ABSENCE DE BON SENS


ABSENCE DE BON SENS

Effets de manches qui s’écoulent riz amer

Désolation actuelle

A tout masquer mesure et sans geste barrière

Le virus est libre de paraître sans modération

en n’importe quel domaine

Quel mensonge d’amour

Haut-le-coeur

C’est la gerbe.

Niala-Loisobleu – 19 Novembre 2021

APPORTE CLOSE


APPORTE CLOSE

Nez dans l’entonnoir en trou de buvard

le vide qui campe

consume jusqu’à la dernière cendre

un phénix de légende est appelé à se remettre à jour

Porte-clef

la pleine-lune se propose en passe

Genre rossignol pour ouvrir le passage clair sorti de stase

P’t’être ben qu’oui, p’t’être ben qu’non….

Niala-Loisobleu – 19 Novembre 2021

ENTRE LES PIEDS DE LA TABLE


ENTRE LES PIEDS DE LA TABLE

Au genou cogné sentir battre le poitrail de la veine alimenté

Sans que l’assiette tombe de cheval

Les yeux ouverts dans les étriers

Au point d’ars

Sur le crin aucune peur d’être abusé

Au jarret l’entretoise du sexe roide mortaise au départ des reins

Sur le vibrato de la fontaine

Danse la balle du soleil pour pétrir le peint et fleurir le sel.

Niala-Loisobleu – 17 Novembre 2021

The Longing – Patty Gurdy


The Longing – Patty Gurdy

J’ai vu beaucoup d’hommes errer
I’ve seen many men wandering

Tous forts et courageux et vifs
All strong and brave and keen

Je les ai vus devenir des dirigeants
Seen them growing into rulers

Mais j’ai envie de la mer
But I long for the sea

J’ai entendu qu’un navire venait du Nord
Heard a ship came from North

Dans notre port pour une journée
To our harbour for a day

Et avant que le malheur ne le sache
And before misfortune knows

Je serai en route
I’ll be on my wayJe suis prêt à m’éloigner
I’m all set to veer away

Et je suis prêt à m’égarer
And I’m all set to go astray

Tous les fardeaux que je laisserai à terre
All burdens I will leave ashore

Pour trouver ce que j’ai rêvé
To find what I’ve been longing forNe le dis à personne
Don’t tell anyone

Que cette nuit je serai parti
That this night I’ll be gone

Salut le bleu éternel
Greeting the eternal blue

Juste à l’aube
Right at the break of dawn

Naviguer vers l’inconnu
Sailing t’wards the unknown

Avec mon équipage sur la mer
With my crew on the sea

Et le jour où je reviens
And the day that I return

Un héros je serai
A hero I shall beJe suis prêt à m’éloigner
I’m all set to veer away

Et je suis prêt à m’égarer
And I’m all set to go astray

Tous les fardeaux que je laisserai à terre
All burdens I will leave ashore

Pour trouver ce que j’ai rêvé
To find what I’ve been longing for

PAR QUAI FLOTTANT


PAR QUAI FLOTTANT

Du temps qui se dérobe

les feuilles sortent le train d’atterrissage

Un petit-homme rouge surfe sur son dédale

le moi s’achève l’heur d’été

Niala-Loisobleu – 29 Octobre 2021

DANS L’ APPROCHE


DANS L’ APPROCHE

Les esquisses sur la table du menu du jour, agrandissent déjà devant elles

Le chevalet a pris l’endroit où le soleil passe

Ce que tu n’as pas encore dit approche

La brume en lambeaux épars ne se rassemblera pas si tu déboutonnes le couloir du décolleté

L’ocre-peau se le tient pour lin.

Niala-Loisobleu – 28 Octobre 2021

FRANCHISSEMENT PUISATIER


FRANCHISSEMENT PUISATIER

Au lourd de sa tête l’herbe redresse comme le jonc l’envie de tresser le panier

Des fruits juteux à se laver l’haleine glauque

Grappes pesantes d’un grain multiple plein

Fi de l’éolienne sabreuse de paysage dans un mépris primaire de Don Quichotte

Débusque le petit de sous la pierre

Cette maison qui flotte quand tu marches

Pouliche croupe et meuh à fortes tétines, c’est l’ô séant qui entre sans frapper !

