BOUCHE A FEU


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BOUCHE A FEU

C’est dans le trou le manque

l’évidement évidemment

l’évidement intérieur qui creuse

jusqu’au boulet tassé contre la poudre,

c’est dans le vide cerclé de bronze

là où devrait naître un grand poème

un grand tonnerre parodique

une grande fureur tragique

bien à l’étiage de ce temps-ci

où des orgues de neuve barbarie

imposent d’ignobles requiems,

c’est dans le doute ne pas s’abstenir

et dans la bouffonnerie oser

porter la voix en altitude

la voix au-dessus de soi

comme un tourment qui danse,

c’est dans l’absence marquer le cri

au fer rouge la souffrance

avec ses yeux plus grands que le ventre

et qui sait qu’il n’est que de tourner le dos

pour boire un peu de sang,

c’est à bout de silence la blessure

presqu’une honte à dire ce qui est

dans les mots et le monde dans le moule des morts la morale des marchands,

l’âme se trouve à la bouche des canons

au passage du feu du souffle du plomb

au centre noir d’une atroce lumière

pareille à un désir muré

à une plainte sous l’aubier

à une source dévoyée

pareille à l’ombre d’un soleil en songe

que nul ne verra plus,

qui parle en ton nom se trahit

qui semble t’ignorer se renie doublement

rien n’est aussi cruel que ta parure ton leurre

cet appelant à faire hurler ou rire

brûler aimer mordre ou maudire

cet appelant sans miroir ni crécelle

cet appelant sans appel

mais qui jette sous le ciel

une brèche violente,

tu n’es qu’un principe de néant

un évident vertige à la conquête

du dedans des résonances sous la peau

de ce qui vibre et ment

de ce qui vit en aimant

de ce qui se lève dans le corps de la nuit

tu es ce qui ne peut être

tu es ce que l’on dément

tu es tout ce que l’on nie,

île d’insomnie sur le vieil océan marque de sable contre les dents

il est de l’autre côté de la page

un murmure à bout de sens

un arc-en-ciel en terre en friche

une errance de couleurs et de sons

une incantation d’espace un diapason,

l’éclair là qui dure et signe

la chute de reins de l’horizon

la courbe nue du violoncelle

une passion où se déchaîne

si fragile le regard nécessaire

la part sensible de l’invisible,

on peut chemin sans croix

gravir par défi et plaisir

les pentes du mont
Sabir

tout en armant son pas

à mille lieues de
Ta’izz

ne plus parler langue raisonnable

ne plus mâcher écorce de syllabes

et cracher tout son qat

et taire toute voix

entendre par-devers soi la houle

d’outre-Levant le secret

d’avancer sans croire à l’outre-cime

et marcher à l’oreille comme d’autres à l’énergie,

lutte résonne comme l’accord

des deux mains du potier

du pêcheur qui brise une tortue marine

ou de cette manière de lutin

que les ongles caressent et qui n’est

que de corde et de bois,

lutin des déserts

des cours des quatre coins du monde

lutin exilé nomade ou troubadour

pandura sitar dombra guitare de lune

pi’pa biwa guembri vihuela damano

métamorphose du même dans toutes ses solitudes

c’est deux planches entre les bras

qui mettent on ne sait quoi en feu

on ne sait quoi en fuite

et de l’aube sur les fleurs du temps,

c’est sous le pied droit du chevalet

moins que rien entre table et fond

une écharde de fibre grossière un écart

où s’éveille un état d’effraction

une âme qui n’a pas

de place réservée d’ancrage ni d’attache

et qu’un outil d’acier très fin deux fois courbé

guide à l’aveuglette n’écoutant que le son

l’écho plus que parfait d’un nom

de falaise hantée,

luth violon alto contrebasse

peu de sapin d’érable d’ébène

peu de boyau peu de crin

et tant de sortilèges

d’alcools espérés de visages de tempêtes

de fortunes perdues d’ascèses retrouvées

d’éclats de chair de nerf de songe

de partage insensé et d’accueil prodigue

quelque chose qui tient d’une folle majesté

quelque chose qui vient plus magicien que nous

ouvrir avec un double un accès au sublime,

en ré mineur le quatuor

dit plus qu’il n’est possible

comme si se pouvait vivre une vie négative

un amour trop fort qui couvrirait la mort

d’alertes et d’alarmes et de baisers sans âge,

la jeune fille est passée qui passe

dans l’absolu des choses —

pas de salut quand elle vient

ni d’adieu quand elle part

car elle ne vient jamais quand elle vient

car elle ne part jamais quand elle part –

la jeune fille est passée qui passe

dans l’absolu des corps

l’absolu périssable l’harmonie et encore

à renaître à renaître

 

André Velter

RIS D’EAU


Découpés à la Scie en une géométrie variable des chants s’élèvent de mon arbre à soie, dit là poète

À la vérité si je menthe, répond l’oiseau, c’est pour t’avaler

On est sans nouvelles du chien. Comment s’est faite sa rentrée ?

