Catégorie : Gabriel Fauré
ENTRE TIEN EMOI 54
ENTRE TIEN EMOI 54
Roux d’un poil de sang le renard la gueule pointue rentre des dents. Sous le grillage de basse-cour se presse la poitrine. Le dos de la chaise frémit. La mort supposée sent passer un rai moins moribond que les déceptions successives. La vie sans comprendre éprouve l’espoir sans se poser de question véritable. L’amour n’est-il pas autodidacte ? L’à prendre par soi-même qui n’en doit pas passer par là ?
Voulez-vous parlons d’autre chose
Il y a des esprits moroses
Des esquimaux des ecchymoses
Desnos disait des maux exquis
Il neige sur les mots en ski
Chez qui chez qui
On ne meurt plus que de cirrhose
On ne lit plus que de la prose
On s’en paye une bonne dose
Desnos disait que c’est la vie
La prose et peignait au lavis
Ce bel avis
Le dernier poème où l’on cause
Le dernier laïtou qu’on ose
Où ai-je mis le sac à
Rrose
Desnos ne vous a pas dit tout
Ni pourquoi les jolis toutous
Vont à
Chatou
Il faut prendre à petite dose
Les lapins animaux qu’on pose
Dans les bois de
Fausse-Repose
Si l’on veut les points sur les i
On a perdu la poésie
A
Vélizy
C’est par un matin de nivôse
Sur l’autoroute l’auto rose
D’un oto-rhino l’on suppose
En passant qui laissa tomber
Dans un numéro de
Libé
Le beau bébé
Il règne des vues diverses
En matière de divorce
On n’en tranche point en
Perse
Comme en
Corse
Il y a des gens simplistes
Devant la gare de l’Est
Qui reprochent aux cyclistes
D’être lestes
Un camelot vend de la crème À raser boulevard du
Crime
Tandis qu’à maquiller les brèmes
Un maquereau s’escrime
C’est un sale métier que de devoir sans fin
N’étant coupeur de bourses
Bonneteur charlatan monte-en-1’air aigrefin
Vendre la peau de l’ours
A
Paris les fourreurs écrivent en anglais
Selon d’anciennes mœurs
Le mot furs que la rime enseigne s’il vous plaît
À mieux prononcer
FURS
Cela n’attire plus les clientes blasées
Par ces temps de be-bop
Et ni le lapin russe ou le mouton frisé
Dans leurs tristes échoppes
La martre-zibeline allez c’est plus joli
Sur
Madame en
Packard
Que quand le paradichlorobenzène emplit
Le nez et les placards
On demeure parfois pendant des jours entiers
Tout seul dans sa boutique
Et cette odeur de peaux qu’il faut que vous sentiez
N’est pas très romantique
L’opossum à la fin c’est tout aussi lassant
Que la loutre marine
Oh qui dira l’ennui qui prend le commerçant
Derrière ses vitrines
Quand je pense pourtant aux perceurs de plafonds
Dont la vie est si dure
Au cinéma j’ai vu comment ces gens-là font
Et
Dieu sait si ça dure
À ceux qui pour avoir le respect du milieu
Et de belles bottines
Livrent leur sœur cadette à de vilains messieurs
Pour des prix de famine
À ces voleurs d’enfants que de stupides gens
Familles inhumaines
Faute de déposer dans un arbre l’argent
A l’assassinat mènent
À ceux pour hériter qui se trouvent réduits
A saigner dans des cuves
Des femmes qu’en morceaux fort longuement on cuit
Sur un fourneau
Becuwe
Je me dis caressant mes descentes de lit
Mes manchons mes écharpes
Qu’il ne faut pas céder à la mélancolie
Et se joindre aux escarpes
Qu’un magasin vaut mieux que de faire en prison
Des chaussons de lisière
Et mieux cent fois brosser les manteaux de vison
Que buter les rentières
Mieux lustrer le renard que d’aller proposer
L’héroïne à tant l’once
Mieux chez soi demeurer où sont entreposés
Le castor et le skunks
Et puis qu’on ait ou non vendu son chinchilla
Son hermine ou son phoque
Il vous reste du moins cet amer plaisir-là
Vitupérer l’époque
Vous direz ce que vous voudrez
Mais le progrès c’est le progrès
Tout change et se métamorphose
Avec le temps il est des choses
Qu’on croyait de bon placement
Et qui n’ont duré qu’un moment
Par exemple l’eau de mélisse
Dont nous avons fait nos délices
Croyez-vous toujours qu’il y a
Des
Dames au
Camélia À présent mourir poitrinaire
Est tout ce qu’on fait d’ordinaire
Vous direz ce que vous voudrez
