
FALAISE – EUGENIO MONTALE
Comme un éboulis musical
s’éloigne le son, il dévale.
Avec lui se dispersent les voix
réunies aux volutes
arides des crevasses ;
le gémissement des pentes,
entre les vignes que l’entrelacs
des racines enserre.
La falaise n’a plus de sentes,
les mains s’agrippent aux branches
des pins nains ; puis tremble
et décroît la lueur du jour ;
un ordre descend qui dégage
de leurs limites
les choses qui ne demandent
qu’à durer désormais, à persister,
avec tout leur content de labeurs infini ;
un écroulement de pierraille qui du ciel
s’abîme sur les rives…
Dans le soir qui s’étend à peine, arrive
un hurlement de cor, il se disloque.
Eugenio Montale
Extrait: Os de Seiche
/ traduit de l’italien par Patrice Angelini
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