RETINE AU PASSAGE


RETINE AU PASSAGE

Au passage le genou s’arrête pour écouter sonner la cloche de la bouée du chenal. Ramenant du fond de sa mémoire le nombre d’oiseaux qui faisaient halte là avant d’atteindre l’île. Les pêcheurs partis les premiers revenant à la criée déposer leur butin. En fin de semaine ils croisaient des petits-baigneurs sur un premier bain matinal de décrassage. Sur le lieu de vieilles batailles navales des épaves parfois lâchaient des bulles quand un poulpe ouvraient la malle au trésor. Je me rappelle un carré d’artichauts à côté de plants d’oignons où j’avais installé mon camp d’été à la pointe du Château. C’était l’amour fou qui fait partir loin avec rien pour ne pas être retenu. En plus elle était pucelle…..imagine…

Jamais mangé autant de berniques, et le camping sauvage était naturellement toléré. Oui j’ai été Robinson en Bretagne au temps où la sardine était encore mise en boîte par des ouvrières en coiffe. Le Dimanche elles ne manquaient pas un pardon pour tenir leur corps en bonne santé. Sitôt le curé rentré, la lande devenait le plus grand bobinard de confesse. La nature sans sermon donnait le meilleur rendement.

En passant par le vieux-pont qui mène au port j’ai rencontré mon Capitaine. Il est comme une fenêtre pour moi.

On s’est d’abord assis sur un tas de filets pour vérifier la trémaille. Le gosse avait pas changé. Au point que je me suis dit que la mort l’avait pas vieilli. J’ai pensé qu’elle use plus les vivants qui la vivent que les morts entrés dedans.

Je lui ai raconté les fuites de l’existence depuis qu’il est parti en lui disant Petit-Frère, je m’en tire parce que je continue de naviguer avec toi. La vie est une pêche plus miraculeuse qu’avant, mais faut entretenir ses lignes car le matériel d’aujoud’hui vaut plus rien.

Niala-Loisobleu – 14 Juin 2022

2 réflexions sur “RETINE AU PASSAGE

Les commentaires sont fermés.