Jacques Bertin/Un soir mon fils


Jacques Bertin/Un soir mon fils


Un soir, mon fils descendra du car d’Angers sur la place
Avec ma vieille valise trop lourde à porter
Tu auras le visage de ta mère et toujours étonné
De savoir que sans rien dire je te prépare ta chambre

Tu viendras avec tes dix ans, cette valise trop lourde à porter
Mon Dieu ! Cet enfant c’est moi, c’est moi, il me ressemble
Ta mère te prendra la main, vous monterez tous deux
Dans la lumière confuse et triste de l’amour

Je vais prendre l’air pendant que le marchand de sable
Vous fige, mon amour, toi avec ton enfant
Je vais faire boire en secret la honte et la tendresse
Que je retiens, assoiffées, en laiss

LE VISAGE NUPTIAL


René Char

LE VISAGE NUPTIAL

À présent disparais, mon escorte, debout dans la distance ;

La douceur du nombre vient de se détruire.

Congé à vous, mes alliés, mes violents, mes indices.

Tout vous entraîne, tristesse obséquieuse.

J’aime.

L’eau est lourde à un jour de la source.

La parcelle vermeille franchit ses lentes branches à ton

front, dimension rassurée.
Et moi, semblable à toi,

Avec la paille en fleur au bord du ciel criant ton nom.
J’abats les vestiges,
Atteint, sain de clarté.

Ceinture de vapeur, multitude assouplie, diviseurs de la crainte,

touchez ma renaissance.
Parois de ma durée, je renonce à l’assistance

de ma largeur vénielle,
Je boise l’expédient du gîte, j’entrave la primeur des survies.
Embrasé de solitude foraine.
J’évoque la nage sur l’ombre de sa
Présence.

Le corps désert, hostile à son mélange, hier, était revenu

parlant noir.
Déclin, ne te ravise pas, tombe ta massue de transes,

aigre sommeil ;
Le décolleté diminue les ossements de ton exil,

de ton escrime ;
Tu rends fraîche la servitude qui se dévore le dos ;
Risée de la nuit, arrête ce charroi lugubre
De voix vitreuses, de départs lapidés.

René Char

JARRE D’UN ESTRAN 4


JARRE D’UN ESTRAN 4

A la trémie du désert la pointe de cette pyramide dépasse à peine la caravane d’un balancement des chameaux

On a monté à bord de la jonque funéraire la Beauté partagée des EPOQUES 18/19/20/21 de la traversée temporelle que le fleuve conduira à franchir son éternité

Musique semée au vent dans ses cendres .

Niala-Loisobleu – 19 Mars 2021

JARRE D’UN ESTRAN 3


JARRE D’UN ESTRAN 3

Le 5-03-2020

PAR DELÀ LE RIDEAU DE LA PLUIE

Des poussières du Prince Pluie n’efface rien
Sauf sur ses traces la suie qui dans l’air se meure –
Si dessous la pierre se rincent tous les liens
C’est avec la lumière en appui qu’ils demeurent

Cardinale nouveauté ! Cours là et t’évente !
Sourd à la beauté radicale et adventice
Le Prince ne peut danser avec cette actrice
Qui pense et pince tempête en grande savante…

Sourire de macadam au calme venu…
Belle Dame Elvire trame la rue qui brille –
Met à nu la ville et de veille la rhabille
D’où s’égayent mille et mille soleils ténus

A savoir ce souffle pour Misère cachée
Des émissaires souffrent de la voir altière
Mais ils perdent de vue qu’elle vient de trancher
Et qu’elle a déjà tout bu de la ville entière.

Alain Minod

Faisant fi d’une bouteille à la mer

j’habille la foret de sa séparation des eaux en l’actant

La main coupée range les instruments de sa Musique au fond de la jarre.

Niala-Loisobleu – 19 Mars 2021

JARRE D’UN ESTRAN 2


Sur l’horizon assoupli on aperçoit le profil d’évent en mouvement retenu par les ongles du chien

Et l’accord d’un menu, est

Dans lequel le champ marin bat des pieds

Un bon jour dépend plus de soie que du mêlé coton

Niala-Loisobleu – 19 Mars 202