LES AMIS INCONNUS – JULES SUPERVIELLE/JAMES OLLIVIER


LES AMIS INCONNUS

JULES SUPERVIELLE/JAMES OLLIVIER

Il vous naît un poisson qui se met à tourner

Tout de suite au plus noir d’une lame profonde,

Il vous naît une étoile au-dessus de la tête,

Elle voudrait chanter mais ne peut faire mieux

Que ses sœurs de la nuit, les étoiles muettes.


Il vous naît un oiseau dans la force de l’âge ,

En plein vol, et cachant votre histoire en son cœur

Puisqu’il n’a que son cri d’oiseau pour la montrer.

Il vole sur les bois, se choisit une branche

Et s’y pose , on dirait qu’elle est comme les autres.


Où courent-ils ainsi ces lièvres, ces belettes,

Il n’est pas de chasseur encore dans la contrée ,

Et quelle peur les hante et les fait se hâter,

L’écureuil qui devient feuille et bois dans sa fuite,

La biche et le chevreuil soudain déconcertés ?


Il vous naît un ami et voilà qu’il vous cherche

Il ne connaîtra pas votre nom ni vos yeux

Mais il faudra qu’il soit touché comme les autres

Et loge dans son cœur d’étranges battements

Qui lui viennent des jours qu’il n’aura pas vécus.


Et vous , que faites-vous, ô visage troublé,

Par ces brusques passants, ces bêtes, ces oiseaux,

Vous qui vous demandez, vous, toujours sans nouvelles ,

« Si je croise jamais un des amis lointains

Au mal que je lui fis vais-je le reconnaître ? »


Pardon pour vous, pardon pour eux, pour le silence

Et les mots inconsidérés,

Pour les phrases venant de lèvres inconnues

Qui vous touchent de loin comme balles perdues,

Et pardon pour les fronts qui semblent oublieux.

Jules Supervielle

Les amis inconnus, 1934 – in Poètes d’Aujourd’hui, et Le Forçat innocent – Gallimard

LA CHAUME


LA CHAUME

Un oiseau regarde l’Atelier se promener sur la Chaume, porteur de ce vieil accord d’où émane ce qui fait la sérénité. Le soir tombe. La nuit vient embrasser le soleil et elle lui lira une histoire pour le faire rêver

Le silence n’a pas été dérangé aujourd’hui

La peinture qui sèche chantonne comme une femme que l’amour n’a pas lâché.

Niala-Loisobleu – 30 Décembre 2021

L’AJOUT TENDU


L’AJOUT TENDU

Echappée du buisson de ma tête la barbe des passages difficiles

la couleur de leur poitrail s’oppose au mur en catacombes sous terrain

glaciation pour une réserve d’ô au Mont-Bleu traduite en pigeonnier

Par la rue de la Gaieté ira naître la prochaine vague au lit de Port-Royal

le bassin du Luxembourg lave les affronts à sang degré là où Chagall s’exposait

pendant que le cerceau de la robe chevaline court devant un boulevard St-Michel

C’est le plus petit des moineaux qui garde à présent l’Atelier dans le grenier des miettes, la famille lui garde cette histoire impossible à croire sans cette lucide folie

Plus qu’une page derrière et le Génie fera des ronds de fumée en sortant une dernière fois de sa cruche avant de montrer son cul en passant

C’est beau cette innocence qui s’en balance.

Niala-Loisobleu – 30 Décembre 2021

LES BAVARDAGES D’UN PEU CAUSEUX 20


LES BAVARDAGES D’UN PEU CAUSEUX 20

Rayonnant l’atelier

L’année part au chant du soleil faire de nouvelles rencontres

Tout est à revoir

Il faut changer les habitudes périmées, quitter l’obsolète amour qui n’en peut plus de réinvestir à perte pour valoriser sa pierre en ce qui touche à son poli

Dans le bouillon de moule du chemin actuel, l’aigri n’est pas celui qui dénonce et encore moins le héros de guère

Ce sera autre mais pas encore à jeter…

Niala-Loisobleu – 30 Décembre 2021

LES BAVARDAGES D’UN PEU CAUSEUX 19


LES BAVARDAGES D’UN PEU CAUSEUX 19

Au matin qui s’avance on arrive à percevoir dans la nuit qui termine sa course une langue de sable assez grande pour séparer le foc de la grand-voile

Réguler l’erre du navire en extrayant du passé la moralité qu’on a manqué. il faut parfois des années pour sortir du pot-noir

C’est doux le sable, souviens-toi tu venais de quitter ton Paname pour t’installer à Vallières sur le rocher, où la crique des Pirates baignait à guérir

Katia, seins propices demeure à tendre la Voie Lactée d’un bout à l’autre des toiles et les méduses s’en sont allées voir à la Grande-Conche du Bd-Garnier

Toi aux Voûtes-du-Port à la criée des petits-bateaux renouant avec ton art

Les comptes étant faits, salut les emmerdes, bonjour la vie dans le sens du poil

on s’attache qu’à l’ancre pas à la vase

Basta les p’tits-concerts sans âme, reste dans la cage du lion pour garder ce fauve qui te prend à la gorge mais recharge d’assez d’énergie pour fendre la vague

Pi et son tigre voila qui sépare absolument de l’inutile.

Niala-Loisobleu – 30 Décembre 2021