JARDINS MINIMES PAR JACQUES IZOARD


JARDINS MINIMES PAR JACQUES IZOARD

Jardins de tonnelle et de buis. De cannelle ou d’osier. Jardins de Dive ou d’hirondelle. Jardins tapis. Jardins sous l’escalier liquide où dort le bon sommeil du mort. Jardins jaunis. J’y
trouve rotules de rouille, pieds bots blanchis, roses de papier, petits chapeaux de paille. Et la coque d’un navire pétrifié. Mais nul soulier n’y perd la jambe. Nulle main n’y perd
la paume. Nul œil n’y perd la vue. Le bleu tout nu dresse le pavois neuf du givre, l’épouvantail effiloché du froid. C’est un jardin dans un jardin: mes élèves y noient
les roses, nomment les parties du corps. Jardin de brou de noix. Jardin sans patois. J’y cache ma poupée minuscule et mon doigt droit, mon cœur de pierre. Jardin rond, boule d’ivoire
des dormeurs dévêtus. Jardin d’Ys et de pommes acides, de cerceaux troués, de glaïeuls entre les jambes. Bref, mille très petits jardins de Liège.

Serre des nains et des momies. Petite serre des vélos de papier. Très petit ermitage où s’aiment la houe et l’épieu. La menthe y tapisse le sang occulté. Je construis
dans la serre une autre serre plus verte, afin d’y respirer sans ombre, afin d’y loger mes pals et mes turbines. Mais les outils anciens demeurent vivaces, malgré l’agonie des couleurs,
malgré les jaunisse ments, les pâleurs, les étouffements. Se rétrécit la serre de l’œil, se vitrifie la main très blanche du jardinier. Poussent les
châteaux de sable auprès de la maison. Terrains vagues des miroirs perdus. Quelques faibles pantins sont assis sous la tonnelle et dans la serre. Us devisent. Ils se lèvent. Ils
mesurent leurs langues respectives, leurs membres courts. Un hibou géant occupe tout l’espace de la serre, tous le vide anéanti. Jardin qui meurt d’oubli se souvient des demoiselles
enceintes.

Mais nous avions treize ans près des balançoires. Mais nous mettions du rouge aux lèvres des pumas. Mais nous glissions l’ortie dans le froc de nos frères. Mais nous
étions ermites dans le creux du vieux chêne. Mais nous suivions les sentiers effacés, les bulles d’or des sarcelles, les liserons noirs des taupes. Mais nous enfilions nos gants
de neige. Nous étouffions l’herbe sous l’herbe. Nous dessinions de grands sommeils dans le parfum des roses. Nous hissions au grenier le jardin tout entier. Avec sa bouche d’humus bleu.
Avec le cœur de l’humus déchiré. Avec l’humus nu du puits perforé. Le léger jardin désuet montait dans l’haleine des plantes, avec le sifflement lisse des nageurs.
Et le chanvre usait la peau des pirates. Nous enfermions la chambre dans le jardin cousu.

Jardins éparpillés sur les doigts de la main. Jardins pleureurs ou jardins de cigognes. Jardins de Meuse ou de Semois. Jardins d’Aigarve avec les sourds mimosas des palabres. Jardin
de tempe ou d’omoplate. Étroits jardins des jambes faits de colle et d’empoix, de bouts de laine et d’étoffe. La ciguë tranche la gorge d’un voleur d’échasses. Jardin de
laitier. Jardin de curé. Ou jardin de jade au fond d’un gosier pâle, au fond d’un œil d’albâtre. Corps-verger que pillent les doigts, que lacèrent l’épine et la
faux. Jardin du photographe évanoui, jardin plié en quatre.

Mon jardin d’aveugle est-il un jardin sec? La violette estampille ma pâleur. La rose dévoie le chant obscur d’un laveur de vitres. Mais quel coquelicot déchire-t-il, ce
sosie-voyou? Quel chèvrefeuille dort dans le bonheur? Je longe un jardin minuscule, un jardin de puce. Et c’est l’averse dans le mille. C’est le jardin du dé.

jacques Izoard

Jamás Te Olvidaré – Mercedes Sosa/Marcela Morelo


Jamás Te Olvidaré – Mercedes Sosa/Marcela Morelo

Loin de la maison
Lejos de la casa

Ce qui me donne le manteau
Que me da el abrigo

ton nom me manque
Extraño tu nombre

Tu me manques mon amour
Te extraño, amor míoLa lune qui voyage
La luna que viaja

Au bord de la douce rivière
Por el manso río

Apportez votre regard
Trae tu mirada

Me remplit de soulagement
Me llena de alivioPourquoi là-bas
Porque allí

je l’ai embrassé
Lo besé

Et mon illusion grandit
Y creció mi ilusiónSeulement toi, seulement moi, le même amour
Solo tú, solo yo, un mismo amor

