JE POLIS UNE CHANSON


Alain Bosquet

 

JE POLIS UNE CHANSON

Je creuse mon poème où sont mes paradis :

voyez le faon qui nage

et les vers inédits qui me viennent ce soir comme des personnages,

les bras pleins de cadeaux, à la fin d’une fête.

Je polis ma chanson :

un meuble que je prête à mes démons secrets.
J’y trouve un hérisson,

un azur langoureux, un arbuste qui rit :

de quoi créer l’extase.

L’étoile m’a surpris au coin d’un verbe immense, au tournant d’une

[phrase,

qui sont mes vrais bonheurs.
Car il faut que je nomme

chaque félicité ;

je dévore la pomme si je peux, chair et dents, d’abord en réciter

les charnelles vertus.
Je cherche mon refrain

et découvre la grâce

par cette fable en train d’installer pour moi seul comme un second espace.

Je retourne à ma page, où se joue le concert

de mes syllabes folles.

Il vibre, l’univers, ‘ à se sentir enfin compris de mes paroles.

 

Alain Bosquet

 

Mais oui je n’ai de verbe qu’aimer

raison qui finit toujours par se faire  détester

comme peindre sans savoir autre chose faire

 

Si je disais autrement qu’à coeur oouvert, sûr que je ne pourrais pas répondre aux 6.000 à 10.000 messages que je receverai par jour…

Seulement je voudrai écrire en un seul MP ce que je pense franchement…

N-L – 28/01/18

 

 

LA MORT ET LE BAISER


Alain Bosquet

 

LA MORT ET LE BAISER

 

Voulez-vous me prêter un peu de votre vie ?

J’aimerais corriger la mienne qui est vieille et que j’ai mal servie.

Un crâne plus léger

lui donnerait l’espoir; une épaule plus leste,

un sentiment d’amour.
Voulez-vous me prêter, dans un parc, quelques gestes

qui n’ont pas de contours,

mais qui font au soleil peu à peu le langage

des frissons éperdus ?
J’ai trop longtemps ouvert mon cœur à ses chantages

pour avoir attendu

la mesure profonde ou le tourment propice.

Voulez-vous me prêter la main qui est très souple et la mer qui est lisse

dans la sérénité ?

J’ai trop de fois souffert d’être plusieurs et proche

du suicide verbal ; j’ai besoin, je crois bien, d’une fleur qui s’accroche,

d’un caillou dans le val.

d’une aube qui secoue l’horizon et du cygne

qui nargue son miroir.
Voulez-vous me prêter, majestueux et digne

comme vous, ce pouvoir :

confondre enfin la chose et la très simple chose,

l’homme et l’être apaisé, l’herbe avec ses bouvreuils et l’herbe qu’on arrose,

la mort et le baiser ?

Alain Bosquet

 

Mascaret


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Mascaret

Le carton bois étendu de toute ma démangeaison revenue m’appelle à peindre

enjeu d’ô

tu sais comme la ressemblance des paroles de la chanson de geste de tes seins me dit l’envol des oiseaux marins

J’en ai vu tirer à eux la désespérance terrestre à la délivrance des embruns

contre la craie, le granit des falaises où le corail de la barre se fait bruyère au bas de ton ventre

C’est le moment venu de lâcher tout le dire, dis-je en brettant ta langue à la botte de chez-nous. A l’instant où tu t’es dévoilée.

L’estuaire n’a pas eu d’autre mouvement que celui de vouloir remonter son sel à ta source…Dans cette esquisse, j’avancerais La Nature dans tous ses Etats, pour  signer l’oeuvre commune…

Niala-Loisobleu – 28/01/18

Illustration: Ebauche d’aujourd’hui, acrylique s/carton bois 60×80 – Niala 2018

 

 

Réassurance


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Réassurance

 

Dans la faible clarté d’un tapage, l’ombre avoua la vérité. Par la brèche d’un malentendu, reculez tambours de vils

L’affichage n’à qu’un vouloir : vendre

Juste au départ de l’orée

le battement tient la direction clairière

Fichée au Centre

la fontaine d’Amour suit le balbutiement de l’En Vie sans vices

Une porte s’ouvre sur la Blancheur du tissage du Fil à Suivre…

 