Niala-Loisobleu – 28 Octobre 2021

BENIE SOIT LA FAILLE


BENIE SOIT LA FAILLE

L’oiseau en corniche varappe

Alors des ors qui s’écartent

le plafond ouvre grand ses lèvres

la coque se lâche à l’ô

Grotte mystique

l’âne à la noria tire

ruisseau-divin

Des hautes-herbes le caillou se nourrit

jusqu’à la flèche ou le champ monte se piquer

Ton abside est à la croupe de l’autel

jambes en contrefort

Mais c’est Vincent qui confesse sa folie sans baisser la tête.

Niala-Loisobleu – 24 Octobre 2021

ALPHABET DE LA DEPOSSESSION


ALPHABET DE LA DÉPOSSESSION

CHEMIN

Je marche à la conquête d’oxygène sur des chemins déjà trop balisés. J’ai dans mon sac le nécessaire pour survivre une heure ou deux, pas plus. Les routes les
mieux fréquentées sont au-dessus de moi avec leurs fumeux sillages qui seront vite dispersés pour s’inscrire sur les seuls radars. Il reste quelques champignons sur les
bas-côtés du rêve mais la plupart sont vénéneux. D’autres solitaires vont marcher plus loin, plus haut, dans ces pays où l’air est rare et la graisse rance. Es
rapportent de leurs expéditions des albums de visages grimaçants, quelquefois de sourires auxquels manquent des dents.

DÉPOSSESSION

Ce soir les enfants jouent dans l’herbe. Ils ne croient pas à la mort, et la nuit se fait complice des beaux éclats de rire. Présente dans la maison, leur grand-mère a
choisi d’être invisible. Les enfants savent son goût pour les voyages. « Elle accompagne, pensent-ils, l’exil des hirondelles au moment où l’été pâlit.
Dès le printemps, elle sera de retour avec les fleurs que nous lui apporterons près de la petite église où, le dimanche, elle s’ennuyait un peu à écouter le
prêtre bégayer dans son sermon. » Cette nuit les enfants joueront dans leur sommeil et, en rêve, ils entendront cette grand-mère leur murmurer à l’oreille: «
Comment pouviez-vous croire que je vous quitterais un jour? »

24 septembre 1988

ÉRAFLURE

L’éraflure est notre lot. Nous voilà superficiels jusque dans la blessure. L’écorché vif n’est plus de mise et la grande douleur se cultive en secret. Tout se raye, crisse
et s’écaille sur la chair, la tôle et le bois: partitions de nos maladresses, de nos gestes inaboutis. Où sont les grands iconoclastes et les sublimes destructeurs? Nous nous
griffons les uns les autres, pareils à des enfants malhabiles qui cherchent leur présence au monde en tâtonnant ; mais ce sont des enfants aux ongles encore tendres. La
futilité de nos coups de patte est à l’image de nos désirs.

FANTAISIE

Pour animer le décor j’écris: le ciel cloue des nuages rapiécés sur l’automne, déchire le tableau où il était mal peint, se noie dans le premier fleuve qui
passe. Pour changer la métaphysique je demande: quelle est la différence entre l’arbre et la pieuvre? Le feu a-t-il moins soif que la terre où il brûle? Est-il bon
d’interdire à la nuit de rêver? Pour me distraire un peu je fais pousser des fleurs dans les yeux des volcans, joue à saute-mouton sur le dos des baleines et prends conseil
auprès des taupes sur la façon de s’enterrer vivant.

FANTÔME

J’ai le choix entre mes fantômes : ceux qui me parlent de billes en terre ou de bateaux en papier, ceux qui pèsent à mes épaules quand je monte l’escalier, blanchissent mes
cheveux, agrippent mes paupières. D’autres, les plus nombreux, essayent de me vendre une mort habitable avec tout le confort souhaité. Ils n’ont ni suaire ni chaîne. Le seul
château qu’ils puissent hanter reste à bâtir avec la pierre de mes rêves. Sans patrie, sans descendance, mes fantômes sont des voleurs d’état civil, des faussaires
de la mémoire.

