La vérité du drame est dans ce pur espace qui règne entre la stance heureuse et l'abîme qu'elle côtoie : cet inapaisement total, ou cette ambiguïté suprême. Saint-john Perse
ESSAI D’AUTO-ANALYSE POUR LA PAIX DU POÈMEPAR ALAIN MINOD
ESSAI D’AUTO-ANALYSE POUR LA PAIX DU POÈME PAR ALAIN MINOD
Reste toute ta guerre au réquisit de toi Elle éteint ta lumière et détruit tout ton toit Nerfs en escarmouche où se tue la sagesse Se mordent en ta bouche hurlements de tendresse
Or tu meurs mille fois épuisant ta pensée Quand toujours tu aboies au grand rire qui passe Et là se défenestre un désir où fait trace La beauté de l’être perdu : plongée glacée
Puis te bats contre toi te traites en vrai chien Sans collier et sans loi qu’il faudrait que tu dresses Bassesse où poète tu perds repère en bien Passent en ton être tous tes sens qui t’oppressent
C’est la mère éperdue qui fait entendre voix Pour fils qui s’est rendu à son enfer sans chaînes Et en rage espère trouver d’elle une voie En un collier de fer : désir masqué qu’il traîne
Mais comme ta guerre contre ton propre toi Et contre l’autre : enfer qui en tes liens aboie Centre en son essence ta maison « vraie prison » Aux collets de tes sens tu en perds ta raison
Si « libérer l’amour » est retrouver l’essence Du gamin de toujours dans l’éveil de ses sens Demeure peur de guerre en ta maison d’enfance Pays où mère en nerfs exaspère souffrance
Pays où enfants ségrégués jouent vengeance Te lient à l’arbre et gais te jettent des pierres Pays où paysans sabrent seigneurs si fiers Pays où ton père table sur loi en déhiscence
Enfant sans souvenirs d’école et sans amis Sauf dans le devenir de frères dans les fêtes L’on chantait « Stille Nacht » pour bercer les têtes Mère mise en quatre nous prenait pleurs en semis
Plus tard : père pour loi te donnait bien le fouet A chaque fois où ta voix se sentait flouée De n’entendre réponse de notre mère en cris Pour savoir si sa santé lui avait tout pris
Injustice flagrante as connue en collège Où présence prégnante : un fier dominicain Te donnait fessées et caresses qui l’allègent D’un désir bien caché et tout à fait mesquin
Et là tenu pour fou tout enfant qu’il était Père et autorités du collège en question : Tu avais regard flou pour ce si fier cité On te faisait siège pour mauvaise intention
Des psychiatres et tests formulaient bien la chose L’enfant était bien bête et frisait la folie Mais tous les comptes faits c’était inventer cause A la visite de fait : myope étais et sali
Plus tard dans ton âge mère tu interroges Espérant avis sage – elle point ne déroge Tu ne fus pas en rage et mal t’en en a bien pris Fou ? Cause : lunettes – c’est ce que t’as appris La famille l’atteste : point de gènes de myopes Âge où l’enfant se teste en voyant ne radote
Tous travaux harassants furent ta découverte Vu larmes avec sang « Les Illuminations » En ta treizième année dite sans attention Mais est-ce suranné de se penser poète
Pendant ce temps d’enfance avoir écrit poèmes Fut ton grand train d’errance : éveil jeté au vent Des déménagements – si cela te fit peine C’est qu’en bel amant tu t’étais fait savant
Et en soixante neuf : le surréalisme Avec jeunes tout neufs et simples travailleurs Rencontrés en usine où tu appris rythme heurts Avec matière qui lime les corps dans la machine
Et la philosophie vint avec l’engagement Tu le sus : celui qui vainc est celui qui ment Tant que le neuf ne naît en surface des choses Mais ce qui est inné ne remplace pas la cause
Depuis quatre-vingt-neuf toute la poésie Et les jours passants neufs : amour de l’oiseau bleu Philosophie somnole ? Éveil d’aile en saisie : Elle teste idées folles du moindre des bigleux
Ton père en hôpital bien avant de mourir N’a pas été banal et sans plus discourir A envoyé une dame au devant de son fils « Vous avez grande âme » puis lui vient sur la piste
Il conforte poète et plus tard gai ajoute Pianiste en sa fête : n’oublie musique en route Depuis : tant de combats : paix liberté justice Fruits de tous les ébats dans l’oppression en lice
Vraie Solitude tranche en Misère où l’on flanche Aux souvenirs qui scient – mais toute poésie Contre le mal se penche contre ses avalanches Qui provoquent folies – tient partage saisi.