Parce que j’ai ri, parce que j’ai pleuré
Porque reí, porque lloré

Parce que j’ai voyagé avec ma solitude
Porque viajé con mi soledad

Je garde à l’esprit que je ne t’oublierai jamais
Tengo presente que jamás te olvidaréParce que j’ai ri, parce que j’ai pleuré
Porque reí, porque lloré

Parce que j’ai voyagé avec ma solitude
Porque viajé con mi soledad

Je garde à l’esprit que je ne t’oublierai jamais
Tengo presente que jamás te olvidaréEntre les coins
Entre los rincones

Qui niche mon âme
Que anida mi alma

il y a un mirage
Hay un espejismo

plein d’espoir
Lleno de esperanzaQuand enfin
Cuando, al fin

je l’ai embrassé
Lo besé

Et mon illusion grandit
Y creció mi ilusiónSeulement toi, seulement moi et le même amour
Solo tú, solo yo y un mismo amor

Parce que j’ai ri, parce que j’ai pleuré
Porque reí, porque lloré

Parce que j’ai voyagé avec ma solitude
Porque viajé con mi soledad

Je garde à l’esprit que je ne t’oublierai jamais
Tengo presente que jamás te olvidaréParce que j’ai ri, parce que j’ai pleuré
Porque reí, porque lloré

Parce que j’ai voyagé avec ma solitude
Porque viajé con mi soledad

Je garde à l’esprit que je ne t’oublierai jamais
Tengo presente que jamás te olvidaréUn jour enfin
Un día, al fin

Je serai de retour
Volveré

Avec ma vie et mon illusion
Con mi vida y mi ilusiónSeulement toi, seulement moi et le même amour
Solo tú, solo yo y un mismo amor

Parce que j’ai ri, parce que j’ai pleuré
Porque reí, porque lloré

Parce que j’ai voyagé avec ma solitude
Porque viajé con mi soledad

Je garde à l’esprit que je ne t’oublierai jamais
Tengo presente que jamás te olvidaréParce que j’ai ri, parce que j’ai pleuré
Porque reí, porque lloré

Parce que j’ai voyagé avec ma solitude
Porque viajé con mi soledad

Je garde à l’esprit que je ne t’oublierai jamais
Tengo presente que jamás te olvidaré

Source : Musixmatch

PLANCHE A LAVER


PLANCHE A LAVER

Les moutons que les yeux peignent un bout de soleil dans les yeux

au bout du chemin un ventail de fenêtre en radioscopie poitrinaire pardessus les murs de l’impasse

appuie le tétin écrasé contre les lunettes qui ne demandent qu’à sortir de l’étui du quotidien

L a marguerite est sortie faire un tour respirer de quoi se laver la blancheur

c’est retrouver l’atmosphère qui ouatera ce que j’préfère

comme par exemple un chemin non essarté qui n’impose pas de sens et contre le rondin qui palisse le bruit des vagues que les oiseaux viennent poser

En lavant les dents du râteau ce qu’on recueille tient les sueurs du jardin comme un fond de culotte d’été.

Niala-Loisobleu – 3 Décembre 2021

LIVRAISON AVANCEE


LIVRAISON AVANCEE

L’enfant se lève

ô surprise dans ses chaussons un bout de rail

cadeau de Noël avec un simple mot

 » Suis débordé, excuse-moi, je passais dans ta rue alors j’en ai profité. Avec les problèmes que la Chine me pose, impossible de satisfaire vos demandes. Tu avais demandé un train-électrique, je n’ai trouvé qu’un morceau de rail et un tunnel. Mais je pense que ça t’apprendra comment un train foctionne aujourd’hui. Un tronçon et la montagne à franchir en cherchant par quel moyen s’en sortir »…

Signé: Ton Nono

Niala-Loisobleu – 3 Décembre 2021

DANS LE CREUX VAGUE


DANS LE CREUX VAGUE

Embrouille végétale dans laquelle se confondent les ronces et la soie du pétale

un peu trop de désintérêt que la déception pousse

Il suffit de choses naturelles si simples pour que tout se mette en place

Ôte sa branche à l’oiseau et il bat de l’aile, sans goût pour un jeu en partage avec le vent

Contre le mur de la cabane la tristesse des fleurs pâles boit l’odeur de l’intérêt de la couleur de tout…

Niala-Loisobleu -3 Décembre 2021