Niala-Loisobleu – 31/08/19

IMPRESSION AU DEBUT D’APRES-MIDI D’UNE PEINTURE QUI POURSUIT PLUS LOIN…


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IMPRESSION AU DEBUT D’APRES-MIDI D’UNE PEINTURE QUI POURSUIT PLUS LOIN…

Compromis entre une température insupportable et une découverte qui tient frais , il y a matière a en imposer aux doigts. MA MAIN GAUCHE SEMBLE SE PASSER DU BRAS, je la sens branchée au coeur. L’organe fait ménage, un autre cérébral rejoint mon âme. Le chemin se coquille, St-Jacques et compotier, avancent de concert en mécréants. Ô Roman de retour sur tes colonnes je vois à toucher ce qui sonne à la volée. Anatomique sensation, c’est nouveau de peindre à découper pour trouver ce que la vie peut vouloir ire. Le langage du paysage explique la force nécessaire et l’architecture de la nature au genre humain. Ce qu’un enfant saisit échappe à l’adulte par immaturité. Les maisons sont la première caverne poursuivie. Une vraie histoire d’eau à l’intérieur d’une seule caverne.

Le peu causeux demande la parole.

-Te retrouve Atelier, Ma…

Niala-Loisobleu – 31 Août 2019

L’EPOQUE 2019/43 – « LES VILLAGES BLANCS II »


L’EPOQUE 2019/43 – « LES VILLAGES BLANCS II »

 

 

Voici « LES VILLAGES BLANCS II » le quarante-troisième de cette nouvelle Epoque 2019 avec BARBARA AUZOU.

C’est un travail à quatre mains , merci d’en tenir compte dans vos commentaires et vos like. 

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L’EPOQUE 2019/43

« Les Villages Blancs 2 »
Niala
Acrylique s/toile 55×46

 

 

À te détenir

Sans partage toi que le soleil

Frappe la première j’ai

Laissé mes chaussures à la lune

Pour ouvrir palpables des villages blancs à leur destinée

Aux choses sobres et aux fiers sorbiers

Et j’ai vu incrédule les tendres configurations que prenait

La trajectoire de l’aube dans la treille.

 

Superposable la pierre de ton long regard fut-elle antérieure en vérité

À ces lents paysages patients d’oliviers que je caressais de mes mains?

Habillée à la hâte de fleurs d’oranger et d’une robe toute neuve

Que je t’enlève en pensée tu avances sous les acacias.

Beaux et lavés de frais les enfants se balancent à ton bras.

 

Je vous rejoins avec trois poignées d’amandes fraîches

Et des rêves qui ne cherchent plus de preuves.

 

 

Barbara Auzou.

IMPRESSION AU SOIR D’UNE PEINTURE


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IMPRESSION AU SOIR D’UNE PEINTURE

 

Le soir s’approche, j’ai peint, corps traversé d’une étendue intarissable, par les sentes bordées de senteurs à faire venir ces érections en rapport avec la nature sensitive de la narration picturale, au sein qième virage en dérapage le fruit chute. La mer tire à elle son jardin flottant à l’abordage. Varech au tombereau d’un ramasseur de goémon, le cheval dans la vague à de l’écume au point d’ars. Ton sang en profite pour battre aux brancards, le cuir du harnais est plus tanné que le sillon laissé par ses marques quand l’effort monte à la lune pour prendre ses quartiers. La projection orbe les embruns , au retrait la vase cloque en bulles ses verdeurs océanes qu’un calcaire guette pour fonder sa coquille. L’arc-en-ciel en menottant les nuages de sa courbe commence une fouille à corps en écartant les rives de l’estuaire. Un peu de pluie irait mieux à l’accord virtuel d’un temps qui ne sait plus ses dates de grande bataille depuis que l’histoire à commencer à tricher avec la mémoire. Trop de monde peuple les maisons closes à chercher asile en maternités J’aime le creux taillé dans l’intime en prenant le village en terrier, genre garrigue où la flûte du paon ne fait plus venir les serpents dans la cache des pierres. J’arrive à la diffusion du rayonnement, celui qui fait denser le personnage entre sagesse et déraison, l’enfant-libre devant le leitmotiv de la reconquête humaine.

