LE JOUR QUE L’ON VEUT SORT DE LA NUIT PAR MINOD ALAIN


LE JOUR QUE L’ON VEUT SORT DE LA NUIT PAR MINOD ALAIN

LE JOUR QUE L’ON VEUT SORT DE LA NUIT

Avec ce train qui ne va nulle part
Jouent avec entrain les feux qui filent …
Fixé dans le brut hasard qui s’y enfile
On voudrait voir se télescoper l’art

Et ainsi appareillerait l’ailleurs
Sur d’abracadabrantesques planètes
Où des flammes planeraient sur nos têtes
Sans avoir de Greenwich à planter l’heure

Pourrions-nous encore être partisans
Des aurores stupéfiantes et douces ?…
Mais le ciel lentement sort de sa housse
Dans son velours noir guettant le sang

Mais la nuit attend nous laissant un vœu :
Ah ! Combler cette absence de promesse
En épuisant de l’obscur la caresse
Pour vraiment bâtir le jour que l’on veut

Ils grillent : les lampadaires au pavé
Qui brille diamantaire phosphorescent …
Alors le carrefour pleure impuissant
Dessous tous les fauves que vous savez

Indicible jetée de l’océan :
Cette place vomit toute l’écume
Qui bat la ville de son amertume
Nous sentons son pouls sur notre céans

Notre planète et ses vertes nuées
Où respire ce pauvre air carbonite
La reconnaît-on quand des fers hésite
Le travail à séparer ses ruées

Comme s’il devait demeurer bien vain
D’empêcher que notre matin se saoule
Or nous sommes bien logés dans son monde
Et de l’aurore nous buvons le vin.

Alain Minod

FLEUR DEPAVEE


FLEUR DEPAVEE

L’éteint du réverbère du Lycée des Oiseaux fourbit son vice éduqué en cage

Le je nous caché dans la robe longue

Des dames sur les parvis des églises scientologiques taillent un costume de calomnie aux mots propres qu’elles salissent en bavant dessus

La pure Anémone n’en peut pute

Et sans prendre pour autant carte au féminisme

Court au kiosque du jardin d’amour chanter la femme avec les vraies.

Niala-Loisobleu — 15 Août 2021

L’INSTRUMENT ACCORDE


L’INSTRUMENT ACCORDE

Emboîtée par le charpentier la vierge aurait enfantée, ah Marie si tu savais chantait le Taulier emmanché dans une histoire de dettes à la clef avec l’Histoire

Grindel n’opine pas plus que Breton, la chanson est d’un con qui ne quitte pas le plat fond sans faire de bosses au surréalisme pris en thème dans une nativité suspecte

L’ô plate peut avoir des vertus minérales mais certes pas de ces adorables petites bêtes qui fécondent un plan dont on ne saura souvent que trop tard s’il était bon ou pas

Les yeux au bord du cil des vagues, je regarde la mer en sentant monter la fleur sur la tige, cette rose ancienne aux tons pastels qui précèdent le jet farouche du fauve sur la toile sans ressentir de mauvaises influences, totalement séparé des gens

Les pendules du surréalisme n’ont pas d’aiguilles, juste un bras qui en faisant cadran solaire tend un doigt en dehors à partir du dedans de l’Esprit pour ne pas rater la beauté d’un rêve au-dessus du vulgaire

Des fleurs que les marins jetteront aujourd’hui en mer pour fêter la Patronne, combien seront vierges d’impudeurs ?

Entre les cordes et la planche, la branche est à pied-d’oeuvre pour mener au ciel…

Niala-Loisobleu – 15 Août 2021

L’arbre – Rina Lasnier


L’arbre – Rina Lasnier

J’avais un grand arbre vert

Où nichait mon enfance ailée,

Un arbre grand troué de lumière

Qui remplissait le haut de mon âme.

J’avais de douces branches vertes

Où chantait mon enfance triste,

Des branches vertes et sonores

Qui répétaient les chagrins de mon âme.

J’avais mille feuilles vertes

Où palpitait l’élan de mon enfance,

Des feuilles lisses et captives

Comme les oiseaux de mon âme.

J’avais un grand arbre vert

Où se dénouait la fleur de mon enfance,

Pour quel printemps, pour quelle abeille ?

Pour quelle joie, pour quelle souffrance ?

Rina Lasnier

« L’arbre », Escales, dans Poèmes I, Montréal, Fides, 1972 [1950].

Cet extrait a été reproduit aux termes d’une licence accordée par Copibec.