Niala-Loisobleu – 28/01/18

CARNETS INTIMES DU PÊCHEUR A PIED


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CARNETS INTIMES DU PÊCHEUR A PIED

Je tourne autour d’ici à là-bas, pour au moins déjà dire, à quel point être avec Toi délivre du mal et me livre au bien – j’en voudrai être sûr –  par besoin. Inutile, je suis pincé, crustacé. Impossible à en déterminer l’à-part ça qu’est-ce qui reste, faute de pouvoir le trouver. J’espère que chaque instant de ce que l’humain traverse se passe bien. La campagne est froide, l’alcool ambre de l’automne ayant fait place à la vodka de l’hiver, il flotte dans l’air un bruit de luge imaginaire vu la température ayant pris le télé-siège tendance au bain de mer. Tes jambes se rapprochent quand je me déchausse. Ne bouge plus. Je te peins Nicolas de Staêl dans l’idée d’une correspondance….mais attention, pas de fenêtre ouverte sur le sot de la mort.

« Voilà. Je ne peux pas te raconter tout ce qui me passe par la tête, les yeux, les mains au sujet de ton livre. Il faudrait autant de temps que celui qui nous sépare sur le calendrier depuis ton départ et te barber de considérations esthétiques, du papier à la couleur, des rapports de la boîte à l’agate à la litho de tranche ; impossible. Je fais le plus simple possible et c’est cela qui est si difficile pour moi… »

(Correspondance René Char/Nicolas de Staël)

Au moins étant la seule à savoir quantifier la folie qui m’habite – seul remède ayant un peu d’effet pour m’aider à supporter mes souffrances physiques d’un monde qui s’effrite – tu me lis sans t’arrêter à la première diagonale.

Je n’aime pas la neige, cette année au moins c’est ça de pris, y en pas ici, je peux donc me faire bronzer l’évasion, mon imaginaire en ayant un besoin permanent. L’hiver ici, c’est la bonne période pour me rendre en Asie de l’Est. Bien que là, j’ai le couchant qui brille sur les ors de la Vallée des Temples. Mais j’ai une nouvelle à t’apprendre, Madame lit un jour, m’a parlé d’Emile Nelligan. Je suis allé lui rendre visite. En découvrant son appartenance lointaine avec les maudits, j’ai retenu une chambre pour deviser avec lui. Sais-tu qu’il est névrosé jusqu’à la moelle, un don d’ubiquité sans pareil, rends-toi compte, mourir à 20 ans et avoir en si peu de temps compris la vraie nature de  ce monde. Las par dégoût de ses moeurs.Nous devions nous rencontrer, c’était écrit.


Ah! comme la neige a neigé!
Ma vitre est un jardin de givre.
Ah! comme la neige a neigé!
Qu’est-ce que le spasme de vivre
Ô la douleur que j’ai, que j’ai!

Tous les étangs gisent gelés,
Mon âme est noire: Où vis-je? où vais-je?
Tous ses espoirs gisent gelés:
Je suis la nouvelle Norvège
D’où les blonds ciels s’en sont allés.

Pleurez, oiseaux de février,
Au sinistre frisson des choses,
Pleurez, oiseaux de février,
Pleurez mes pleurs, pleurez mes roses,
Aux branches du genévrier.

Ah! comme la neige a neigé!
Ma vitre est un jardin de givre.
Ah! comme la neige a neigé!
Qu’est-ce que le spasme de vivre
A tout l’ennui que j’ai, que j’ai!…

Émile Nelligan

Schizophrène jusqu’au bout de l’ongle, il s’en ait émasculé l’à venir. Au moins voici deux choses qui nous différencient, j’aime  la vie et pas la neige.Voilà un sacré temps que je m’efforce de le faire savoir.

Il avait certainement une cabane, au Canada, c’est incontournable, dixit Line. Moi la mienne a flotte, bord de Cayenne, l’huître parlant claire. Point commun, elle est à vol d’oiso à toucher Brouage, là d’où Jacques Cartier, s’en alla pour le Saint-Laurent et n’en plus revenir.

Je t’embrasse l’oeil en feu de soleil maritime, un vol de rieuses dans le sel de mes larmes, nous irons deux mains leur porter le bon vent de ce qu’il ne faut surtout pas supprimer, à cause d’une connerie de com mal aiguillé.

Niala-Loisobleu – 28/01/18