Niala-Loisobleu – 30 Août 2019

BUISSONNIER


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BUISSONNIER

L’envers des panneaux routiers conduisant par obligation, en halant on fait l’itinéraire souhaité pour ne pas rentrer à l’école. Aujourd’hui c’est le corps professoral. Répétition générale, le texte est usé, et vous le bronzage c’est comment, intégral ou avec des marques blanches, demande le nouveau pion qui a des débordements de libido. Quand aux profs de philo, ils se demandent où ils pouvoir trouveront un bac. Apprendre à lire avec la méthode actuelle, c’est pas facile à écrire. Lundi prochain ce sera le tour des mômes, à part ceux de la maternelle qui pleureront comme après Jules Ferry, rien de nouveau du côté genre, ce sera mixte.

Il y a du gazon sauvage dans le manquement à cette obligation

Peut-être le moyen de retrouver une nature sans sécheresse

Si on supprimait l’école obligatoire  pour la rendre libre de toute religion politique ?

Et retrouver le lance-pierre du gué pour faire des ricochets, on saurait peut-être mieux vivre au pays de ses rêves …

Niala-Loisobleu – 30 Août 2019

LE PAYS DE MES RÊVES

Sur les marches qui conduisent aux perspectives du vide, je me tiens debout, les mains appuyées sur une lame d’acier. Mon corps est traversé par un faisceau de lignes invisibles qui
relient chacun des points d’intersection des arêtes de l’édifice avec le centre du soleil. Je me promène sans blessures parmi tous ces fils qui me transpercent et chaque lieu de
l’espace m’insuffle une âme nouvelle. Car mon esprit n’accompagne pas mon corps dans ses révolutions; machine puisant l’énergie motrice dans le fil tendu le long de son parcours,
ma chair s’anime au contact des lignes de perspective qui, au passage, abreuvent ses plus secrètes cellules de l’air du monument, âme fixe de la structure, reflet de la courbure des
voûtes, de l’ordonnance des vasques et des murs qui se coupent à angle droit.

Si je trace autour de moi un cercle avec la pointe de mon épée, les fils qui me nourrissent seront tranchés et je ne pourrai sortir du cachot circulaire, m’étant à
jamais séparé de ma pâture spatiale et confiné dans une petite colonne d’esprit immuable, plus étroite que les citernes du palais.

La pierre et l’acier sont les deux pôles de ma captivité, les vases communicants de l’esclavage; je ne peux fuir l’un qu’en m’enfermant dans l’autre, — jusqu’au jour où ma
lame abattra les murailles, à grands coups d’étincelles.

II

Le repli d’angle dissipé, d’un coup de ciseaux la décision fut en balance. Je me trouvai sur une terre labourée, avec le soleil à ma droite, et à ma gauche le disque
sombre d’un vol de vautours qui filaient parallèlement aux sillons, le bec rivé à la direction des crevasses par le magnétisme du sol.

Des étoiles se révulsaient dans chaque cellule de l’atmosphère. Les serres des oiseaux coupaient l’air comme une vitre et laissaient derrière elles des sillages
incandescents. Mes paumes devenaient douloureuses, percées par ces lances de feu, et parfois l’un des vautours glissait le long d’un rayon, lumière serrée entre ses griffes. Sa
descente rectiligne le conduisait à ma main droite qu’il déchirait du bec, avant de remonter rejoindre la troupe qui s’approchait vertigineusement de l’horizon.

Je m’aperçus bientôt que j’étais immobile, la terre tournant sous mes pieds et les oiseaux donnant de grands coups d’ailes afin de se maintenir à ma hauteur.
J’enfonçais les horizons comme des miroirs successifs, chacun de mes pieds posé dans un sillon qui me servait de rail et le regard fixé au sillage des vautours.

Mais finalement ceux-ci me dépassèrent. Gonflant toutes les cavités de leur être afin de s’alléger, ils se confondirent avec le soleil. La terre s’arrêta
brusquement, et je tombai dans un puits profond rempli d’ossements, un ancien four à chaux hérissé de stalagmites : dissolution rapide et pétrification des rois.

