La lampe du tableau de bord – Jacques Bertin



La lampe du tableau de bord – Jacques Bertin

La lampe du tableau de bord c’est mon étoile du nord, je vais très loin
Auprès de moi tu dors, ou je suis seul, ou tu me parles, mais si loin
Je ne sais plus que les gauloises avec les allumettes et le silence

Je ne sais pas où je t’emmène, où nous arriverons
Je ne sais pas. J’ai avec moi toute ma nuit, ma peur
Toutes les filles que j’aimais, tous les amis perdus, la route est longue
Mon amour, mon amour
Il est toujours très tard et c’est toujours la nuit qui tombe

Je fonce dans le noir avec de loin en loin l’appel des phares, les amis
Mon amour, la nuit glisse, il n’y a plus personne sur la route que la pluie
J’ai oublié la carte, je ne sais jamais les règles du jeu mais qu’importe

Je ne sais pas où je t’emmène, où nous arriverons
Je ne sais pas, j’ai avec moi toute ma nuit, ma peur
Le pleur des veuves immobiles au coin de leur maison, la route est longue.
Mon amour, mon amour
Il est toujours très tard et c’est toujours la nuit qui tombe

Une folle a couru vers moi, les bras très blancs, le visage de chien
Et j’ai vu de grands désespoirs d’enfants qui venaient boire dans mes mains
Les femmes traquées dans les alcôves se taisent et s’inquiètent

Je ne sais pas où je t’emmène, où nous arriverons
Je ne sais pas, j’ai avec moi toute ma nuit, ma peur
Dans les phares, j’ai cloué la peine d’un Christ inconnu, la route est longue
Mon amour, mon amour
Il est toujours très tard et c’est toujours la nuit qui tombe

Un matin nous arriverons, réveille-toi, dans un café glacé, un village désert
Il y a des sanglots, des rêves sur les prés abandonnés, la vie des gens
Des enfants qui vont à l’école et l’écharpe nouée des amitiés qui s’envole

Je ne sais pas si c’est le jour ou le ciel ou la vie
Je ne sais pas. Il fait grand clair et je m’en vais dormir
Il ne me reste rien que mon amour, tout fatigué, tout triste
Et quelque chose, mais si peu : un lièvre roux qui courait dans les phares

2 réflexions sur “La lampe du tableau de bord – Jacques Bertin

  1. Tout à fait elle roule la réalité avec l’espoir d’aller bronzer l’amer au soleil
    Grave ô que oui et d’une beauté qui te tient au silence
    pas désespérante comme ce jour qui soleil dans les essuie-glace
    je t’embrasse sans pas te voir, Ma…
    N-L

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