COUVRE-FEU


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COUVRE-FEU

Un coin au bout du monde où l’on est à l’abri

Les colonnes du soir se tendent

Et la porte s’ouvre à la nuit

Une seule lampe qui veille

Au fond il y a une merveille

Des têtes qu’on ne connaît pas

Au mur des plans qui se ressemblent

Ma figure plus effacée

Entre nous deux l’air chaud qui tremble

Un souvenir détérioré
Entre les quatre murs qui craquent

Personne ne parle
Le feu s’éteint sous la fumé.

 

Pierre Reverdy

MAGIE


Henri Michaux

 

MAGIE

Plusieurs veulent obtenir des créations mentales en utilisant la méthode fakirique.
C’est une erreur.

Chacun doit avoir sa méthode.
Quand je veux faire apparaître une grenouille vivante (une grenouille morte, ça c’est facile) je ne me force pas.
Même, je me mets mentalement à peindre un tableau.
J’esquisse les rives d’un ruisseau en choisissant bien mes verts, puis j’attends le ruisseau.
Après quelque temps, je plonge une baguette au delà de la rive; si elle se mouille, je suis tranquille, il n’y a plus qu’à patienter un peu, bientôt apparaîtront les
grenouilles sautant et plongeant.

Si la baguette ne se mouille pas, il faut y renoncer.

Alors, je fais la nuit, une nuit bien chaude et, avec une lanterne, je circule dans la campagne, il est rare qu’elles tardent à coasser.

Cela ne vient rien faire ici.
Mais il faut que je le dise, c’est là devant moi, cela vient :
Je vais être aveugle.

Henri Michaux

CELLE D’ESTRAN


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CELLE D’ESTRAN

Voici la vie ajout contre joue qui gazouille d’un chant de rivière dans le jardin comme arrose l’être à ce lavoir qui n’a jamais tu le battoir de la lavandière

et je suis là dans les plis de sa brouette, dans la rigole de sa poitrine ouverte, essoré des draps tristes de nuits grabataires, étendu à la fourche de l’herbe odorante de l’home des cavernes

dense pensée primitive

sur la corde du sourire sorti des pas perdus de l’attente de la paroi rupestre

 

 

Le couvercle de mes crayons

envolé en couleurs

les maisons se sont embrassées bouche à bouche

entre les dents des horizons suspendus

des figues pleins les doigts

Un aloès en bât d’âne

montait fort le violet des chardons

La musique s’est libérée des cordes

au frappé des mains de tous les coups de reins

la terre restituait les morts volés à la vie…

 

Niala-Loisobleu – 30 Janvier 2018

 

 

LE RACCOURCI


LE RACCOURCI

Franchi le soupirail,
Passé le raclement des pelles
Et l’écume des tombeaux,
J’écrirai comme elle jaillit,

Vertigineuse, gutturale,

Debout contre ce bois qui se fend,
Ma table renversée, la porte du toril.

En effet la fraîcheur est tirée.

 

Jacques Dupin

 

Sans alcool, ni moquette mes chers parents je vole…


QUEENOFCLUBS

Sans alcool, ni moquette

mes chers parents je vole…

Le Bleu, Bleu-Bleu, en corps plus BLEU

je l’as tiré de l’armoire de toilette

 

Sur l’étable à repasser

dans la paille l’âne couve le boeuf qui embouche le cornet d’une jamsession

sans que ça fasse un pli

 

Quand l’Oiso  refait son peint quotidien, le bleu-défense-passive des carreaux fait place à ceux de la nappe

du déjeuner sur l’herbe

le p’tit-vin-blanc attrape le doux Jésus par l’oesophage et que j’te pelle de ma langue camembert confisquée à l’oestre

pourquoi on marcherait dans notre ombre dans un pareil soleil qui n’attend pas minuit pour le ben si on s’foutait à poil

Oui, je laisse pleurer mes doigts dans la couleur….je vole en poisson !

 

Niala-Loisobleu – 30 Janvier 2018

RITE DE PASSAGE


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RITE DE PASSAGE

Mon essence ciel résiste au sommeil d’un artifice qui se complaît à le tromper à pleines lèvres,

planté en taire stérile, sécheresse, comble de la crue simulée au-dessus des berges

Un cycle nocturne à l’estouffade n’empêche la ruade équine interne, refus de l’oiseleur qui glu l’oiseau de son piège, laisse

Entend sourdre le clair de roche dans l’éclair bleu de la truite sauvage filant entre les pierres

La m’aime heur natale ne se reconnaît pas dans l’identique date de naissance. L’état d’Être est l’osmose d’un creux à son noyau

là où le gène de l’Amour perdure les différences sont plus complémentaires qu’un copié-collé de groupe numéroté. Il y a le cru et le cuit dans le langage. Le mien est cru de tout son carré. Carniforme en plaine nudité tout au long de mes terres alluvionnaires, je suis

Il ne faut pas couvrir les toiles d’un buvard mais laisser la peau de lin se fondre à la peau de peinture de l’Autre

Je ne peins pas pour faire joli, j’écris pour dire et de plain-pied vers la manifestation de l’écho

je m’apprête à passer le nouveau seuil d’une autre année….

Niala-Loisobleu – 30/01/18