OÙ QUE J’ERRE


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OÙ QUE J’ERRE

 

Sortir de la mort, sortir de la pluie, sortir du pays,
Sortir du pays, sortir de son pain, sortir de l’ennui,

Sortir du toujours, sortir du jamais, sortir du pays.

Il y a là-dedans quelque chose qui ne me revient pas.

Quelque chose qui me ronge et me découpe.
Ah sortir de sa boue.
Et sortir de sa nuit et de la nuit des autres,
Sortir de sa chance et de sa mauvaise chance,
De l’amer et de l’aigu, de la mer et de la terre.
Sortir de ce pays qui m’assèche.
Ce pays qui me pousse dans le ventre en roses rouges de douleur, en roses de vie et d’eau de vie, en ombres et en attentes,en silence et en amour, derrière ma vie, mon rêve et mon identité.
Car moi je veux m’endormir profondément
Et me réveiller plus profondément encore
Dans le sorti du jour, le sorti des transes, le sorti du quotidien, et du pain qu’on nous mange et de la douleur qu’il faut manger
Pour devenir plus grand, plus lourd et plus dur qu’un jour de travail
Dans l’horizon mal construit de son malheur.
Ali je crois bien, je crois bien n’y voir plus très clair !
Mais :
Sortir de son pain, sortir de l’amer, sortir de sa soif
Sortir de l’envers, sortir de l’endroit
Et du droit de penser que ça vous est égal
De n’avoir plus de droits,
Voilà, voilà ce qui est clair !
Et nous reprendrons la chanson, garçons.
Mouchez-vous bien la voix les gars.
Ce soir, comme qui dirait, ça va gazer;
Je veux un chant sorti de toutes les lois du chant.
Un chant entièrement pareil à la vie
Et bâti sur le même modèle
Et sur le même principe
Que la création du monde :

Sortir de la vie, sortir de soi-même, sortir du bon pain.

Sortir du vent, sortir de la mauvaise lune,

Sortir du coucher du soleil, du retard de l’horloge de la gare.
Du train de voyageurs, du train de marchandises,
Des prisons où l’on enferme ceux qui savent vraiment chanter, (Etre sorti par la force des choses du ventre d’une femme ce n’est déjà pas si mal !)
Sortir du pétard, de la croix et du bon vin
De la douleur et de la rage, de la croûte, de la graine.
De sa peau et de celle des autres,
Sortir d’un asile de bons sentiments (où les mauvais répondent « présent »)
D’une prière pour les défunts,
Sortir de toi-même
Jean-Pierre
Duprey
Et que l’amour, l’amour qui te regarde
Jean-Pierre Duprey,
Avec ton nom, tes lois, ta morale et ton principe
Qui est de n’en avoir aucun
Et d’être libre comme est libre celui qui est libre alors qu’on le croit en prison.
Et qui refuse jusqu’à son nom bien mérité d’homme libre pour en garder le bénéfice.
Allons, encore un petit verre, garçons,
Et vous m’écoutez bien, les gars.
Car c’est avec des mots qu’on écrit des chansons
Mais c’est avec son cœur qu’on écrit une vie
Comme une lettre qu’on s’envoie soi-même à son adresse
Avec quatre francs cinquante de timbres collés au dos.
Car dans ce monde où tous les hommes ont des numéros
Gravés au dos du gras de leur mémoire
Il faut bien rigoler un peu n’est-ce pas !
Allons, allons, encore un petit verre
Jean-Pierre
Duprey.
Duprey le mol,
Duprey le momo,

Duprey le sec,
Duprey le plein

Duprey-la-vie-qui tache les mains

(Comme si vraiment il espérait lui aussi sortir de sa boue et de ses mains)

Allons, allons, encore un petit verre, les gars.

Un petit verre de vie, un petit verre de vin, un petit verre de la création du monde,

Un petit verre de sang rougi au crayon rouge.

Un petit verre d’amour coloré d’un autre amour prochain.

Avec un doigt du plus mauvais bonheur.

Un excellent cocktail.

Allons, allons, un autre petit verre,

Vous me raconterez vos histoires une autre fois garçons,

Et je vous dirai qui j’aime.

 

Jean-Pierre Duprey

ENTRE TIEN EMOI 97


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ENTRE TIEN EMOI 97

Sur le pont les grues en week-end avaient laissé un noir de nuit sale qui fit un matin mort-né

Les jardins ne sont pas destinés à faire la couronne de la fin de la lumière

Une poitrine aux seins par-terre ça fait trébucher entre d’indéfinissables questions sur un sujet trouble à haut-le-coeur

Je n’ai rien qui veut mourir par défauts imputés sans en avoir franchi la porte. L’acariâtre m’ulcère. L’ingratitude prise en alibi pour cacher la trahison est la gale d’une sanie purulente d’un coeur bon à jeter

Les formes du jardin sous la nuisette et le chien qui joue avec  voilà le disert d’une végétation liée au pouls en état. Nous entendons les oiseaux pondre et les vaches aiguiller les trains au cinémascope de la joie d’un soleil à discrétion

Le papier se tend comme une toile désireuse de caresses

Je cabre à la flèche prête au lancé

Non je refuse d’étouffer halète-moi de ton élan respiratoire. Tu sens le soleil 0à partager. Moment capital des passages encombrés

Comme qui dirait

comme qui dirait à serrer à demain pendant aujourd’hui et toujours plus en corps…

Niala-Loisobleu – 31/05/19