A MA ZONIE


A MA ZONIE

Quelques enfants nus traversent la mer, je descends d’un cargo sur le quai où des dockers peignent des oiseaux sans barreaux

Le marchand de chaussures me propose des palmes pour visiter la baie

Des femmes ondulent, l’accordéon déroule leurs hanches sur le chemin de l’école de samba

Loin de vent

un chien me suit

un grand fleuve serpente pour les pauvres en évaporant sa richesse à l’écart des chercheurs d’or

Respire

et tire les yeux sur la couleur indienne des corps sans voiles

un reste tribal est protégé par l’Arbre à Médecine qui marche à la pagaie

Des fleurs du début à l’enseigne de la forêt-vierge dans le vase de la grande lèvre du Chef.

Niala-Loisobleu – 20 Juin 2022

FORMES DE L’ANAGRAMME


PAR MICHELLE GRANGAUD

ODILON REDON

FORMES DE L’ANAGRAMME PAR MICHELLE GRANGAUD

Isidore
Ducasse comte de
Lautréamont

méduse l’auditoire mets sac à côté nord et mise du crocodile dans ta mare ouest démode du croissant au court à demi est toast à taire consomme le
décideur sud sors ta mince camelote du désert oui-da monte maturité à la corde cuisse de dos

conduis le sommet au
Tati à créer de dos accoutume-toise : méditer salades nord détourne-toi du commerce assis là et da contracte l’idiome dur de masse à ouest comme sa décision
dérate ta rotule sud adulte du sans mémoire accorde-toi est

situe dam le contour de ma croisade est conte le traumatisme coi du rasé de dos modèle de saut ton moi si caractère sud miette accumule des oasis radote nord admets le concert du
soir à mardi ouest immole ton étude s’écrit courses à dada

commente la cause sois de tout
Derrida souris au médicament coloré daté d’est décide des mots à courir l’amante ouest acclame ton truisme au soir d’été de dos

couds la tête assidue mérite coma nord incise ta dermatose morale de coût sud

et commande l’écriteau d’os à sortie sud considère la tasse comme toiture du da cuis le camaïeu de mots et torsade nord accommode l’autorité de sardine
US est commets la couture de raisin à et de dos décommande aussi le tricot rade ouest

cascade la moto de dire terminus ouest déçois le las à trou de commentaire sud acclimate ton trousseau de rime de dos soude la contumace d’iris motte réséda cuisine de
coteau mords le matador est détruis cocotte malade au messie nord

décroise la sciée du tam-tam nord-ouest amortis le roc est ce demain d’ouate sud tic tiré da essore la communauté de dos

Raymond
Queneau ou l’oignon de
Moebius

On rime do, soigne ma nuque, double noyau,
Une ouïe d’embryon la souda, gnomonique
Non né d’audible mosaïque, gourou moyen
Ou mi-badge au
Numide, noyons l’Orénoque.
Une monogéoludique m’a boudiné rayons
Du globe maya un soir monodoué quenine !

Or, nid mou ou mou, bégayons de la quenine.
Sème, ma gonodoque, un rien d’oubli.
Noyau,
Un duodégnome oblique au moi en rayons,
Idem ondoyons rue l’aube au gnomonique —
Un nu, oui-da : on gomme sa
Libye d’Orénoque
Ou la nonne d’amour es bigoudique moyen.

Qu’on nous doue la big âme noire du moyen.
Boy du gonodrome au sein mou, laque
Nine.
Nue. sa momie au nylon du
Gobi d’Orénoque !
On masque le bourdon — neige-moi du noyau,
Où à une myriade, son double gnomonique
M’ennuie, d’où, on boude ma logique.
Rayons

Au menu — nœud monodique oblige — ‘rayons’
Où souque la bigamie non ronde — du moyen
Nie le doudou; embrayons au gnomonique;
Un boa du
Sodome y go, more, à l’unique
Nine,
Ninon, ma gourde moqueuse, bolide noyau
Bigle au duo mou, mayonnaise d’Orénoque.

Ysabeau mouline du moignon d’Orénoque,
Ondée du on, genou maboulimique, rayons,
Mon aine ombreuse qui gondole du noyau,
Ma sourdine, ou bouée d’Algonquin moyen,
Monogyne amadou d’où s’éblouir quenine,
Rude madone, un soi, le boyau gnomonique.

Soudure, aboulie d’anonyme gnomonique,
Digue, bain mou, s’y adonne mou, l’Orénoque.
Origène, son bayou doum-doum la quenine.
Midi, eunuque abondé, monologue rayons.
Moule, on burine sa gonade — quoi du moyen ?
Rôde, ô muqueuse mignonne d’aboli noyau

De l’amour en noyau boisé du gnomonique,
Bague au
Nil, dominos du
Moyen-Orénoque,
Monde ou rayons du moi, bouge la quenine.

