La vérité du drame est dans ce pur espace qui règne entre la stance heureuse et l'abîme qu'elle côtoie : cet inapaisement total, ou cette ambiguïté suprême. Saint-john Perse
A travers la vitre un vallonné précisé par les vagues
s’est ouvert au soc du sillage
Puis de l’eau en son point où les animaux viennent boire et tremper
le mammifère de tiroir qui s’ouvre
et montre comme ça balance à Paris dans mon émoi
Les Puces, la Samaritaine et le couple qui se prive pas de se faire plaisir sous le Pont-Mirabeau, des bateaux sans les mouches, j’approche de mon tricycle prêt à enfourcher la Gare d’Orsay pour un aller aux Tuileries
Pont-Royal
Je m’écarte
et suis à l’entrée de mon évasion onirique où rien ne se rase pour demeurer poilu
la rousse heur se pointe comme un col Claudine
dans une des libertés prises par Colette
C’est sûr que je viendrais l’achever demain celui-là comme j’en commence toujours un autre.
JASMIN, LUPINS ET L’AUTRE ROSE-BLEU D’UNE FENÊTRE SUR LE NOIR
Pauvre cul roide que le froid bâillonne à l’entrée de la sortie
le chat tuile les visiteurs, ce maux de passe, fait rougir la lanterne de l’apporte pute
Clandé de richards
Marthe, toi, parle-moi
tes fleurs sur le grand-pavois du jardin avec ta main dans mes cheveux et ton cerfeuil dans mes tomettes
je monterai le courrier aux locataires tout à l’heure avant que le 51 soit mis en co-propriété
Puis j’irai voir les dames des Tuileries qui font un piedestal aux moineaux , une opérette au Jardin de Verdure en croisant les cuisses pour nourrir les pigeons
Le grand-bassin de parturiente tient à flot les enfants
tant qui reste de l’aube pour la communion
L’âne les promènera dans sa petite-charrette jusqu’à Guignol
C’est transparent dedans de lait qui croque son goûter de rire sous les marronniers chauves du moment qui retiennent les feuilles de leurs marrons-dinde à picots
L’atelier répond aux questions qui ne se posent plus depuis l’indifférence
Ma sur le tapis-volant dans ma tenue préférée d’herbe aromatique, comme tapant du point soulevé au départ de construire affinité
J’allume le brasero pour la châtaigne en prenant la main de la chanson de rue d’un parolier venu de la lune par la marée
La mer est à portée, son sel dans mon sac d’utopie, que le fade ne s’en prenne pas à mes couleurs
Chante que ça gêne les sécheresses utérines.de l’abstinence.
Les cris d’écoliers dans les cours La pierre blanche au carrefour Ce signe tracé dans le sable L’étoile posée sur la table Ce regard dans la foule hostile Ce jardin doux des trèfles tendres Ce printemps du mois de novembre Cet été dans l’hiver civil Femme inconnue aux cent visages Mystérieux livre d’image Le vol au loin des grands oiseaux Le chant glissant sur les roseaux La nuit toute mouillée de roses La soie des matins vénéneux Ces îles blanches dans mes yeux Et ce printemps des ecchymoses Le soleil dans les rues barrées Et la rhapsodie des marées Ma part de pain ma part de rêve Ce point d’aube au bord de ma lèvre Femme inconnue aux cent visages Mystérieux livre d’image Le vol au loin des grands oiseaux Le chant glissant sur les roseaux
avec Gabriel du Livre hébraïque comme pour se protéger de la suite
le Castor prompt au barrage
entouré des Sartre, Aron, Camus et consorts
a agit
Tant à qui on avait volé leur jeunesse
Que l’on pouvait croire que l’amour
on le garderait dans les châsses à en faire un idéal
Ce que j’ai mis au monde de ça
me tient toujours érectile après le tant passé
moi le mécréant de mon Paname
vient du Renard…
Niala-Loisobleu – 26 Août 2021
Avec Les Anges par Colette Renard
On est protégé par Paris Sur nos têtes veille en personne Sainte Geneviève, la patronne Et c’est comme si L’on était béni
Y a rien à s’dire Y a qu’à s’aimer Y a plus qu’à s’taire Qu’à la fermer Parce qu’au fond, les phrases Ça fait tort à l’extase Quand j’vois tes chasses Moi ça m’suffit pour imaginer l’paradis J’me débine, c’est étrange Avec les anges
Va, c’est pas compliqué du tout En somme y a qu’à s’écouter vivre Le reste, on lit ça dans les livres Où qu’on s’dit « vous » tandis qu’chez nous
Si qu’on s’regarde et qu’on s’dit rien C’est qu’il y a pas besoin d’paroles Le silence à deux, ça console De cette vie d’chien, ensemble on est bien
Y a rien à s’dire Y a qu’à s’aimer Y a plus qu’à s’taire Qu’à la fermer Parce qu’au fond, les phrases Ça fait tort à l’extase Quand j’vois tes chasses Moi ça m’suffit pour imaginer l’paradis J’me débine, c’est étrange Avec les anges
Amour toujours, c’est p’t-être idiot Mais y a pourtant pas d’autres mots Pour dire le nécessaire Quand on veut être sincère
Quand j’vois tes chasses Moi, ça m’suffit pour imaginer l’paradis J’me débine, c’est étrange Avec les anges.
