La vérité du drame est dans ce pur espace qui règne entre la stance heureuse et l'abîme qu'elle côtoie : cet inapaisement total, ou cette ambiguïté suprême. Saint-john Perse
Au bas des marches, tu as laissé tes seins sortir des palisses pour qu’ils poussent les nuages hors des jours muets. Le bras de mer autour de ma taille tu tires ta langue à la mienne comme le point sur la carte à atteindre. Dans le chenal où les estocs ont été mis de côté dans le courant d’itinéraire choisi pour sésame. La terre ruisselante comme un drap propre tiré du lavoir jusqu’ à l’herbe, écarte de ses fleurs matinales les liserons envahisseurs. Bien sûr il faudra faire comprendre à la Capitainerie, que nous sommes à bord d’un bateau qui sait qu’il faut naviguer en grands-fonds pour éviter de prendre les hélices dans les serviettes des plages pour gagner le large à la voile. L’image de ta nudité mise sur le vent propice chasse des vestiaires les brouillards du littoral. L’oiseau dans le même appareil volant sans taire son intention relève l’Atlantide pour choisir la maison où vivre autrement que dans l’asphyxie des ressources humaines alléguées. De l’âge de tes cavernes il reste du bison le fauve des toisons et la marque sanguine de ma main qui peint que des matins. Au balancier des horloges l’heur sonne. Pointé de l’estuaire dans l’axe du phare portant loin la racine d’un amour parallèle à la seule légende réelle.
Le temps n’est pas plus sûr de ce qu’il va faire que les autres jours, le chevalet lui s’en fout, la touffe de poils qui finit le ventre est un modèle d’équilibre du tant qui va au tempo des couleurs du peintre
Cheval sauvage qui tire la steppe à lui pour naturaliser l’empailleur comme on assure son désir de cheminer sans frein mis sous-globe
Ce qui boîte pourrait provenir de la varice
ce défaut circulatoire du moulin qui n’aube rien de bon dans l’esprit d’un Don
Il est vrai que l’Histoire préfère l’embrouille à la clarté cutanée et le maillot dans les bains de minuit
Gare de l’Est
j’ai choisi de prendre le train, les mains-libres, sans linge de rechange dans la valise, l’oiseau sur les pôles.
A un moment donné un rayon de soleil a traversé le rideau de pluie
les murs de la chambre se sont levés comme un seul homme
Au bout du champ une centaine de cavaliers armés traversait l’écran
Robin des Bois embrassa Marianne avant de sortir du lit puis banda son arc à la fenêtre
si sa flèche n’avait pas traversé tous les méchants ça n’aurait pas été un rêve et le poète faiseur de mots-peints n’aurait pas posé sa tête au levé du jour pour continuer de déclamer son amour du beau tant.
Niala-Loisobleu – 21 Novembre 2022
Ode à l’Amour Courtois – Francis Cabrel
Comme un ami le printemps est venu lui-même Charger de fleurs les premiers vers de mon poème Où je bénis ses yeux, son corps, sa chevelure Et tout ce qui fait vibrer mes pages d’écritures
À chacun de ses pas elle parfume l’espace C’est ma chanson pour dire comment elle se déplace Les plis de son manteau où je voudrais m’étendre Les colliers à son cou où je pourrais me pendre
Du bout des lèvres Dans ces milliers d’oiseaux que le matin soulève Dans le doute et la fièvre Je murmure un prénom qui n’existe qu’en rêve Mais elle reste de glace Elle ne répond rien, rien
J’invente des rêves sans fin, des nuits torrides Chaque matin l’aube revient sur mes mains vides S’il reste un paradis au fond du ciel immense C’est probablement entre ses bras qu’il commence
Qu’importe les mauvais chemins s’ils vont vers elle J’en finirai mieux ce refrain où je l’appelle On y entendra mes yeux couler, mon cœur se fendre Et s’ouvrir ce manteau où je veux tant m’étendre
Du bout des lèvres Dans ces milliers d’oiseaux que le matin soulève Dans le doute et la fièvre Je murmure un prénom qui n’existe qu’en rêve Mais elle reste de glace Elle ne répond rien, rien Et je reste à ma place Mais tout le monde voit bien, bien Que de tous les jours qui passent Je préfère, et de loin Les jours où je la vois Comme un ami le printemps est venu lui-même
