DON QUICHOTTE – NAZIM HIKMET


DON QUICHOTTE – NAZIM HIKMET

“Le chevalier de l’éternelle jeunesse
Suivit, vers la cinquantaine,
La raison qui battait dans son coeur.
Il partit un beau matin de juillet
Pour conquérir le beau, le vrai et le juste.
Devant lui c’était le monde
Avec ses géants absurdes et abjects
Et sous lui c’était la Rossinante
Triste et héroïque.

Je sais,
Une fois qu’on tombe dans cette passion
Et qu’on a un coeur d’un poids respectable
Il n’y a rien à faire, mon Don Quichotte, rien à faire,
Il faut se battre avec les moulins à vent.

Tu as raison,
Dulcinée est la plus belle femme du monde,
Bien sûr qu’il fallait crier cela
à la figure des petits marchands de rien du tout,
Bien sûr qu’ils devaient se jeter sur toi
Et te rouer de coups,
Mais tu es l’invincible chevalier de la soif
Tu continueras à vivre comme une flamme
Dans ta lourde coquille de fer
Et Dulcinée sera chaque jour plus belle.”

NAZIM HIKMET

PRESENCE DOUBLE-FACE


PRESENCE DOUBLE-FACE

Du côté clair je me promène à travers la lumière ajoutée

quelques roses en touches sur les bitumes démarrés noirs

parmi les grains d’une folie omniprésente rangée dans la panière tirée des brumes

carafon siège de l’ambre de vigne sur le bord de fenêtre du soir de chauffe

Quand je suis sorti de l’embouteillage où j’ai laissé mon Paname devenir invivable

la pureté du ciel inestimable comme disait mon père en ouvrant les volets sur les dunes

tient ma fidélité pour témoin, il m’en a fait l’héritier comme de son esprit plus pétillant qu’un vain

La Chaume dans la froidure garde un penchant côté-sud pour le raisin, le tuf, la tuile romaine avec la flamme qui prend la terre pour mûrir la tomette

Ce qui fait de mon jardin le havre de maintenance pour le regard sur le fond des choses

Les yeux dans le bois d’amour comme les charançons dans le vieux-meuble sentant l’abeille

L’étable de ferme dans le grenier à foin prend le peint et le sel sous l’édredon pour transpirer les sens

Noël m’a fait perdre la peur qui tourne vers la croyance de sauvetage, ces bougies de rues sales qu’on allume pour aveugler sans m’en défier m’élèvent à la lumière solaire du coeur sans intermédiaire

La musique est belle à toute heure

La main tendue dans la persévérance encore plus libre de ses convictions

Surtout en ne se tournant pas vers la vente des enfants

L’humanisme est un acte permanent qui fait l’économie de voeux en épargnant les forêts du tronçonnage à pâte-à-papier, je vous respire, mes Frères, le geste barrière dans l’espoir d’un vivre sans masque.

Niala-Loisobleu – 19 Décembre 201

LES BAVARDAGES D’UN PAS CAUSEUX 10


LES BAVARDAGES D’UN PAS CAUSEUX 10

Toutes ces fleurs qui naissent de bouses semées des hordes gardées, herbe longue pour infuser, la maison lotie dedans

Montent l’arbre à la racine du ventre qui y escale

Dans les feuilles non tombées d’un ciel d’essences

L’oiseau accroche l’étui de son bandonéon à la plus grosse branche

Au goulet du resserrement des cuisses, l’estuaire frémit

Mêlée au brun d’iode de l’odeur du port, l’haleine du barrio sort sur le devant de l’apporte

Le peintre fou pas né d’un Dimanche a dressé son chevalet

Dans les fragrances d’un désir bio la Muse s’y trempe dans son divin liquide

L’instrument s’étire

L’horizon, long rang de troncs en mâts, met le large en frontispice sur une ligne de flottaison franche dans son râle

Que reste-t-il des croisades sanguinaires à part l’Amour Courtois ? me dit le dernier Chevalier revenu à pied partager la Chanson de Geste, après avoir franchi la douve

La forêt de Notre-Dame ne connaîtra pas l’insulte de la poutraison qui ne se ferait pas à l’authentique

Dernière pleine-lune au devant.

Niala-Loisobleu – 19 Décembre 2021