AURORALE ASSISE


HENRI MATISSE

AURORALE ASSISE

La nuit trépanée par Matisse

laisse tes formes s’asseoir sur mon cortex

entamant le voyage en chemin de faire

où la cavité de l’aisselle se creuse à bras levé

non foulée s’y tient l’herbe épaisse des coins vierges

L’odeur sauvage qui occupe la périphérie encore dans le noir tient lieu de phare

Au virage du moulin deux monticules étalés à leur aise ronronnent à flanc de côteau

A la manche à air de ta respiration je me laisse bercer

le fleuve au noeud de l’île tourne en boucle son bruit d’eau

Sous le pli du bief de ton ventre

le mascaret à la bouche de l’estuaire a rejoint les méandres des spasmes qui sortent du sommeil

Ma pensée suit tes pores en cabotage au pas de tes embruns

Au bout de l’accoudoir

les fenêtres du couloir reposent mes yeux sur tes vertes campagnes.

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Niala-Loisobleu.

31 Janvier 2023

EST-CE ELLE ?


EST-CE ELLE ?

Savoir si l’ocre est creux ou bon à cuire des briques

avant d’accrocher le bouquet à la charpente

tient de son tenon et de sa mortaise

Des tapis qui volent je tisse l’haleine

si les seins sont de taille à faire un voyage des demains

l’herbe des cavités, elle, saura dire la bonne aventure en vraie couleur un peu plus loin.

Niala-Loisobleu.
29 Novembre 2022

ECHOS DU CHEVAL 2


NIALA (Etape au 31/08/22)

ECHOS DU CHEVAL 2

Août sera bouclé à minuit. Toujours pas un brin d’herbe dans les pâturages. Le cheval que Pégase n’inspire pas voudrait pourtant sauter du feu. Il en a marre d’être réduit au travail durant les premières heures et contraint de quitter l’atelier avant que midi sonne. Le râtelier enroué de paille sèche cherche la couleur des fleurs sauvages et le bruit ouvrier des abeilles. L’écluse en raclant le fond fait plus office de ramasse-miettes d’un imaginaire jeu d’eau qu’une élévation aux passages supérieurs comme dirait la mer en se faisant mignoter par les novices. Sortir des pierres le frisson de l’agapanthe pour remonter à l’anémone par le petit-pont de Giverny reverdirait mon oeil brûlant dans l’acide impitoyable. Ces fruits de Matisse que la lumière pulpait ont un goût que je cherche sous la jupe de cette canicule plus fade qu’une adoratrice de la froideur intégrale. Pauvre égarée du système le plus élémentaire de l’Art de Vivre.

En fouillant la boîte-à-l’être me sont venus des messages de la course de relais, flambeaux relayant en survie l’idée tombale de camp des dernières vacances. Ah oui savoir que t’existes dans le nombre et non dans le rationnement, déploie quand même autre chose qu’une rentrée des classes bidon, où l’enfant va s’enfoncer plus loin encore dans l’ignorance. Le triste pitre qui nous préside n’a vraiment rien du trèfle même à trois feuilles qui nous manque. Plus sec qu’une absence végétale de base mais s’évaluant à l’Amazonie étalon, sa porte se rabat sur toutes les veinules du vers comme une plante en plastique.

Tu m’as dit ton chemin, j’en ai reconnu les odeurs laissées par les bêtes sauvages de notre famille, comme le bief du moulin des marées. Mon cheval y court se tremper les roubignolles pour ne pas finir dans un bocal sur la planche d’un éco-musée de l’homme, en attente de mère-porteuse.

Niala-Loisobleu – 31 Août 2022

BRIBE DE LIN


HENRI MATISSE

BRIBE DE LIN

Sous l’écrasé des tubes l’huile fait sa salade, un fond de pigment garde le goût du piquant

Le mur attend sans dire un mot. Seule l’embrasse du rideau de la fenêtre pourrait livrer bien des secrets si on la laissait causer

En attendant que la température retrouve de quoi me motiver, je lâche mon attente de présence. J’irai dans un tiroir de la commode sortir une chemise propre. Si l’oreille musicale en choisit une à fleurs ça compensera le départ de l’anémone de l’autre côté du paravent

Matisse reste une fenêtre toujours ouverte. L’éternel contact avec le témoignage du vivant. Cette femme allongée dans le dessin oriental d’un tapis, ouvre tout son corps dans un transport d’épices. Ces fruits qui mangent l’assiette tirent le verger d’une lumière qui nourrit

Entre un sein qui se redresse à la bretelle, je préfère celui qui glisse à le retenir de la langue ou des mains

Mais en corps faut-il que nous ne laissions pas brûler tous les peints…

Niala-Loisobleu – 30 Août 2022

LES PERLES


HENRI MATISSE

LES PERLES

Sur le cou de 11 h 30 des morceaux de vers montrent qu’entre la peinture émoi rien ne saurait s’abstenir

Paysage en forme de vision enfantine, une campagne prête à la mer un rapport agricole associé à la pêche au gros chère à Hemingway