Un bateau pour pleurer Des larmes entoilées Au large sur la mer Un chaland pour de bon Qui ramène du charbon Noir comme un soir d’hiver Un simple canoë Qui descend la vallée Sur un torrent d’écume Rien qu’une coquille de noix Qui ne ramènerait de moi Qu’un vague souvenir posthume
J’ai tant rêvé, je suis parti Mais si j’ n’ai pas bougé d’ici C’est qu’ l’aventure m’a fait faux-bond Quand elle est venue au rendez-vous Elle avait les cheveux si roux Que j’ l’ai couchée sur une chanson Elle est partie au petit jour Je dormais d’un sommeil si lourd Que je croyais à l’avenir Et puis je me suis réveillé La chambre sentait le café Qu’elle m’avait fait avant de partir
Au port y a des marins D’ la bière et des putains Des pianos mécaniques Des bruits particuliers Qui vous font voyager Comme les sirènes antiques J’y ai cherché longtemps Sous les rires des clients Ma rouquine de voyage Et puis je suis parti Chercher dans d’autres pays La trace de son sillage
J’ai tant rêvé d’ la revoir un jour Que le temps m’a paru trop court Et qu’ mes cheveux ont pris de l’âge Bien des couteaux ont sur leur lame Un peu d’ mon sang, un peu d’ mon âme Mes yeux ont vu bien des visages Maintenant j’ suis vieux et je sais bien Qu’il ne m’arrivera jamais rien Que l’aventure m’a fait faux-bond Quand elle est venue au rendez-vous Y a si longtemps, rappelez-vous Je l’ai couchée sur une chanson La la la…
En amont coule la Seine, Un fleuve froid et vitreux; Elle s’écoule avec peine, Vers un pont majestueux.
Telle un sang capricieux, Qui jamais n’a de rive; Toujours elle dérive, Vers ce mont caverneux.
Glissant vers cette arche béante, Une eau lisse et visqueuse, Entre dans sa bouche géante, Dans la nuit ténébreuse.
Dérivant vers cette ombre, Le grand pont qu’elle assaille, Laisse couler cette eau sombre, Dans ses vastes entrailles.
En amont s’écoule le fleuve, Une lisse vague d’eau sale, Inonde une pile et s’étale, Etrange statue qu’on abreuve.
Cette eau grise et vaseuse, Ce long fleuve de tristesse, Serpente avec allégresse, Sous l’arche majestueuse.
Cet onduleux miroir qu’est la Seine, Où s’enfouit tout Paris; Les reflets de cette eau parisienne, Ce long fleuve de l’ennui.
L’eau de ce mouvant miroir, Traverse le purgatoire, En ressort sous un soleil voilé, Scintillant tel un fleuve argenté.
L’eau s’avance dans la lumière dorée, Telle l’or étincelant qui brille; L’eau resplendissante scintille, Duveteux coussin de liquide argenté.
La Seine scintillante serpente, Mouvant reptile d’eau vivante; Dans ses méandres de vipère, Coule une eau baignée de lumière.
Les feux miroitants voguent sur l’onde, L’éclat brillant de cette onduleuse ombre, Se propage dans un courant d’eau sombre, Où la Seine et Paris se confondent.