III

Très bas au-dessous de moi, s’étend une plaine entièrement couverte par un immense troupeau de moutons noirs qui se bousculent entre eux. Des chiens escaladent l’horizon et
pressent les flancs du troupeau, lui faisant prendre la forme d’un rectangle de moins en moins oblong. Je suis maintenant au-dessus d’une forêt de bouleaux dont les cimes pommelées
s’entrechoquent, se flétrissent rapidement, tandis que les troncs, se dépouillant eux-mêmes de leur peau blanche, construisent une grande boîte carrée, seul accident
qui demeure dans la plaine dénudée.

Au centre de la boite, comme une médaille dans un écrin, repose la plus mince tranche du dernier tronc et j’aperçois distinctement le cœur, l’écorce et l’aubier.

Ce disque de bois, où les faisceaux médullaires apparaissent en filigrane, n’est qu’un hublot de verre, l’orifice d’un cône qui découpe dans l’épaisse paroi qui
m’enveloppe l’unique fenêtre de ma durée.

IV

Dans l’hémisphère de la nuit, je ne vois que les jambes blanches et solides de l’idole, mais je sais que plus haut, dans la glace éternelle, son buste est un trou noir comme le
néant de la substance nue et sans attributs.

Parmi la foule amassée autour du piédestal, quelqu’un répète inlassablement : « La reliure du sépulcre solaire blanchit les tombes… La reliure du
sépulcre… etc.. »

Entre le sommeil des voix et le règne des statues, une rose enrichit le sang où se baigne le bleu corporel assimilable par fragments. La saveur des couronnes qui descendent au niveau
des bouches closes suggère un calcul plus rapide que celui des gestes instantanés. Les laminaires ont tracé des cercles pour blesser nos fronts. Je pense au guerrier romain qui
veille sur mes rêves; il élève son bouclier à hauteur de mes yeux et me fait lire deux mots :

atoll et sépulcrons.

Si le pari de Pascal peut se figurer par la croix obtenue en développant un dé à jouer, que pourra m’apprendre la décomposition du bouclier?

Depuis longtemps déjà, j’ai arraché fibre à fibre la face du guerrier : j’ai d’abord obtenu le profil d’une médaille, puis une surface herbeuse et un marécage
presque sans limites d’où émergent des fûts brisés. Aujourd’hui, je suis parvenu à mettre un nom sur chaque parcelle de chair. Le blanc des yeux s’appelle courage, le
rose des joues s’écrit adieu et les volutes du casque épousent si exactement la forme des fumées que je ne puis les nommer que somnifères.

Mais le ventre du bouclier représente une gorgone hideuse, dont les cheveux sont des chiffres 3 et 5 entrelacés. Le 8 de la somme se renverse, et j’arrive à l’Infini, serpent du
sexe qui se mord soi-même. C’est alors que la chiourme des lignes se couche sous le fouet de la matière. Il ne me reste qu’à accomplir le meurtre devant une architecture sans
fin. Je briserai les statues et tracerai des croix sur le sol avec mon couteau. Les soupiraux s’élargiront et des astres sortiront silencieusement des caves, — fruits des
sphères et des statues, grappes de globes lumineux montant comme les bulles transparentes d’un fumeur de savon, à travers les pigments de la mort et le bulbe rouge de la lampe de
charbon.

VI

Au cours de ma vie blanche et noire, la marée du sommeil obéit au mouvement des planètes, comme le cycle des menstrues et les migrations périodiques d’oiseaux. Derrière
les cadres, une rame délicieuse va s’élever encore : au monde aéré du jour se substitue la nuit liquide, les plumes se changent en écailles et le poisson doré
monte des abîmes pour prendre la place de l’oiseau, couché dans son nid de feuilles et de membres d’insectes. Des galets couverts de mots — mots eux-mêmes bousculés,
délavés et polis — s’incrustent dans le sable parmi les rameaux et coquilles d’algues, lorsque toute vie terrestre se rétracte et se cache dans son domicile obscur : les
orifices des minéraux.

Zénith, Porphyre, Péage,

sont les trois vocables que je lis le plus souvent.

