Fragments et louanges
Partout l’air nous appelle, de l’horizon
aussi bien que de la poitrine. L’avons-nous vivifié
à notre tour, lui apportant une forme lucide
avec des mots comme parmi les arbres ?
Seraient-ils nus et noirs, isolés en hiver,
pour eux le jardin sans clôture, l’océan proche,
la marée haute, ils font mieux que s’ouvrir,
ils livrent un passage. Ces lèvres minces, durcies,
après tant de refus, que craignons-nous de perdre ?
Plutôt murmurer, plutôt balbutier :
quelques syllabes prononcées lorsque nous avançons,
les mots justes, généreux, se découvrent d’eux-mêmes,
ils n’ont pas à parler de nous, ils ne demandent pas
qui habite le seuil.
Pierre Dhainaut
Un bout de chemin s’il s’arrête, cogne du pied, en appel à la racine. Le bandeau d’une murette peut soudain masquer le devant soi. Les mains s’agitent, le corps tourne et nage dans ce premier bassin noir où pourtant jamais ailleurs eau ne sera plus claire. Etrange, nous sommes issus de ténèbres chauds que nous appelons toujours comme la Lumière Originelle à laquelle nous fier. Le mystère de la Mère est plus vaste que le plus grand des ô séant. La corde est à noeuds. Ancestral ombilic, coupé de génération en génération où toute notre vie avance en cordée sur la paroi lisse qui ne cesse de monter. La verticale est l’épreuve la plus noble de notre temporelle traversée, sorte de souffle intime auquel nous sommes raccordés. Les paysages où nous pensions n’avoir jamais posé le pied surgissent au centre des clairières de notre pèlerinage à la fontaine. La marque des chevaux humidifie toujours le sillon de son haleine, soc enfoncé dans la chair qui s’entrouve. Le premier souffle appelle la graine de la perpétuelle récolte..
Niala-Loisobleu – 4 Avril 2017.

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