Moi je serai putain et moi marchand d’oiseaux Moi je vendrai des chapelets d’oraisons doubles Et moi du chinchilla et moi des haricots Moi je ferai de la politique en eau trouble
Moi je serai bico à Asnières comm’ ça Et moi je serai flic comme le fut mon père Donne-lui donc à boire à c’ bico-là, Pourquoi? Moi je serai le président des pissotières
Moi je serai hôtess’ de l’air moi monte-en-1’air Moi je serai du chiffre aux Affair’s indigènes Moi je mettrai des points sur les « i » moi derrièr’ Les jeunesse(s) en pépées j’irai filer la laine
Moi j’irai à New York apprendre à être con Et reviendrai pour fair’ des cours aux camarades Moi je serai laveur chez Renault et toi donc? Moi je regarde ailleurs une étoile malade…
Des stances transparentes traversent les pas perdus
Propre qui sale l’eau douce d’un frottis sorti d’art-re du coquillage
la coquille étape et gîte le chemin de St-Jacques
On voit plus loin du haut des tours
quand la main d’un signe écrit de ses lèvres le noir regard bleu de ses yeux
sous la voile être
Saxifrace au bec l’oiseau rocaille le rempart..
Niala-Loisobleu – 13 Juin 2021
Jacques Bertin – Un voyage
Un voyage »
J’ai retrouvé dans la coque la vieille fêlure L’humidité qui suinte comme l’éternel poison Et j’ai pleuré, assis la tête contre la cloison De l’autre côté le moteur battait son chant profond Celui qui vient de l’enfance Et dont les basses fréquences Toujours ont raison
Où tu vas poser ton sac Fais un lit avec tes larmes Il flottait dans cet endroit une odeur de goudron et d’urine Gravé dans le travers de la blessure on distinguait un nom Une illusion ou un message ou une marque de fabrique Le monde passait contre les hublots lentement comme un monde Les façades prétentieuses croulaient dans les angles morts On voyait des visages de femmes glacées et pensives Marquant la brume comme d’immatures soleils d’hiver Je ne sais pourquoi je me bats le bateau me conduit dans l’aube Ah vers la haute mer, bien sûr, comme chaque matin Je me retrouve faisant mon méchant trafic dans un port incertain Il faut payer cash, en devises fortes et avec le sourire Je ne sais pourquoi je me bats. J’ai pleuré dans la chaleur torride Le monde est beau! Les femmes se donnent avec des airs de s’oublier! Nos victoires sont devant nous qui nous tendent la main!
Où tu vas poser ton sac Fais un lit avec tes larmes
FEDERICO GARCIA LORCA: EL PASO DE LA SIGUIRIYA – (Jacob Gurevitsch à la guitare)
El paso de la siguiriya
Entre mariposas negras, va una muchacha morena junto a una blanca serpiente de niebla. Tierra de luz, cielo de tierra. Va encadenada al temblor
de un ritmo que nunca llega; tiene el corazón de plata y un puñal en la diestra ¿Adónde vas siguiriya, con un ritmo sin cabeza? ¿Qué luna recogerá Tu dolor de cal y adelfa? Tierra de luz cielo de tierra.
Le pas de la Séguirilla
Parmi les papillons noirs, va une brunette moresque à côté d’un blanc serpent de brume. Terre de lumière, Ciel de terre Elle va enchaînée au tremblement d’un rythme qui jamais ne s’établit; elle a un coeur en argent et un poignard dans la main Où vas-tu, siguiriya, de ce rythme décervelé? Quelle lune soulagera ta douleur de citron et de bouton de rose? Terre de lumière Ciel de terre.
Par le rayon de soleil hors catégorie qui l’éclaire, ma boîte bat en corps par l’oiseau niché dans sa main. Le temps a coulé. Ma dernière conversation remonte au 7 Décembre 2018. Epoque que les moins ne peuvent pas connaître, tant ce qu’elle portait d’espoir naturel, qui n’avait pas besoin de vaccin pour perdurer. La suite quand on l’avance au Centre fait monter le filet d’air dans l’enfoui, sans qu’un anachronisme tente de boucler la page
Le chat est maître de la bambouseraie
ces longs étirements font ses griffes à la densité végétale qu’un sentiment de fond poursuit dans l’organique taire d’hier et d’aujourd’hui
Le mystique y développe la force d’une composition chimique dans laquelle les effets de l’âme prédominent assez pou laisser les erreurs de l’humeur du quotidien loin derrière.
Le banal s’enfonce dans l’ignorance qu’il choisit d’adopter
s’habillant de tout ce qui dissimule
A confondre le système de fonctionnement de la Nature avec ses petites habitudes, l’Ëtre se plante à côté
L’automne mûrit en se tapissant dans le pourrissement , elle est la parturiente qui refuse le déni
La pointe rose de l’oeil qui crève à la branche n’est pas profane, elle initie le printemps dans son ensemble absolu.
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