La vérité du drame est dans ce pur espace qui règne entre la stance heureuse et l'abîme qu'elle côtoie : cet inapaisement total, ou cette ambiguïté suprême. Saint-john Perse
A PERTE DE VUE DANS LE SENS DE MON CORPS PAR PAUL ELUARD
Sous les arbres toutes leurs branches toutes leurs
feuilles L’herbe à la base les rochers et les maisons en masse Au loin la mer que ton œil baigne
Ces images d’un jour après l’autre Les vices les vertus tellement imparfaits
La transparence des passants dans les rues de
hasard Et les passantes exhalées par tes recherches obstinées Tes idées fixes au cœur de plomb aux lèvres vierges Les vices les vertus tellement imparfaits La ressemblance des regards de permission avec les
yeux que tu conquis La confusion des corps des lassitudes des ardeurs L’imitation des mots des attitudes des idées Les vices les vertus tellement imparfaits
Je suis né en avril de l’an soixante-dix Sur une scène de Nantes, maudit que c’était bien D’une phrase lancée du fond d’une coulisse Autour de dix-sept heures, la guitare à la main
Il est venu de loin, chanter les grands espaces Les misères de l’homme et son frère le loup Il a dit la colère, il a donné l’audace Qui allait m’emporter dans l’aventure itou
Et sur notre sentier de neige et de froidure Entre lacs et forêts, montagnes et déserts Il a guidé mes pas à travers les mouillures Pour qu’à mon tour je puisse atteindre enfin la mer
Des années de départs et puis de retrouvailles De leçons engrangées malgré les poudreries C’est peut-être bien peu mais c’est mon héritage Mes seules vraies richesses, ma seule académie
Il faut vivre de rêves en étant bohémien Jamais oui, jamais non, plus souvent non que oui Jusqu’au soir de sa vie, rester un collégien Et ne rien accepter de facile, de gratuit
L’humour pour le voyage, l’arme la plus utile Défricher dans sa tête, toujours chercher sa voie Tous ces mauvais conseils seraient mon codicille S’il me fallait renaître une dernière fois
Depuis cette naissance d’avril soixante-dix Je me suis levé tôt pour inviter l’enfance Un peu comme un tzigane sur les pas de Francis La vie, l’amour, la mort sont au bout des errances
J’ai fait le tour de l’île en rêvant de Bozo J’ai pris le train du nord, remonté la rivière Pour voir si MacPherson était sur son radeau Ou s’il avait trouvé un abri pour l’hiver
Même s’il y a des amours, y a toujours un ailleurs J’ai vu la Gaspésie retrouver petit Pierre J’ai sali mes souliers pour des petits bonheurs Et pour la mort de l’ours, mis un genou à terre
À vivre mes saisons sur les traces d’un prince Restent les souvenirs, maudit que c’était bien Et ce grand sourire bleu, beau comme une province Qui me sont un fanal pour finir le chemin
Le front contre le chevalet, l’idée de disparaître sans que l’heure n’ait sonnée sort la glace du compte-de-faits
La vie étant une suite de demandes sans suite
la pire erreur serait de donner crédit en souffrant du départ des profiteurs
Prendre tout le monde en charge ne conduit qu’à sa perte
L’humanisme a besoin de faire du fer en vitamines pour franchir la barrière
Parler beau quand ça reste que des mots recule
La Chaume c’est de mes Marquises celle qui a la plus belle touffe de ce que j’aime pour vivre sans me faire un film
Elle a pris la suite des Tuileries, gardant de mon Paname l’exception de l’authentique avec son lin blanc à remplir au contraire du vide d’amour de vieux sarments
La construction de pont pour les îles c’est l’esprit de zoo pour l’idée fondamentale qui ne ramène pas la mer à Brouage.
Debout devant ses illusions, une femme que plus rien ne dérange Détenue de son abandon, son ennui lui donne le change Que retient elle de sa vie, qu’elle pourrait revoir en peinture Dans un joli cadre verni en évidence sur un mur Un mariage en Technicolor, un couple dans les tons pastels Assez d’argent sans trop d’efforts, pour 2, 3 folies mensuelles Elle a rêvé comme tout le monde qu’elle tutoierait quelques vedettes Mais ses rêves en elle se fondent maintenant son espoir serait d’être
Juste quelqu’un de bien Quelqu’un de bien Le cœur à portée de main Juste quelqu’un de bien Sans grand destin Une amie à qui l’on tient Juste quelqu’un de bien Quelqu’un de bien
Il m’arrive aussi de ces heures où ma vie se penche sur le vide Coupés tous les bruits du moteur, au-dessus de terres arides Je plane à l’aube d’un malaise comme un soleil qui veut du mal Aucune réponse n’apaise mes questions à la verticale J’dis « Bonjour » à la boulangère, je tiens la porte à la vieille dame Des fleurs pour la fête des mères et ce week-end à Amsterdam Pour que tu m’aimes encore un peu quand je n’attends que du mépris À l’heure où s’enfuit le Bon Dieu qui pourrait me dire si je suis
Juste quelqu’un de bien Quelqu’un de bien Le cœur à portée de main Juste quelqu’un de bien Sans grand destin Une amie à qui l’on tient Juste quelqu’un de bien Quelqu’un de bien
J’aime à penser que tous les hommes s’arrêtent parfois de poursuivre L’ambition de marcher sur Rome et connaissent la peur de vivre Sur le bas-côté de la route, sur la bande d’arrêt d’urgence Comme des gens qui parlent et qui doutent, d’être au-delà des apparences
Juste quelqu’un de bien Quelqu’un de bien Le cœur à portée de main Juste quelqu’un de bien Sans grand destin Un ami à qui l’on tient Juste quelqu’un de bien Quelqu’un de bien
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