Ils ne m’apparurent d’abord que partiellement : le Z en zébrure ou zigzag de conflit, fuite oblique vers les incidences puis persévérance dans une voie parallèle, —l’Y
de l’outre-terre (Ailleurs, qu’Y a-t-il? Y serons-nous sibYlles? Qu’Y pourrai-je faire si je n’ai plus mes Yeux?), — l’A écartant de plus en plus son angle rapace sous-tendu par un
horizon fictif, tandis que P Poussait la Porte des Passions.

Puis les trois mots se formèrent et je pus les faire sauter dans mes mains avec d’autres mots que je possédais déjà, lisant au passage la phrase qu’ils composèrent
:

Payes-tu, ô Zénith, le péage du porphyre?

A quoi je répondis, lançant mes cailloux en ricochets :

Le porphyre du Zénith n’est pas notre péage.

Michel Leiris

BLEU DE LIN EN L’UNE


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BLEU DE LIN EN L’UNE

Dans le mur où je promène  cette fenêtre inventée, je porte tout l’espoir dans sa réalité

j’achète du poil chaque matin pour le transplanter dans les manches de mes carrés de jardin

Bosch et ses oeufs, torturent le malheur en d’éternels lavements dans le cul des quidams en extase béat devant une fausse idée des délices

La migraine en m’étranglant les tempes étouffe les taupes dans leurs galeries sans cimaises. Au salon des dames je pense à ces croix blanches qui n’ont pas eu le droit d’entrer. Ils sont morts en plein front en dévalant un impétueux besoin d’aimer. La vie porte trop de faux-prétextes pour défendre le crime et inventer des moyens de le propager. Elle les inscrit dans le livre d’histoire de l’éternité. Les idées noires d’une messe j’en maudis chaque geste du bleu toujours à ma portée. Laissez-moi juste respirer  le temps nécessaire à en avoir assez d’avance en stock pour correspondre à ma folie de vouloir perdurer.

Comme ce tableau  N°43 de L’EPOQUE 2019 sans les mots de Barbara Auzou parle d’une  seule jambe, ils sont si beaux qu’une aube ne saurait être plus réelle si elle les programmait demain matin.

Niala-Loisobleu – 30 Août 2019

 

AUBE VIERGE


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AUBE VIERGE

 

Humide au bord de l’aube

la Terre s’étale toute entière

De chaque côté des jarres les gardiens sont là

le cheval scellé aux reins de la vie ouvre le sillon

 

Niala-Loisobleu – 30 Août 2019

 

 

Autres thèmes

Quelques auteurs

Essais généraux

 

 Pierre Oster

Guy Goffette et Pierre Oster, Paris, juin 2001

 

LA TERRE (10/10/1995)

Poème de Pierre Oster

La terre, les rochers… Les rochers, les maisons, 

la nuit même,

La nuit, la plaine et la mer fondent un savoir 

proche des murs.

Puis, là-bas, le soleil masque sa solitude avec 

la nudité des choses, 

Brise le ciel des flaques, échafaude un bûcher

sur un lac.

La plaine, et la mer ! La prairie, les maisons. La 

campagne,

Dans les champs litérés par l’hiver, par l’hiver 

librement vaincus,

La campagne à mes pas se ranime et les chemins

nous portent. 

Le matin &endash; minceur des haies ! &endash; baigne le dieu du

Tout,

De l’ancienne présence. Ah ! voici que découlent 

des plantes

Des torrents de sève ! Et les eaux dans les nasses

du sol 

Se répandentÖ Aux confins de la vaste prairie 

et du fleuve,

La vérité du fleuve et la vérité de la prairie. Un 

feu 

Dans les feuillages, un feu près des villagesÖ Un 

dieu secret nous comble.

Ses dons, la nuit magnifiquement les cache ; ou les 

restitue à ton ardeur

Face au soleilÖ Tu dois donc les défendre et com-

prendre

La plaine avide, la mer aride -! Et vouloir que le 

jour

Progresse ! Ouvre les mains, la terre dort. Inter-

roge,

Invoque en dehors des mots le murmure de l’air. 