Les brillants reflets nagent, Que la Seine submerge, Vont, viennent, se propagent, Danser sur une berge.
Le pâle éclat da sa triste parure, Est pour elle une injure; Car une beauté qui jamais ne dure, Est toujours un parjure.
Les reflets de la vigueur, Miroitaient dans ses bras; Mais une morne langueur, Ternissait leur éclat.
Dans l’ombre, sous le pont, La couleuvre d’eau lisse, lentement glisse, L’eau coule, les jours s’enfouissent, Elle vient et ils s’en vont.
Les jours fuient, Le fleuve coule, L’eau s’enfuit, La vie s’écoule.
En amont coule la Seine, L’artère de Paris; De l’eau coule dans ses veines, Le sang de Paris.
Le petit jardinC’était un petit jardin Qui sentait bon le Métropolitain Qui sentait bon le bassin parisien C’était un petit jardin Avec une table et une chaise de jardin Avec deux arbres, un pommier et un sapin Au fond d’une cour à la Chaussée-d’Antin Mais un jour près du jardin Passa un homme qui au revers de son veston Portait une fleur de béton Dans le jardin une voix chantaDe grâce, de grâce, monsieur le promoteur De grâce, de grâce, ne coupez pas mes fleursC’était un petit jardin Qui sentait bon le Métropolitain Qui sentait bon le bassin parisien C’était un petit jardin Avec un rouge-gorge dans son sapin Avec un homme qui faisait son jardin Au fond d’une cour à la Chaussée-d’Antin Mais un jour près du jardin Passa un homme qui au revers de son veston Portait une fleur de béton Dans le jardin une voix chanta
De grâce, de grâce, monsieur le promoteur De grâce, de grâce, ne coupez pas mes fleurs
C’était un petit jardin Qui sentait bon le Métropolitain À la place du joli petit jardin Il y a l’entrée d’un souterrain Où sont rangées comme des parpaings Les automobiles du centre urbain C’était un petit jardin Au fond d’une cour à la Chaussée-d’Antin
C’était un petit jardin Au fond d’une cour à la Chaussée-d’Antin
Du fond de la gorge comme le fleuve se tient le souffle qui veille à rouler matière à
Là c’est Lisbonne ou Porto
Comme j’ai souvenir de la présence des rails des anciens tramways ça pourrait-être aussi bien Paris
Par exemple la traversée du quai au bout du Pont-Royal, au pied du mur des Tuileries, endroit précis où mon père fut renversé par une voiture. La mémoire est ordonnée. Elle range par genre de catégorie. Là ce souvenir il est dans la salle des Pas Perdus de mon cerveau. En sortant, un grand aiguillage charrie ses wagons de marchandises.
Le jeu, le rire, l’aventure, la peur, le courage, les premiers signes du corps qu’une petite gueule de printemps roulait au dessus de son cerceau sous l’oeil d’une érotique dame de Maillol. Puis les signes de l’Art, à monter découvrir une manifestation de la Beauté par le grand escalier du Louvre. On aurait pas pu penser qu’une pyramide viendrait devant les Guichets, l’Egypte est tellement présente à l’intérieur. Un instant je me dis que les forts des Halles auraient pas loupé d’une réplique de titi en voyant ce tas de verre venu
trouer le sol. Mais c’est aussi et d’abord ça l’art. Faut que ça perce…
Un panaché de ciel fait qu’entre deux averses il fait plus clair sans qu’on puisse se lancer à dire que c’est soleil. Une seule manière pour l’avoir, se le foutre dans le caleçon pour l’avoir alimenté par le coeur. Moi c’est mon baladeur que Marthe m’a donné un jour, il y a longtemps. Elle avait été le ramasser dans les tranchées d’une haine juste après la musique du clairon d’armistice.
Ma petite fleur de ce matin j’ai commencé à la peindre, il était très tôt, personne l’aurait vu tellement la nuit tenait le terrain. Je me souviens qu’à son pied la terre palpitait comme le dessous intérieur des cuisses, à la naissance du monde, dans la longue touffe où se sont réfugiées les mille-et-une nuits. Mon pouls d’enfant est pris sur la palette. Le couteau broie et mélange, ça me grimpe au nez, je deviens autre, plus aérien, , ça monte, c’est bleu, rond et souple, plein de fruits, j’y cours…
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