EDWARD MUNCH


EDWARD MUNCH

Flottaison confondue en une seule ligne

la mer adoube le ciel d’une seule couleur

Femmes-baigneuses

venues du sel

bec de corail

déhanché d’anémones

éponge vaginale

estrans poitrinaires

le cri sorti de l’eau nage en corps

jusqu’au bout du tapis-volant sur les villages-blancs

Trois nuages en ballons-captifs suivent sur leur écran l’évolution de la menstrue

et sous l’épave d’une histoire d’amour l’amphore intacte contient le génie de la retrouvaille

Un nord couleur de troll à la boussole

je vais et je viens réaliste

dans la palette des bleus outre-mer

sur mon cheval-drakkar au galop explorateur

en viking du sud à la porte du toril.

Niala-Loisobleu – 25 Novembre 2022


UNE ÉPOQUE CHARNIÈRE

PAR MARC ALYN

L’imaginaire était une tête brûlée de
Baphomet guettée par le bourreau,

L’exil, le noyau dur d’une comète sans espace, épouvantail favori

des corbeaux.
Je me souviens de natures mortes en attente du coup de grâce
Où gisait une poule faisane au milieu d’une conjuration de cristaux,

de raisin, de cuivres, d’étincelles.
Le temps, en ce temps-là, ne faisait pas d’usage.
J’en jetais par poignées aux musiciens errants,
L’aveugle avec son chien dépeçait mon présent.
Dieu débordait, vin fou, du pressoir des orages.
Je me faufilais à grandes aiguillées en direction du
Centre, point

d’ancrage
De l’âme en perpétuelle invention d’elle-même.
Le verbe sur le gouffre osait des passerelles
Si vertigineuses que le siècle pourtant porté sur la déprime
Refusait d’avancer en dépit des menaces, des promesses, des banderilles.

En marge, ayant vécu ici ou là par défaut

Dans le refus des filiations et des paternités,

Le dos au mur à l’extrémité de l’impasse,

Je contemplais l’inexistence sans limites,

Déporté volontaire au goulag du poème

Avec les droits communs de l’immortalité.

Au marché noir, la mort vendait des yeux en solde,

Des bagues où nageaient des poisons délurés,

Sur le sable, l’Histoire jouait aux osselets, buvant pour oublier.

D’autres neiges, d’autres indéchiffrables bruits de pas
M’accompagnaient au sein d’une cohorte de mages, de soufis, de sibylles, de lunatiques

(Car je n’eus jamais d’amis qu’hérétiques)

Vers les confins qu’illuminait le suicide des dieux immolés par le feu.

Le non-dit trouverait-il ailleurs son origine ?

L’œuvre consistait à traduire en poésie, langue étrangère au sein de

toute langue,
Qu’elle magnifie et corrompt.
Les dernières paroles du
Millénaire agonisant.
Les mots prenaient les mots en otage.
Les exorcistes rentraient tard.
Quelque part le sang coulait, inutilement rouge dans le noir.

MarcAlyn


COMMENT ENCORE RECONNAITRE

PAR RAINER MARIA RILKE

Comment encore reconnaître
ce que fut la douce vie ?
En contemplant peut-être
dans ma paume l’imagerie
de ces lignes et de ces rides
que l’on entretient
en fermant sur le vide
cette main de rien.

Rainer Maria Rilke