A CHAQUE VIE D’ÊTRE VECUE – GUY CADOU (1951)


René Guy Cadou – A chaque vie d’être vécue (1951)

Devant cet arbre immense et calme
Tellement sûr de son amour
Devant cet homme qui regarde
Ses mains voltiger tout autour
De sa maison et de sa femme

Devant la mer et ses calèches
Devant le ciel épaule nue
Devant le mur devant l’affiche
Devant cette tombe encor fraîche

Devant tous ceux qui se réveillent
Devant tous ceux qui vont mourir
Devant la porte grande ouverte
A la lumière et à la peur

Devant Dieu et devant les hommes
A chaque vie d’être vécue.

***

René Guy Cadou (1920-1951) – Hélène ou le règne végétal (1951)

L’AVENTURE MARINE PAR RENE GUY CADOU


René Guy Cadou

L’AVENTURE MARINE

PAR

RENE GUY CADOU

Sur la plage où naissent les mondes

Et l’hirondelle au vol marin

Il revenait chaque matin

Les yeux brûlés de sciure blonde

Son cœur épanoui dans ses mains

Il parlait seul son beau visage
Ruisselait d’algues l’horizon
Le roulait dans ses frondaisons
D’étoiles et d’œillets sauvages
Amour trop fort pour sa raison

«
Soleil disait-il que l’écume
Soit mon abeille au pesant d’or
Je prends la mer et je m’endors
Dans la corbeille de ses plumes
Loin des amis restés au port

Ah que m’importent ces auberges
Et leurs gouttières de sang noir
Les rendez-vous du désespoir
Dans les hôtels meublés des berges
Où les filles font peine à voir

J’ai préféré aux équipages
Le blanc cheval de la marée
Et les cadavres constellés

Qui s’acheminent vers le large

A tous ces sourires navrés

Sur la plage où naissent les mondes

Et l’hirondelle au vol marin

Il revenait chaque matin

Les yeux brûlés de sciure blonde

Son cœur épanoui dans ses mains

Il parlait seul son beau visage
Ruisselait d’algues l’horizon
Le roulait dans ses frondaisons
D’étoiles et d’œillets sauvages
Amour trop fort pour sa raison

«
Soleil disait-il que l’écume
Soit mon abeille au pesant d’or
Je prends la mer et je m’endors
Dans la corbeille de ses plumes
Loin des amis restés au port

Ah que m’importent ces auberges
Et leurs gouttières de sang noir
Les rendez-vous du désespoir
Dans les hôtels meublés des berges
Où les filles font peine à voir

J’ai préféré aux équipages
Le blanc cheval de la marée
Et les cadavres constellés

Qui s’acheminent vers le large

A tous ces sourires navré.

René Guy Cadou

DECHAINEMENT D’ELEMENTS


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DECHAINEMENT D’ELEMENTS

 

La tempête est capable d’amener de plus grands débordements chez l’homme que ceux en rapport avec la réalité. Le phénomène de panique devient alors plus dangereux que la violence de la nature.

Reclus hier soir mon corps s’est trouvé mieux accompagné par la démence océanique que dans les mises en garde à côté du problème

Il a évacué ses contractions en s’enfonçant dans un sommeil juste. Cherchant le fil de la vague et non en la coupant de face.

Voir sa vie lui échapper, l’homme dans sa prétention naine la précipite plus violemment vers l’abîme qu’il ne l’en écarte.

J’ai trouvé plus d’espoir véritable dans l’abandon général que dans l’assurance d’un système de désinformation. En fait physiquement j’ai fait l’impossible sans me demander où j’aurai mal, parce que la douleur d’un muscle n’a aucun rapport avec la douleur de l’âme.

Les éléments ne sont que la réaction de la nature quand il ne reste plus rien à pouvoir dire à l’homme qui se croit au-dessus de tout et ne veut qu’entendre sa version.

Je vais remettre l’Atelier en construction.

 

Niala-Loisobleu – 03/11/19

 

Si tu traverses les forêts de mon visage

Et les ronds-points de ma poitrine après minuit

Si tu es pris d’un grand courage

Et t’égares dans mes pays

Au bercement des oies sauvages

N’espère plus trouver ce qui t’avait conquis

 

Tout ceux que j’abritais tendrement sous mes lèvres

Et qui me répondaient lorsque j’avais trop faim

Les boisseaux de soleil qui coulaient de mes mains

Les vents alcoolisés qui me donnaient la fièvre

 

Tous les arbres venus s’appuyer à mon cou

Et les rouges cerviers du soir dans mes genoux

L’odeur de mes vingt ans emportés par les lièvres

Tout cela n’était rien puisque je vis encore

 

Il fallait me jeter sur le plancher du bord

Dépouillé de mes biens terrestres de mes armes

Peut-être aurais-je pu répondre de mes larmes

 

J’ai trop couru le monde à la suite des mers

Et lorsque je reviens m’accouder à la table

C’est pour trouver la même vague au fond du verre

 

Paroles & Musique:   René-Guy Cadou – Martine Caplanne