BALLADE DU SILENCE CRAINTIF – RAFAEL ALBERTI


PAUL KLEE

BALLADE DU SILENCE CRAINTIF

RAFAEL ALBERTI

Ici, quand le vent meurt,

les mots défaillent.

Et le moulin ne parle plus.

Et les arbres ne parlent plus.

Et les chevaux ne parlent plus.

Et les brebis ne parlent plus.

Se tait le fleuve.

Se tait le ciel.

Se tait l’oiseau.

Et se tait le perroquet vert.

Et, là-haut, se tait le soleil.

Se tait la grive.

Se tapit le caïman.

Se tait l’iguane.

Et se tait le serpent.

Et, en bas, se tait l’ombre.

Se tait tout le marais.

Se tait tout le vallon.

Et se tait même la colombe

qui au grand jamais ne se tait.

Et l’homme, toujours silencieux,

de peur, se met à parler.

.RAFAEL ALBERTI

Ballades et chansons du Parana [Baladas y canciones del Paraná, Buenos Aires, Losada, 1954] in Rafael Alberti, D’Espagne et d’ailleurs (poèmes d’une vie), Le Temps des Cerises, 1998, pp. 215-216. Traduits de l’espagnol par Claude Couffon.

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Des chemins clairs qui figurent sur le plan, parfois des noms de rues s’effacent, se glissent alors des impasses aux fonds baptismaux induisant une erreur de naissance…


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Des chemins clairs qui figurent sur le plan, parfois des noms de rues s’effacent, se glissent alors des impasses aux fonds baptismaux induisant une erreur de naissance…

Me levant du ban de mon existence, je me souvins que j’avais abandonné mes clefs dans l’appartement avant d’en claquer la porte. La cage d’escalier ne laisse plus passer le moindre bruit de conversation. Lurette qu’aux paliers, DO NOT DISTURB, ça balance comme à pari à la ficelle de chaque poignée de porte. A qui demander « Où par là ça mène-t-il ? »

Nib de Gaston, pas plus qu’un autre pour répondre au téléfon.

Angoisse.

Entrant dans mon jardin secret, derrière le gros cerisier, je trouve le rossignol faisant passe pour tous mes tiroirs

Soudainement un bruit de roues sort du plafond de la cage, le câble des cordes vocales de l’ascenseur, en se tendant, perdait les zoos.

Je me dis, ouf ça va renaître

-Alors qu’est-ce qui t’arrive ? demande Aurore

Passé le frisson d’impression d’au-delà, je reprends conscience. La petite fille de la femme austère est devant moi, elle me tend son sourire. Puis tourne sur les pointes. »Salto tout l’monde »qu’elle dit en riant comme un petit rat dans ses grands égards… Pas Degas n’apparait de derrière les rideaux. Donc pas de vieux salaces dans l’entr’acte. Les lumières me montrent le plafond.

Un émerveillement !

Il est empli de Chagall. Je tremble, pleure, l’émotion me coule des tripes. Plus de fantôme de l’ô qui paiera comme l’injustice l’exige. Il s’est fait avaler par le trou du souffleur. L’instant d’après icelui-ci me dit « Remballe les films d’épouvante, remonte l’heur à la voile, hisse la trinquette et tire un bord, cap au large. On déhale des cons, on s’écarte des lises, des étocs, des naufrageurs, des-on-m’a-dit-que-vous-êtes-au-courant, on casse la mire de la télé-bobards, des émissions qui montrent les richards dépouilleurs d’îles désertes aux SDF, genre la Tessier & Nikos and co, merde à vos bans comme aurait dit Léo !

Aurore me saute au cou, son parfum de gosse me tourneboule. C’te môme à m’sort la barbe de l’attente de la toison d’or.

Le Petit-Prince, son frère Théo au ciel, la p’tite soeur Line agnelle, les roses, les épines, le serpent et le renard, le désert, la serpette et la belette gonflent les binious genre fez noz que ça gigue du talon dans les Monts d’Areu. Me v’là r’venu à Brocéliande. Merlin assis au centre de la ronde clairière me dit :

« Vas ton odyssée jusqu’au bout de la confiance, elle cédera pas, t’es assez un Pi pour muter croyant en ta foi ».

La mer sort de l’épave et remet taire à flots

Du château de sable un don jonc tresse la corbeille de la mariée.

Le matin referme les portes de la nuit

Je la chevauche à cru

J’tiens d’bout

Niala-Loisobleu – 26 Août 2016

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REFLETS D’ESTRANS 19 / Le Grand A d’Amour mis à flot / Encrage Grand A en Coeur / Entre Deux Eaux


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REFLETS D’ESTRANS 20 / Le Grand A d’Amour mis à flot / Encrage Grand A en Coeur / Entre Deux Eaux

 

Des rangs de vagues, montent des étocs

Déguisés en Grand A

L’amour-farce se remet du rouge et lèvres l’encre

Rose-comédie au rejoue-la moa

Poudre de ris

Vagues scélérates

Putain

Tu montes Chéri ?

C’est que la vie et reins d’autre que le coeur à la renverse

 

A  A  A  A  A  A  A  A  A  A  A  A

Rêve de marin 

« Mon rêve arborant médailles des mers

va sur son vaisseau, ferme et assuré,

tout amour pour une verte sirène,

 

coquille des fonds de l’eau ténébreuse.

Matelot, rends-moi au creux des ondes :

– Sirène jolie, ah ! je t’en supplie !

 

De ta grotte sors, je veux t’adorer,

de ta grotte sors, viens vierge semeuse,

semer sur mon cœur ton étoile vive.

Laisse le cristal de ta main se fondre

dans la nivéenne urne de mon front,

algue de nacre qui chante en vain

 

Sous le verger indigo du courant.

Noces glaciales noces sous-marines

avec pour témoins la lune et l’eau

 et l’ange nautonier de la rosée !

Mer et terre et vent je vais sillonner,

ma sirène, noué à tes cheveux fins,

 lié à tes cheveux algides et verts… »

Rafael Alberti

Que suis-je qui

au milieu de nous, quoi

tas d’inhumains ?

Un ex-voto

qui gouale l’accord des on…

Niala-Loisobleu

18 Janvier 2016

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REFLETS D’ESTRANS 20

2015
NIALA
Acrylique et collage s/toile 80×80

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