La vérité du drame est dans ce pur espace qui règne entre la stance heureuse et l'abîme qu'elle côtoie : cet inapaisement total, ou cette ambiguïté suprême. Saint-john Perse
L’imaginaire était une tête brûlée de Baphomet guettée par le bourreau,
L’exil, le noyau dur d’une comète sans espace, épouvantail favori
des corbeaux. Je me souviens de natures mortes en attente du coup de grâce Où gisait une poule faisane au milieu d’une conjuration de cristaux,
de raisin, de cuivres, d’étincelles. Le temps, en ce temps-là, ne faisait pas d’usage. J’en jetais par poignées aux musiciens errants, L’aveugle avec son chien dépeçait mon présent. Dieu débordait, vin fou, du pressoir des orages. Je me faufilais à grandes aiguillées en direction du Centre, point
d’ancrage De l’âme en perpétuelle invention d’elle-même. Le verbe sur le gouffre osait des passerelles Si vertigineuses que le siècle pourtant porté sur la déprime Refusait d’avancer en dépit des menaces, des promesses, des banderilles.
En marge, ayant vécu ici ou là par défaut
Dans le refus des filiations et des paternités,
Le dos au mur à l’extrémité de l’impasse,
Je contemplais l’inexistence sans limites,
Déporté volontaire au goulag du poème
Avec les droits communs de l’immortalité.
Au marché noir, la mort vendait des yeux en solde,
Des bagues où nageaient des poisons délurés,
Sur le sable, l’Histoire jouait aux osselets, buvant pour oublier.
D’autres neiges, d’autres indéchiffrables bruits de pas M’accompagnaient au sein d’une cohorte de mages, de soufis, de sibylles, de lunatiques
(Car je n’eus jamais d’amis qu’hérétiques)
Vers les confins qu’illuminait le suicide des dieux immolés par le feu.
Le non-dit trouverait-il ailleurs son origine ?
L’œuvre consistait à traduire en poésie, langue étrangère au sein de
toute langue, Qu’elle magnifie et corrompt. Les dernières paroles du Millénaire agonisant. Les mots prenaient les mots en otage. Les exorcistes rentraient tard. Quelque part le sang coulait, inutilement rouge dans le noir.
Comment encore reconnaître ce que fut la douce vie ? En contemplant peut-être dans ma paume l’imagerie de ces lignes et de ces rides que l’on entretient en fermant sur le vide cette main de rien.
Passe en ce jour idoine l’inconnu du nombre de toiles attelé au vieux cheval depuis les décennies où mon père lui mit le pied à l’étrier. Mousse blanche de l’aubier qui entre l’écorce et le bois croît aux branches comme le sperme que l’arbre éjacule pour parvenir au fruit
L’os ferme et la moelle plus sensuelle qu’un méplat de poitrine à l’approche du canyon ne casse pas dans des colères
De tous aucun des ateliers n’a mis la paume de taire à l’écrasé
Les tours de manivelle donnés aujourd’hui à ma mémoire ont tous conclus au besoin de remonter la toile au chevalet sans cesser de prolonger le cours du fleuve, le vol de l’oiseau, le labourage du cheval et l’élan du chien à la trace de ce qui vit
On perd ce qui n’est qu’attaché au vent
on garde ce qui part de la racine
Le broyé n’est qu’un concours d’incompréhension, l’inadvertance d’un composant de hasard, le vrai franchit jusqu’au trou dernier fermé d’une dalle, luciole plus lumineuse qu’un mot de billet de contrefaçon
Ce qui ramène au départ a le beau de la genèse non lancée à la mer mais navigable
Folie merveilleuse que le raisonnable ne peut dévoyer, comme elle récuse les impressions non séparées de l’abstrait qui tient de l’Art la générosité du beau
Mystère préservé par l’innocence qui ignore les questions subsidiaires et traduit en clair le langage ésotérique.
Ligneux déploiement des reins qu’une mouvance en sommeil retient
les pierres rondes refusent encore la taille excavatrice du couvert en argent
là où une simple trace de mouvement accouplé nage dans le bassin d’un reflet de lune
Verger demeuré qu’un mélange de couleurs fruitières fixe sans objectif de production intensive
il était un ciel azuréen avant que les sables à lapin soit vomis des terriers
l’héritage des garrigues m’a choisi
souviens-toi la barque chargeait les amphores d’huiles dont le nom s’est perdu en naufrage. Cet oiseau au regard manuel comme il te caressait des yeux pendant que tu écrivais avec l’une de ses plumes. En petits éclats de mosaïque l’étendue plane montait des spectacles d’eau pour rafraîchir les doigts des guitaristes quand le petit matin proche asseyait les danseurs. Demande-moi où se trouve le marais-salant des enfants à barbe blanche qui n’auraient pas eu idée de jouer au soldat, je ne désarmerai pas de t’y conduire…
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