Les mots, 

Les mots que je tais s’achèveraient en combats 

monotones,

Si nous ne pénétrions le camp des saisons ; ne ten-

tions,

De brin d’herbe en brin d’herbe, embruns de la 

rosée et des vagues,

De rompre une énigme heureuse ; ah ! ne redou-

tions d’avoir part

Au poème impossible et favorable ! Une grange 

protège

Comme un bruit magique ; une charpente, arra-

chée aux bois,

Fait la majesté d’un lieu de pérennité. Le poème 

brille

Sur les figures que je contemple et que le temps

dépeint

Dans les parages d’un orage ! À l’entrée, en deçà

de la ferme,

À l’ombre d’un portail, à bord de souverains vais-

seaux,

Notre gloire est de sentir que la profondeur nous 

soulève

Jusqu’au sommet des montagnes ! Et, dès avant 

que midi

N’ait au nom du jour reconquis la nuit, la plaine

infidèle et fidèle,

La plaine, au large, amas de pierres ou puissants

écueils,

La mer avec le ciel recule. Ordre et mesure et dé-

sordre,

Je le cède à la splendeur des fleurs ! Je ne renie 

pas

L’espoir de connaître ou d’envahir, d’affronter

tant de routes,

Tant de jardins bientôt découverts par la marée ! 

Vénus

À pleines robes nous caresse. Ah ! la nuit délicate

détisse

La voile où la nature oscille ; où la prairie voyage ; 

Les eaux – du seuil des métamorphoses – imitent 

la solitude

Du soleil, composent la nudité qu’il a vêtue. Ah !

de hauts

Nuages naviguentÖ Un souffle pousse une petite

flamme,

Les éléments brûlent ! Et la flamme au pourtour

des champs

Révèle aux roseaux la base des arbres. En nous, 

à côté de nous, je décèle

La chaste éclosion, le tombeau de féconds bour-

geons

Tachés de mielÖ Maître des sources et du trajet

de la lymphe,

Le premier dieu de grotte en grotte a plusieurs

fois frémi,

Dans l’abri le plus précieux. Je le devine, lui 

demande

La clé de l’abîme ! Observer, quêter, de l’inté-

rieur des cours,

Les dons que le jour reçoit tandis que le dieu 

défaille.

Le brouillard, sur les tôles des hangars, se ré-

sout,

Guide obscur ! Et quelqu’un, sans que les cloches

résonnent,

Dans sa tranquillité vigilante a lancé une prière ; 

a crié, 

Du fond de la nuit presque humaine, une piété 

intrépide !

Ma piété s’adresse aussi peut-être à qui s’en va.

D’est

En ouest les nuages s’espacent, occupent le laby-

rinthe

Que sous nos yeux la mer recreuse en abandon-

nant des lambeaux 

Du manteau céleste ! Étoffe où le marcheur s’en-

roule,

Il s’en empare et ne l’oublie pas. Déjà l’impa-

tient matin

Hisse une faible voile, habille un destin de nau-

frage,

Refuse et présage un passage incertain ! Captifs, 

fugitifs,

Que n’usons-nous &endash; debout ! &endash; du droit d’explorer

la poussière,

La poussière, notre fortune ! Incorporons la cor-

ruption

Puisque le feu des cercles éternels joue sur nos

épaules,

Au fil de la sève s’épanche et dans ma chair.

La nuit

Nous condamne aux assauts de la pluie sur la 

cabine 

De ce tracteur. Rien ne demeure qui ne s’efface.

Et rien ne meurt

Devant les lames de la charrue. Advient, survient, 

très vite,

Un printemps beaucoup trop doux pour qu’il neige 

en avril,

Trop froid pour que nous convoitions l’immensité 

de la paille !

L’hiver s’amenuise et mon âme apprivoise le vent. 

Au-dessus du pavois

Des champs épars, à l’aplomb de mainte meule bâ-

chée

D’une bâche bariolée, le vent se cabre. Ah ! quatre 

chevaux,

Cinq ! Le soleil nous les dispute et les touche ! Un 

geste

Te rattache au royaume animal. Tu les flatteras !

