OSSIP MANDELSTAM: UN POEME D’AMOUR


OSSIP MANDELSTAM

UN POEME D’AMOUR

Il est des femmes parentes du sol humide,
Et chacun de leurs pas est comme un grand sanglot :
Escorter les défunts, et ceux qui ressuscitent,
Les accueillir les premières — tel est leur lot.
C’est un crime d’en exiger de la tendresse,
Mais à l’envie de les quitter nul ne succombe.
Ange aujourd’hui, demain ver de la tombe,
Et puis après-demain, simple trace qu’on laisse…
Le pas qui nous porte sera hors de portée.
Immortelles les fleurs. Le ciel demeure entier.
Et ce qui adviendra n’est rien qu’une promesse.

Ossip Mandelstam

4 mai 1937