, vous meublez et remplissez vos maisons pour fournir ses pilleries, vous élevez vos filles afin qu’il puisse assouvir sa luxure, vous nourrissez vos enfants pour qu’il en fasse des soldats
dans le meilleur des cas, pour qu’il les mène à la guerre, à la boucherie, qu’il les rende ministres de ses convoitises et exécuteurs de ses vengeances. Vous vous usez à la peine afin qu’il puisse se mignarder dans ses délices et se vautrer dans ses sales plaisirs. Vous vous affaiblissez afin qu’il soit plus fort, et qu’il vous tienne plus rudement la bride plus courte.

Et de tant d’indignités que les bêtes elles-mêmes ne supporteraient pas si elles les sentaient, vous pourriez vous délivrer si vous essayiez, même pas de vous délivrer, seulement de le vouloir.

Soyez résolus à ne plus servir, et vous voilà libres.
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Texte complet :
http://www.forget-me.net/LaBoetie/servitude.pdf