La soumission

Vous inspire. Ils t’obéissent, tu les exauces. Ado-

rateur de météores,

Tu pries cependant les vainqueurs du domaine des 

puits,

De la margelle universelle et de l’humus. Le pay-

sage

Sur l’acier des socs se nuance. Apparition de mi-

roirs

De parfaites maresÖ Et la beauté, à son rythme,

opère

À travers l’azur, enseigne à l’azur la triple le-

çon,

La déchiffre, en invente le thème ! Une leçon 

de joie,

De joie ou d’orgueilÖ De joie et d’orgueil. Ou de 

peur,

Peur que la joie ingénument consume. Et j’épouse

la réponse

De la plaine étale aux arbres silencieuxÖ L’ins-

tant

L’interprète, la répète, la divise ! Et c’est sur lui

que je médite

Après qu’il s’est évanoui. Soif, nous avons faim

et soif

De lait, de semence et de sang ! Les morts mainte-

nant s’en nourrissent,

Sortent sans cesse des ténèbres en montrant leurs

fardeaux, 

De subtils déguisements d’écorce ! Et, dans l’herbe 

aux discrètes veines, 

D’un saule à l’autre, dans mes vers, et de pommier

en pommier,

Le vent régit les chemins qui nous sont chersÖ Un 

lien nous délivre

Que mon ardeur, ma ferveur renoue. Il nous échoit

de souffrir

La plainte héroïque ou la simple voix des saisons 

futures

Sur le continent de la prairie communale. Incons-

tant,

Constant, le soleil est inconstant ! Conquête intime, 

ébauche

D’un cycle infime de grandeur. Défaite, ou victoire, 

ou défi,

Je m’accorde à la matière ! À sa juste abondance.

À ses arcanes, 

À la forme des corps, la masse du ciel. Au sable

intact

Dans le bruit, dans le choc sacré du ressacÖ 

Le siècle,

Tel un appel, tel un écho. Nous y songeons. Nous 

sommes issus 

D’un sommeilÖ d’un éveilÖ absolusÖ Les feuilles

lisses,

Quel délice ! Et le lit du sel brille au dos des ré-

cifs,

On croirait d’une illumination des nations qu’em-

brasse la houle.

Le vent ! La sagesse, la fougue. Un culte, un rituel 

fou,

Le faste des mois dans le berceau des bois ! Ici,

j’anticipe

Le retentissement d’un appel au cúur du prin-

cipe infini.

La sève en réalité nous dévore et les rudes racines

se tordent. 

La mer, dans les grottes, batÖ Ne pas plier, ne pas 

ployer.

La mer, le vent la drosseÖ À distance, à ton rang,

tu discernes

La ronde &endash; ou la gravitationÖ &endash; des grains de pol-

len !

La merÖ Sa terrestre lenteurÖ Sève et lymphe fu-

sionnent,

Refaçonnant leur unité. À nous, dans le jour bref, 

de concevoir

Le crépusculeÖ Au soleil de transparaître au-devant

du cortège

Des champs qui bornent le paradis de l’étendue. 

À nous

De nous enclore dans une alliance et l’humble ten-

dresse !

De bénir la foudre et de faire alterner les dieux.

Je repars

Sans but vers la cible du temps. Audace ou besoin

de renaître

À l’amour des haies vives et des souchesÖ Ah ! dé-

sir

De courir la plaine ! Et la paix vole en direction des 

montagnes,

De sereines collinesÖ Au flanc des meules, des 

tumulus,

De tours que ruinent les saisons. La mer, l’océan 

fossile

Arrime aux remparts, aux rochers, d’incomparables 

vaisseaux,

Des vestiges parés de cielÖ Et les bois parfois rou-

geoient,

Bougent devant la mer, au bout des champs, sur

le parcours

Du feu ! Feu toujours ascendant du foyer des feuil-

lages, 

Toujours divin, toujours nouveau, toujours souter-

rain.

Les chevaux, leurs durs sabots. Le vent sur nos sim-

ples traces,

Selon sa loi disperse ses armées. Nous demeurons

à la merci 

RE RE LANTERNE


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RE RE LANTERNE

 

Accrochée à la clef des tuiles la lanterne a entendu le 3° coup de maillet,  la fumée des cierges s’estompe dans un relent de fumet de triste cire

le train n’a pas réapparu d’un tunnel perdu dans une nuit sourde

Il m’invective, m’accuse de maux jamais dits

 

FEMMES ENCERCLÉES PAR LE VOL D’UN OISEAU – CONSTELLATION
Il est sur mon talon, il en veut à chacune de mes boucles, il me traite comme un violon qu’on accorde, il m’oublie dans son labyrinthe où tourne l’agate œillée!


Où ai-je déjà vu cette plume en fronde de capillaire filer vermeille dans l’éclair d’un fleuret?


Tous les soirs que fait l’engoulevent, il regagne, moi en croupe, son poste d’aiguilleur, d’où il a la haute main sur les cônes, trompes, lanternes, balises, pavillons et flammes.
»

André Breton

 

De l’arbre de Brocéliande, connu pour ses guérisons, je rebranche la lanterne au mur du jardin et au fossile de la Lumière gratte l’allumette de mon bûcher.

 

Niala-Loisobleu 29 Août 2019

 

 

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