Michelle Grangaud

NOUS LES CHANTEURS LEPREUX PAR LUCIAN BLAGA


ODILON REDON

NOUS LES CHANTEURS LEPREUX

PAR LUCIAN BLAGA

Consumés par nos blessures secrètes nous traversons le siècle.
Rarement nous levons encore nos regards
vers les rivages verdoyants du paradis,
ensuite nous baissons la tête encore plus tristes qu’avant.
Pour nous le ciel est verrouillé et verrouillées sont les cités.
En vain les chevreuils viennent boire dans nos mains,
en vain les chiens s’agenouillent devant nous,
nous sommes désespérément seuls au mitan de la nuit.
Amis qui m’accompagnez,
buvez du vin, réchauffez-vous,
répandez vos regards sur les choses.
Nous ne sommes que des porteurs de chants
sous le noir terreau des cieux,
rien que des porteurs de chants
devant la fermeture des portails,
mais nos filles enfanteront Dieu
ici même où la solitude aujourd’hui nous tue.

Lucian Blaga

(L’étoile la plus triste ; traduit du roumain par Sanda Stolojan)

Peindre de l’Ex-Île – Marc Chagall


Peindre de l’Ex-Île – Marc Chagall

Torpeur

l’état d’esprit en canicule glace son accueil

cette oeuvre de Chagall s’adapte à merveille au cynisme des sièges vides d’un lendemain d’appel à l’unité de chaises musicales

Le thermomètre implose dans l’épaisse couche de neige

choix bleu-blanc-rouge

d’un exil d’amour d’hier dans lequel la palette est devenue muette

Le coq écarte l’enfant du prêche pendant que l’attelage du traîneau file vers la lune espérer ne pas tout perdre

Dernier réflexe.de l’absence de prévoyance agrandi de l’abandon civique agrandi.

Que peindre à conter d’aujourd’hui ?

Niala-Loisobleu – 20 Juin 2022

NIVEAU SOUS


NIVEAU SOUS

Regard plombé au sol les cinq ans qui viennent vont montrer plus de fleurs fanées que de boutons

Aucune surprise

Quand on est sourd et aveugle on ne postule pas pour conduire…

Niala-Loisobleu – 20 Juin 2022

DE VENT FACE


DE VENT FACE

Des yeux où un signe de réconfort passe l’inquiétude du désordre est bloquée. Le plomb est diminué. Ce n’est qu’en fin de journée que les orages pourraient attaquer

Par la porte ouverte la mer entre ramasser les maillots

Sur les tiges de leur texte d’écriture l’horizon dégage de quoi

voir de vent

Respirable effet bouclier au sentiment pacifique qui ajourne la pépie désabonnée

L’oiseau tourné vers le bassin se perche sur le courant-porteur qui mène à l’archipel de l’absolu.

Niala-Loisobleu – 19 Juin 2022

L’ART DE FAIRE AVEC


L’ART DE FAIRE AVEC

Nuit errante sur une voie encombrée cherchant un couloir d’air

Peu au menu du jour jusqu’à l’apparition des menthes, fraîches de ressources par la richesse d’écriture

Une lettre effaçant toute seule l’ennui mortel de la chaleur sans chair

voilà du sang qui revient battre au pouls pour réhydrater les pensées créatives

Les vigueurs colériques du vent mettant les arbres à l’horizontale se voient opposer un bouclier pacifique

qui étourdira certainement le sens de cet ultime vote mais m’aura embrassé de visions autres sortant de la tornade

L’atelier reste abordable par télépathie

le tapis décollant du silence

Ces couleurs aux seins ronds et aux callipyges intentions dressent l’inerte de leur rosée métaphysique

Le Peintre est aux fenêtres de la mer, embarqué grand bain.

Niala-Loisobleu – 19 Juin 2022

BAINS AUX PORES


PiERRE BONNARD

BAINS AUX PORES

Plongé dans le noir du feu climatique d’un dehors égaré, je ramène mes yeux aux pores d’une fraîcheur tenue à l’anneau céleste de l’espoir capable de métamorphose.

L’ombre est brûlante à son tour, reste que la lumière interne pour trouver le point d’eau

Alors j’allume ton corps de cette fraîcheur qui ne connaît pas l’âge par une peau qui colle de source

L’oiseau y demeure

mousse humide avec vue sur l’ailleurs

au bord des arbres imprimés de fruits exotiques

quelques cases posées sur un lit de palmes aux hanches mettant de la musique

et un sorcier porteur-d’eau faisant la noria au sein de la cantine des enfants studieux

j’éteins pas ta toilette pour ce qu’elle lave.

Niala-Loisobleu – 18 Juin 2022

NUIT D’ÉTÉ PAR ANNE HÉBERT


NUIT D’ÉTÉ PAR ANNE HÉBERT

La ville entière dans sa clameur nocturne
Déferle en lames sonores

Passant par les hautes fenêtres de la canicule
La basse des rockeurs accompagne sourdement
Le
Salve
Regina des
Intégristes

Rires paroles incohérentes chuchotements
Vrombissements et pétarades

Odeurs odeurs fortes à mourir
Poussières et cendres étouffantes
Pollens volants et chats errants

Les petites vieilles qu’on torture et qu’on assassine

Dans des chambres fermées

Demeurent secrètes et cachées

Jusqu’à la fin

Sans aucun cri perceptible

Dans la ville noire tonitruante

Foires des nuits orageuses

Garçons et filles se flairent

Dans des touffeurs d’étuve

Trafiquent l’amour et la drogue

Sous le néon strident

Sous la voûte sombre des ruelles

Tandis qu’au ciel sans lune ni soleil

Des devins obscurs leur promettent l’étoile parfaite

Délices et mort confondues en un seul éclair.

Anne Hébert