LE JARDIN QUI PASSE


LE JARDIN QUI PASSE

Du poirier qui s’est éloigné de la claie

je vois un corsage ombellifère s’ouvrir au vent

lâché de montgolfières

seins qui quittent taire

le cheval sauvage est pris au lasso

sur le croassement des grenouilles je monte à cru jusqu’au tertre

quand la mésange bleue aura fini de retisser le ciel sur son métier de haute haleine

la grenaille des limes dans l’étau

je laisserai mes mains repriser les douves pour tenir le rempart en anneau aux amarres

Le jardin passe

espèce de navette entre le monde ordinaire et la refonte des canons pour sentir tes nymphes en baume.

Niala-Loisobleu – 6 Décembre 2021

LA PATIENCE PAR PHILIPPE JACCOTTET


Philippe Jaccottet

LA PATIENCE PAR PHILIPPE JACCOTTET

Dans les cartes à jouer abattues sous la lampe

comme les papillons écroulés poussiéreux,

à travers le tapis de table et la fumée,

je vois ce qu’il vaut mieux ne pas voir affleurer

lorsque le tintement de l’heure dans les verres

annonce une nouvelle insomnie, la croissante

peur d’avoir peur dans le resserrement du temps,

l’usure du corps, l’éloignement des défenseurs.

Le vieil homme écarte les images passées

et, non sans réprimer un tremblement, regarde

la pluie glacée pousser la porte du jardin.

Philippe Jaccottet

ATELIER ET MURMURES


ATELIER ET MURMURES

D’un doigt qui fouille dans ses cordes à la recherche du trottoir au soleil, ô mon d’yeux ici l’agapanthe en passant, a porté haut ce mystère qui fait d’un rien tomber à genoux sans besoin d’autre chose

La rue de l’auvergnat est bien de celles-là

large comme l’escalier toujours de service aux trois coups

Puis à mi-rampe avant que la flèche ne commence à percer, apparaissent des bras chauds, une poitrine opulente, un ventre où la trace de liquide amniotique nage à jamais

Sous le tablier à carreaux les bâtonnets sont venus en file indienne pour apprendre à lire. Dans la cour à pigeon-vole la récréation en faisant la ronde ne cherchait rien à cacher. Et par-dessus le mur des genres j’ai vu à fond de cale dans ton petit-bateau pointer la terre promise

Alors le cheval a réglé son tirant d’ô sur le sillon perpétuel.

Niala-Loisobleu – 6 Décembre 2021

NADA – Mercedes Sosa/Maria Graña


Nada – Mercedes Sosa/Maria Graña

je suis venu chez toi
He llegado hasta tu casa

je ne sais pas comment je pourrais
Yo no sé cómo he podido

S’ils m’ont dit que vous n’êtes pas
Si me han dicho que no estás

Que tu ne reviendras jamais
Que ya nunca volverás

S’ils me disaient que tu es parti
Si me han dicho que te has ido

Combien de brouillard est dans mon âme
Cuánta niebla hay en mi alma

Quel silence est à ta porte
Qué silencio hay en tu puerta

En atteignant le seuil un cadenas de douleur
Al llegar hasta el umbral un candado de dolor

Mon coeur s’est arrêté
Me detuvo el corazón

Rien, rien ne reste dans ta maison natale
Nada, nada queda en tu casa natal

Seulement des toiles d’araignées que le yuyal tisse
Solo telarañas que teje el yuyal

Le rosier n’existe pas non plus
El rosal tampoco existe

Et c’est sûr qu’il est mort quand tu es parti
Y es seguro que se ha muerto al irte tú

Tout est une croix
Todo es una cruz

Rien, rien que de la tristesse et de l’immobilité
Nada, nada más que tristeza y quietud

Personne pour te dire si tu vis encore
Nadie que te diga si vives aún

Où es-tu?
¿Dónde estás?

Pour te dire qu’aujourd’hui je suis revenu repentant
Para decirte que hoy he vuelto arrepentida

À chercher
A buscar

Ton amour
Tu amorje suis déjà loin de chez toi
Ya me alejo de tu casa

Et je pars, je ne sais même pas où
Y me voy yo ni sé dónde

Sans vouloir te dire « au revoir »
Sin querer te digo « adiós »

Et même l’écho de ta voix
Y hasta el eco de tu voz

Sorti de nulle part, il me répond
De la nada me responde

Sur la croix de ton cadenas
En la cruz de tu candado

Pour ta douleur j’ai prié
Por tu pena yo he rezado

Et il a roulé sur ta porte
Y ha rodado en tu portón

Une larme transformée en fleur
Una lágrima hecha flor

De mon pauvre coeur
De mi pobre corazón

Rien, rien ne reste dans ta maison natale
Nada, nada queda en tu casa natal

Seulement des toiles d’araignées que le yuyal tisse
Solo telarañas que teje el yuyal

Et le rosier n’existe pas non plus
Y el rosal tampoco existe

Et c’est sûr qu’il est mort quand tu es parti
Y es seguro que se ha muerto al irte tú

Tout est une croix
Todo es una cruz

Rien, rien que de la tristesse et de l’immobilité
Nada, nada más que tristeza y quietud

Personne pour me dire si tu vis encore
Nadie que me diga si vives aúnOù es-tu?
¿Dónde estás?

Pour te dire qu’aujourd’hui je suis revenu repentant
Para decirte que hoy he vuelto arrepentida

À chercher
A buscar

Ton amour
Tu amor

je suis venu chez toi
He llegado hasta tu casa

Ton amour
Tu amor

Source : Musixmatch

Paroliers : J. Dames / H. Sanguinetti / Muharran

REMINISCENCE PATCHOULI


REMINISCENCE PATCHOULI

Le sol est sec, sur le bord du toit là-bas peut-être est-ce un point d’aube qui montre sa roue

La lumière électrique de mon subconscient vient d’éclairer les cris de Vincent en dressant sa bande d’iris

St-Rémy je me souviens du chant des cigales

Arles et la maison jaune

Sur sa chaise un bout d’oreille

Me donne à entendre…

Niala-Loisobleu – 6 Décembre 2021