MASQUE

Besoin d’inventer ma vie, de jouer avec des masques. Les uns sont maculés d’un sang séché d’oubli, les autres, noircis de fumée pour faire écran aux assauts de la
parole. Je tente d’unifier l’horizon où se trament des métamorphoses. Champion de l’aspérité, je combats les paraboles trop lisses, les mensonges trop séduisants. Je
cherche à découvrir l’enfance des typhons, le rhésus des orages. La destruction venue, je me fais l’archéologue du quotidien paisible ou affamé.

MIGRATION

J’abrite un peuple d’oiseaux que la mémoire accompagne sur les flèches des migrations. Ecoutez l’air froissé de plumes qui voyagent. Je prends forme à l’aire d’envol pour me
fondre dans un nuage et pousser l’ouragan vers d’autres continents. Je pars et ne pars pas avec les oies sauvages, les cigognes, les cormorans. La pluie sur un mirage alourdit mon parcours,
mêlant aux équateurs des jardins de banlieue. Je noie mon passeport au fond des hémisphères et je me rêve absent, à peine de retour.

MUR

Les murs sont de nouveaux zèbres, race non répertoriée d’animal que tout code génétique a fui. Sur leur peau se dessine l’alphabet de la colère, la litanie du
désespoir, l’accidentel de l’imaginaire. Leur langage crypté correspond à la seule grille que sécrète le partage d’un esprit éclaté. Qui voudrait être le
berger de ce troupeau de murs au message incompréhensible ? Quand des peuples entiers se découvrent passe-murailles, les murs sont-ils autre chose que les éponges de
l’ennui?

STALACTITE

Paradoxe des stalactites : elles naissent où le mouvement s’interrompt quand leur vie est ce mouvement même. Elles sont l’image aiguë des contraires. Le grain lisse et rugueux
traduit bien ce temps qui les sculpte : il coule en se contractant et remonte à sa source en plongeant vers l’abîme. A regarder les stalactites barrer l’espace du dessous, je vois le
tracé d’existences allant de l’eau à la pierre et de l’air libre à la prison dont nous sommes les architectes.

Jean Orizet

SYNDROME ALBATROS – HUBERT- FELIX THIEFAINE


SYNDROME ALBATROS

HUBERT-FELIX THIEFAINE

Clown masqué décryptant les arcanes de la nuit
Dans les eaux troubles & noires des amours-commando
Tu croises des regards alourdis par l’oubli!
& des ombres affolées sous la terreur des mots
Toi qui voulait baiser la terre dans son ghetto
Tu en reviens meurtri, vidé par sa violence
& tu fuis ce vieux monstre à l’écaille indigo
Comme on fuit les cauchemars souterrains de l’enfance
De crise en délirium ; de fièvre en mélodrame
Franchissant la frontière aux fresques nécrophiles
Tu cherches dans les cercles où se perdent les âmes
Les amants fous, maudits, couchés sur le grésil
& dans le froid torride des heures écartelées
Tu retranscris l’enfer sur la braise de tes gammes
Fier de ton déshonneur de poète estropié
Tu jouis comme un phénix ivre-mort sous les flammes
Puis en busard blessé cerné par les corbeaux
Tu remontes vers l’azur, flashant de mille éclats
& malgré les brûlures qui t’écorchent la peau
Tu fixes dans les brumes : Terra Prohibida
Doux chaman en exil, interdit de sabbat
Tu pressens de là-haut les fastes à venir
Comme cette odeur de mort qui précède les combats
& marque le début des vocations martyres
Mais loin de ces orages, vibrant de solitude
T’inventes un labyrinthe aux couleurs d’arc-en-ciel
& tu t’en vas couler tes flots d’incertitude
Dans la bleue transparence d’un soleil torrentiel
Vois la fille océane des vagues providentielles
Qui t’appelle dans le vert des cathédrales marines
C’est une fille albatros, ta petite sœur jumelle
Qui t’appelle & te veut dans son rêve androgyne