La terre est un savoir ! D’où les eaux, d’où les rochers jaillissent. La nuit, la plaine et la mer fondent un savoir proche des murs. Et, là, là ! la, solitude aux couleurs de la nudité des choses, Le soleil gravit les collines… Il redescendra dans les champs, Dans les mares, dans l’herbe. Autant de mares, autant de portes Par où le ciel rejoint le chaume… Arbres meurtris, chemins détruits,
La campagne se tait. J’en conjure, en accepte la paix. Le silence Signifie-t-il que les talus… si hauts, face au dieu du Tout, Que les talus, de l’orbe des planètes au labyrinthe des plantes, Ferment sans cesse une prison ayant la forme d’un vallon ? D’un vallon protecteur. Et, grâce à l’humus, à quelque manne Humide, à la richesse de la rosée, au repos déjà solennel Du matin, je me voue à l’espace… À sa beauté je m’inféode Bien avant que les heures ne brillent… Ah ! je mesure à loisir Le petit jour… Sur l’horizon le soleil s’arrondit, s’exalte. La nuit le couronne… Ah ! le soleil nous dicte et nous Vole une réponse ! Alors la pluie, infime, élémentaire, Orne des traces qui m’enchantent, étouffe à présent le fanal Qui, augurai, fatal, à la surface, à l’intérieur des gouttes, Vacille et les épuise… Imagination, quête et création D’un royaume. Et je serre ou je lâche une poignée de brindilles. Je me veux serviteur, gardien, complice et tenant du poème épars Des sens. Serviteur des maisons dans leur sommeil. D’une
grange,
D’une charpente… Un édifice, un creuset… Le ciel pourvoit À notre besoin d’infini… Le temps compose et cohabite Avec les vagues ! Avec les vagues, avec les vagues. Avec Des sentiers que nul ne sonde ! Avec des carrières, des grottes Doucement désertes… Avec de nouveaux rochers sous la voûte
des écueils,
Héros de l’abîme ! Et le jour vient à les surprendre au niveau de
la mousse,
De l’écume. Audacieux, plus qu’audacieux, presque audacieux, Nous les interrogeons
Restons fidèles à la tendresse de la lymphe
Laissons-nous conduire à l’unité des fleurs. Unité abondante. Et
La règle est de croître… Du côté d’une frontière ou d’une ligne
d’îles,
La très chaste et très vénérable et redoutable Vénus Nous domine. À l’aplomb des toits les étoiles clignotent, La nuit s’en empare ! Ah ! me soumettre à la naissance du soleil, À sa plénitude… Avoir le désir d’accompagner pas à pas sa solitude.
Pur, précieux, facile embrasement des bâtiments de l’éther, De maints bassins monumentaux ! Le jour se relance et nous
drosse
Le long d’une plage… JJ vogue. Il abrite un port abrupt. J’en scrute et j’en occupe, en défends la grandeur. Je m’en inspire. J’ordonnerai, je retrouverai, dirai, surgeons, drageons. Surgeons ! détaillerai à souhait les mots d’un éloge des feuilles. Un baume se répand sur la blessure des bois. La lune au bout de
nos doigts
Varie et nous séduit. Nous devinons que le brouillard consume, De la tôle des hangars aux piliers du temple et de la base des
hangars
À la grange, allume et consume un absolu de transparence. Notre lot? Guetter, prudemment, Fépiphanie du feu. Épier le
retour
Du guide obscur… J’oublie, à fouler le sol, je rêve ou j’évoque La bataille des saisons. Je recherchç et m’attribue le butin Que l’automne pille. Et l’hiver le confie au matin. Les mois
commandent
De sauver la sève… Au gré d’une voix, d’un chant parfait. Immobile, immobile et mobile, encore immobile et mobile, Le soleil détecte une route, instaure un paradis de roseaux (dont La pointe nous frôle) et lui dispute la mer. La mer recule, Nous apprend l’orgueil du jusant. Le vent, le tisserand. Hisse une voile, la détisse… Appareillage ou naufrage En guise de message. Attentifs, actifs, sereins, captifs, Il nous échoit de saisir, de choisir la sainte poussière, D’épouser la fortune inégale !
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