La vérité du drame est dans ce pur espace qui règne entre la stance heureuse et l'abîme qu'elle côtoie : cet inapaisement total, ou cette ambiguïté suprême. Saint-john Perse
Aux bons soins d’une fleur de sentier un peu à la traîne des pressés, genre qui passe le pétale dans l’ocre, histoire de terre ce qu’elle a pas à cacher, un morceau de bois en orée et le va-et-vient des oiseaux, la pancarte absente d’une direction imposée, autant de crottes de lapin que si on vivait loin de l’aménagement d’entrée de ville, ses recoins de murs dans le derrière des églises, un marchand de glaces pour que les filles au passage se lichent, un chat sur le toit, ma main qui dessine et des enfants qui copinent avec Ernesto.
On est tout prêt de l’embarcadère
Le tour des Îles est rentré dans le hangar à bateaux jusqu’au prochain pass
Quand tout ira mieux qu’on aura fini par se lasser des footballeux, j’espère que je me rappellerai du visage de l’homme ordinaire, j’aime bien qu’il sente le métro, aussi le trottoir et de le voir le dimanche au marché prendre un bouquet d’anémones comble le souvenir de mon père d’assez d’ô pour que ça tienne le tant nécessaire. C’est vrai on manque de nouvelles. Je veux dire des bonnes.
Des plâtres d’où les bronzes sortiront qui saura ce qu’aura du gâcher l’auge, tous les matins n’ont pas le même coffrage ?
Au champignon de la carrière court l’espace de l’ancienne pierre
Depuis l’emballement du mouton de tête la cordée s’est défaite
Savoir le fond de pensée du ressenti qu’on dégage vis à vis de l’autre, au vu de ses approches, laisse de la place à bord de l’affinité
Des camions fous traversent pourtant la ligne médiane
Pareil des passages à niveaux
Les poissons qui remontent les écluses ne volent pas au-devant des serviettes de la plage, on en voit dans le midi qui s’attardent aux pores. Leurs voix de cigales encore plus bavarde qu’un roman fleuve
Des gitans viendraient d’un désert, atteler leurs guitares à la Corderie Royale de Rochefort, je reconnaîtrais la particularité nomade de ses seins et ses hanches sans effacer une seule secousse
Le grand panoramique du papier-peint de la silhouette de la femme qui m’inspire en plus des idées vives qui s’en dégage, a ces arômes sauvages d’un feu de camp, des vers pleins, des seins prémonitoires et le dos face à la charpente d’un lâché de ballons
AU COMMENCEMENT ETAIT…UNE NOUVELLE HISTOIRE DE L’HUMANITE
ESSAI DE DAVID GRAEBER ET DAVID WENGROW
Le défaut majeur des grands systèmes d’explication du monde n’est pas tant ce qu’ils (se) racontent des histoires mais qu’ils ne les remettent jamais en cause. Depuis Rousseau et le XVIII° siècle, expliquent David Graeber et David Wengrow dans « Au commencement était », l’épopée humaine a des des airs de fresque intouchable allant des petits groupes de chasseurs-cueilleurs – le fameux « état de nature » – jusqu’aux lourds Etats bureaucratiques et inégalitaires que nous connaissons aujourd’hui. Entre les deux, les chasseurs-cueilleurs auraient inventé l’agriculture, puis les villes, puis la société industrielle, complexifiant à chaque étape leur mode de vie et l’organisation politique, jusqu’à la démocratie.
CQFD ?
Pas tout à fait, répondent l’anthropologue (Graeber) et l’archéologue (Wengrow) : « Le fond du problème , c’est la lecture mythique de l’histoire mondiale qui s’est déployée au cours des derniers siècles(…). « Non seulement elle est irréconciliable avec les données brutes qui s’étalent sous nos yeux mais les interprétations et définitions qu’elle conforte sont clinquantes, défraîchies et désastreuses sur le plan politique ». Non, les chasseurs-cueilleurs ne vivaient pas toujours en groupes égalitaires et constamment en mouvement. Non, il n’y a pas eu de révolution agricole faisant basculer ces bons sauvages dans des sociétés sédentaires et inégalitaires.
Et, non la bascule technologique n’a pas entraîné partout une réorganisation bureaucratique des grands ensembles, fondée sur la violence d’Etat. Tout cela, découvre-t-on dans ce livre épais mais accessible, est caricatural et demande à être corrigé. Les découvertes archéologiques des trentes dernières années nous apprennent en effet que, de l’ouest des Etats-Unis à la Mésopotamie, l’Océanie ou l’Inde, les peuples qui nous ont précédés ont, eux aussi réfléchi à la façon dont ils voulaient s’organiser, pensé les problèmes posés par les disparités de pouvoir, les inégalités, le partage du temps de travail…Ils ont eux aussi fait de la politique. Et trouvé d’autres réponses que les nôtres, avançant, reculant, hésitant…
Plutôt que de figer leurs histoires dans des légendes mal plâtrées, nous devrions essayer de comprendre comment ils s’y sont pris. Et pourquoi, comment, un jour, les choses ont déraillé pour nous , jusqu’à nous enfermer dans un système mondial catastrophique pour l’environnement , incapable de réduire les inégalités et souvent brutal pour les liberté. Si nous faisons ce travail sur nous-mêmes, alors disent Graeber et Wengrow, tout redevient possible
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.