Pour un progrès c’est un progrès
Qu’un banquier voulût se choisir
Pour successeur tout à loisir
Un jeune homme propre et rangé
Il lui suffisait de bouger
Un peu ses rideaux sur la tringle
Et de le voir pour une épingle
Traversant la cour se baisser
Le professeur
Freud est passé
Refermez donc vos brise-bise
Rien de fait sans psychanalyse
Vous direz ce que vous voudrez
Pour un progrès c’est un progrès
Ceux qui faisaient tirer naguère
Leur ressemblance par
Daguerre
Et qui pour leur salon s’offraient
Un petit
Dagnan-Bouveret
Ah les cochons comme ils ornèrent
Leurs vaches de cosy-corners
Mais aujourd’hui c’est à
Dali
Qu’ils demandent leurs ciels-de-lit
Ils remplacent leurs lampadaires
Par des mobiles de
Calder
Vous direz ce que vous voudrez
Pour un progrès c’est un progrès
Quand je pense que l’on s’obstine
A user de la guillotine
Moyen qui peut être excellent
Mais un peu lent mais un peu lent
Mandrin de nos jours et
Cartouche
Font enfantin pour ce qui touche
Aux modernes philosophies
La bagnole et le rififi
Il faut bien donner au trafic
Son visage scientifique
Vous direz ce que vous voudrez
Pour un progrès c’est un progrès
Il a fui le temps des apaches
Plus de surins et plus d’eustaches
Plus d’entôleuse au coin des rues
La cuisinière de
Landru
Relève de la préhistoire
Depuis qu’on a les crématoires
Qui déjà soit dit entre nous
Font un peu conte de nounou
Quand on pense à ce qu’on peut faire
En passant par la stratosphère
Vous direz ce que vous voudrez
Pour un progrès c’est un progrès
On n’a pas épargné les phrases
Quand
Guillaume employa les gaz À plus rien tout ça ne rima
Au lendemain d’Hiroshima
Sans doute l’homme vient du singe
C’est un singe qui a du linge
Des lettres des traditions
Nous sommes en progression
De l’homme sur le quadrumane
Du pithécanthrope à
Truman
Vous dire ce que vous voudré
Il y a prograis et prograis
Louis Aragon
Dans l’intervalle où la lagune pose l’espace pour combler le manque, une barque glisse, juste des cris d’oiseaux pour la tracter. Impression en tâches de couleurs pointillées. Le poussin a grandi. Le renard transporte sa faim. Sur la voie initiale demeurée pure l’oeuf va éclore prématurément. Il faut un certain temps pour sortir la Merveille de son plan. La buée des étoiles l’arrose à constituer sa nappe.
Niala-Loisobleu – 05/04/19
APRES UN RÊVE
APRES UN RÊVE
La lune glissait simple et majestueuse
laissant ses longs cheveux de soleil
onduler blond ocré de bleu-nuit
sur le drap d’étoiles pendant par les fenêtres ouvertes entre les arbres
Avant que nous ne passions le seuil de ce soir retenu par le parfum des jasmins
nous avions longuement bus les secondes d’un jour à s’aimer
insouciants
défaits de tous les vêtements d’un quotidien au must éculé
Au point que je remarquai
le détail qui laissait tes hanches se régler au balancement de notre marche
girations de croupe
roulis des seins
comme si tu t’étais à mon image faite dame cheval
se laissant conquérir par l’état sauvage
Je te dis souvent en te chevauchant tenue par ta longue crinière
piquons des deux et allons sauter la rivière
On venait de passer le gros rocher de la pointe
écoutant le vent nous rabattre les voix de marins en escale
quand de la mousse tapissant le sol s’allumèrent les premières lucioles
Je t’en pêchai quelques unes que je piquai au touffu de ton ventre
cela le fit rire à faire claquer mes mains en applaudissements de plausir
Nous restâmes allongés dans l’espace borné par les pierres de la clairière
chambre à coucher verte d’une nuitée amoureuse
C’est là que je t’ai dit :
Emporte en toi le violoncelle de ton âme
l’archet qui s’y frotte agite la nature d’une respiration régulière
la paix qui envahit loin
a vaincu le mauvais temps
cette musique est le silence du bruit de nos étreintes
qui veulent aller au-delà de la nuit
Niala-Loisobleu
4 Avril 2017
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