Cuba libre et menthe pour mojito, ouvrent la route du rhum en vieille américaine pleine d’enfants rieurs

chantant déjà le soul…

Niala-Loisobleu – 29 Juin 2022

DES CALOGES D’ETRETAT


DES CALOGES D’ETRETAT

Le passé m’aide sans me tenir à l’écart du présent, tel qu’il est, que je n’ai pas pour autant l’obligation d’entretenir

T’entendre me dire ce à quoi projette ton esprit, va mieux avec la cravate que je n’ai pas encore mise, qu’avec le haillon qui colle aux basques à pas pouvoir décoller

Je ne sais pas peindre autrement qu’en adaptant le mur qui cache à la dentelure du feuillage d’une essence porteuse

Pour aider à croire faut pas s’en tenir à ce qui est fini

Ainsi aujourd’hui encore j’en appelle à Matisse et ses Caloges

C’était du temps où Etretat avait des pêcheurs qui montaient leurs vieilles embarcations sur la plage, en les posant sur les galets avant de les couvrir d’un toit de chaume pour en faire des cabanes pour le matériel de pêche

L’odeur des bonnes pêches tenue à l’intérieur ça amorce autrement que quand tu remontes des débris de chair dans ton filet

C’est con au point de devenir féroce le quotidien

Laisse-nous de la mer pour partir sans fuir en restant englué sur place. Tes contraintes en ce qu’elles possèdent au-delà de la bêtise ne tournent pas mes couleurs en bouillon de moules.

Niala-Loisobleu – 7 Mars 2022

Signe solaire


Signe Solaire

J’étais devenu rivière à vivre, bordé d’un lé allant à ton écluse tant au canal de notre sentiment la ligne de canards démontrant la connaissance du courant, se tient à jour aux passages des étiages mouvants

A ton corps la grâce de tes seins qui tombent, fait jeunesse au temps qui passe

La folie qui nous caractérise est de selle qui se monte à cru.

Niala-Loisobleu – 5 Mars 2022

VOLANT EN TAPIS


VOLANT EN TAPIS

Opiniâtre envol pourtant réfléchi

A la place des maisons qu’ils pourchassent

en l’absence de fenêtres pour voir la paisibilité de la porte que l’on choisirait pour dégoter ce coin d’herbe où nous découvrir à la mode-marguerite

au-delà de l’apparence

l’arbre abattu à la hache missile brandit une balançoire sur son moignon

avec la rage de vaincre l’injuste force en présence

Tout comme j’accède au relief de ta poitrine en plein dans une platitude qui voudrait araser la liberté d’être en extrayant la toute petite enfance de sa croissance

Pareil que dans la retenue de ton langage tu enfiles un collant sur le cri qui arriverait aux autres, toi, chaste d’une sensualité toute personnelle, ramassée comme le chien sur le fusil tu t’envoles rejoindre l’inégal à bord du tapis sauvé de l’haleine à tisser.

Niala-Loisobleu – 2 Février 2022

LA PETITE INFANTICIDE PAR JULES LAFORGUE


LA PETITE INFANTICIDE PAR JULES LAFORGUE

Ô saisons d’Ossian, ô vent de province,
Je mourrais encor pour peu que t’y tinsses
Mais ce serait de la démence

Oh ! je suis blasée

Sur toute rosé

Le toit est crevé, l’averse qui passe
En évier public change ma paillasse.
Il est temps que ça cesse

Les gens d’en bas
Et les voisins qui se plaignent
Que leur plafond déteigne

Oh !
Louis m’a promis, car je suis nubile
De me faire voir
Paris la grand ville
Un matin de la saison nouvelle
Oh ! mère qu’il me tarde
D’avoir là ma mansarde…

Des
Edens dit-il, des belles musiques
Où des planches anatomiques passent…
Tout en faisant la noce
Et des sénats de ventriloques

Dansons la farandole
Louis n’a qu’une parole

Et puis comment veut-on que je précise

Dès que j’ouvre l’œil tout me terrorise.

Moi j’ai que l’extase, l’extase

Tiens, qui fait ce vacarme ?…
Ah ! ciel le beau gendarme
Qui entr’ par la lucarne.

Taïaut ! taïaut !
A l’échafaud !

Et puis on lui a guillotiné son cou.

Et ça n’a pas semblé l’affecter beaucoup

(de ce que ça n’ait pas plus affecté sa fille)
Mais son ami
Louis ça lui a fait tant de peine
Qu’il s’a du pont des
Arts jeté à la
Seine

Mais un grand chien terr’ neuve
L’a retiré du fleuve

Or justement passait par là
La marquise de
Tralala,
Qui lui a offert sa main
D’un air républicain.

Jules Laforgue

BALLADE ANEMONE


BALLADE ANEMONE

Si au loin se rapproche un ciel traversé de désirs funestes, viens et pose ton coude sur la table pour que l’anémone dise à ta tête de s’incliner vers elle, ça lui donnera matière à pencher du bon côté

Il nous reste, sans rien mesurer en dehors de l’instant présent, qu’à choisir librement la position qui enfantera le bien-être

Je sais qu’on ne peut pas savoir où et quand la bombe tombera, je me souviens seulement comme durant la dernière oppression, l’amour a gardé l’envie au-dessus de tout dans ses insurrections

Varsovie est-ce que ça te dit quelque chose ?

Niala-Loisobleu – 25 Février 2022