Mois : novembre 2020
RIEN POUR TOUT
RIEN POUR TOUT
Détail en bloc
que la feuille porte à l’arbre
en se retirant
L’enfant griffonne
des oiseaux dans la marge d’une leçon de choses
un haricot dans le pot
et gomme la table de ses matières.
Niala-Loisobleu – 30 Novembre2020
AMOUREUSES – PAUL ELUARD
AMOUREUSES – PAUL ELUARD
Elles ont les épaules hautes
Et l’air malin
Ou bien des mines qui déroutent
La confiance est dans la poitrine
A la hauteur où l’aube de leurs seins se lève
Pour dévêtir la nuit
Des yeux à casser les cailloux
Des sourires sans y penser
Pour chaque rêve
Des rafales de cris de neige
Des lacs de nudité
Et des ombres déracinées.
Il faut les croire sur baiser
Et sur parole et sur regard
Et ne baiser que leurs baisers
Je ne montre que ton visage
Les grands orages de ta gorge
Tout ce que je connais et tout ce que j’ignore
Mon amour ton amour ton amour ton amour.
Paul Eluard
SONNET XVII – PABLO NERUDA
Soneto XVII No te amo como si fueras rosa de sal,topacio o flecha de claveles que propagan el fuego: te amo como se aman ciertas cosas oscuras, secretamente, entre la sombra y el alma. Te amo como la planta que no florece y lleva dentro de sí, escondida, la luz de aquellas flores, y gracias a tu amor vive oscuro en mi cuerpo el apretado aroma que ascendió de la tierra. Te amo sin saber cómo, ni cuándo, ni de dónde, te amo directamente sin problemas ni orgullo: así te amo porque no sé amar de otra manera, . sino así de este modo en que no soy ni eres, tan cerca que tu mano sobre mi pecho es mía, tan cerca que se cierran tus ojos con mi sueño. Pablo Neruda | Sonnet XVII Je ne t’aime pas comme rose de sel, ni topaze Ni comme flèche d’oeillets propageant le feu: Je t’aime comme l’on aime certaines choses obscures, De façon secrète, entre l’ombre et l’âme. Je t’aime comme la plante qui ne fleurit pas Et porte en soi, cachée, la lumière de ces fleurs, Et grâce à ton amour dans mon corps vit l’arôme Obscur et concentré montant de la terre. Je t’aime sans savoir comment, ni quand, ni d’où, Je t’aime directement sans problèmes ni orgueil: Je t’aime ainsi car je ne sais aimer autrement, Si ce n’est de cette façon sans être ni toi ni moi, Aussi près que ta main sur ma poitrine est la mienne, Aussi près que tes yeux se ferment sur mon rêve. Traduit par Ricard Ripoll |
BALANCES
BALANCES
On promet amour et voyages
Mille nuits de rêve mille sortilèges
Mais c’est à l’oreille des sourds
Au cœur mort des mortels.
Les femmes défendues
Qui font les enfants
Et la chaîne
De la joue aux champs
De la main aux branches
De l’eau à l’azur des sauterelles.
Une herbe pauvre
Sauvage
Apparut dans la neige
C’était la santé
Ma bouche fut émerveillée
Du goût d’air pur qu’elle avait
Elle était fanée.
Être dix mille entre cent mille
Et jamais un entre dix
La foule dort dans l’ombre
A deux pas d’elle-même
Qui se mêle et se sépare.
Il n’y a plus de porte
Part à deux si j’entre où tu es
Si tu sors tu viens avec moi
Le désert au profit de /a sève
Et autres lieux
Pour se croire ici.
Paul Eluard
INVENTE AIR
INVENTE AIR
Le froid s’est intensifié
j’ouvre grand les fenêtres pour renouveler l’air
Nabi
le mouvement postimpressionniste aspire a plus de clarté
Paul a quitté la France pour les Marquises
Sérusier verdit la ceinture de Paris
Edouard Vuillard pénètre à l’intérieur
et Bonnard chrome solaire d’un jaune la souricière des ténèbres
tout change
je précurse avec art
la Pleine-Lune de ce jour est déménageuse
laisse la mue aux vieilles-peaux et marche
la route est ouverte…
Niala-Loisobleu – 30 Novembre 2020
Diane Dufresne : J’ai rencontré l’homme de ma vie…
CELESTE CONJUGAISON
CELESTE CONJUGAISON
Roseraie au bout des cordes je te reçois sur la planche à tracer
Marc déployant tout
La mésange met le soleil de son ventre à nu dans le choeur des passereaux constructeurs
martins-pêcheurs
colibris
tourterelles
du haut des seins à la source ventrale ouvrent le jet du rire des merles
L’espace d’une floraison reconduit
à rejoindre l’écaille du porte-plume aquatique aux rives d’un absolu
Que de musiciens en habits d’arlequins montent à bord des gondoles
fauves comme des lions jouent en formation de ramiers
Chagall amoureux crève le plafond de sa voie contre-alto
l’enfant outre-mère te peignant avec ses crayons de couleur comme une en vie surnaturelle…
Niala-Loisobleu – 29 Novembre 2020
LES IRIS TRIENT LES LENTILLES SUR LES PETITES ONDES
LES IRIS TRIENT LES LENTILLES SUR LES PETITES ONDES
Eclaboussée de soleil tu dandines en duo à la cale du marais
l’automne termine en Sagittaire en se rendant à la pleine-lune évènementielle
Un ragondin vient de déplacer la surface pendant que j’ai les mains pleines de tes poches et le vélo se met à hennir quand le caillou roule
Quelque part la grenouille saute, un héron-cendré finit son point-fixe prêt à décoller, les limousines profitent encore du pré-salé avant les foins de transition de l’étable, étendues de tout leur long dans la mer retirée autour de Brouage. Assis devant la stèle aux résistants, je pense au signe porteur des écluses . Cordier parti . Le ciel va peiner à s’éclaircir à l’Intérieur avec le dernier embrouillamini du Ministre
De quoi nous remettre au créneau
demain sera un mauvais jour pour toi avec le retour à l’école et…
J’ai de la peinture en besoin de tes mots pour tenir le contraire du mensonge que l’Etat cultive, le regard que j’ai de ta présence est de bon augure.
Niala-Loisobleu – 29 Novembre 2020
CONSTANTE DE GRAVITATION
CONSTANTE DE GRAVITATION
Caisse claire oreille tendue au coffre à jouets
sur le paon coupé
l’arbre en trompe-l’oeil dresse la force fondamentale sans rien détourner
de l’attraction des deux corps
Sur l’étendue plane du trou noir l’intensité ajuste son plan de voies parallèles
on peut toucher le fruit sorti de l’armature du béton banché et en goûter la pulpe aux étages des jardins suspendus qu’une mer de garde tient contre son sein
Les mâts chantent d’élingues métronomes en rase-mottes de mouettes
passé la jetée le chenal dirige à l’archipel
Je garde la chambre dans la senteur symbolique de l’Etoile Flamboyante; gnose éclose
Tu peux voir au pied du lit la présence de la promesse forte et reposée de sa blessure, bistre doux de tes aréoles et queue-de-vache de l’aisselle à la pointe de nuque, au départ du voyage.
Niala-Loisobleu – 29 Novembre 2020
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