MOTS BATEAU-A-VOILES


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MOTS BATEAU-A-VOILES

Bilboquet des mots

les virgules cloutent les passages en silence

Le sol ne craque plus sous le pied, chaque feuille

épèle d’un murmure étalonné à la goutte

retient des yeux l’exclamation avalée

Les animaux ont abandonné

le marquage d’un territoire qui s’est borné de lui-même

fade d’odeur, lapin en peluche tombé du pompon d’un marin de la Royale

détourné de la Jeanne

Une machine écrit en images sépia

le périmètre d’un carton à chaussures, dans l’album

commandé par la mémoire d’une sauvegarde logée dans les pots d’épices

On stérilise

les cuillères en bois au confiturier touillent les fraises du dentiste

engrenage

poulie

réa

animation

Crac

un cuir vient de craqueler la syntaxe

Mais non mon Coeur

c’est pas toi, as pas peur qu’a cassé la vapeur

les carreaux du marais, vois comment ils gardent le ciel dans leur vitrage

tous ces visages qui marchent

mais bien sûr

que c’est des nuages

le ciel est vivant

et

il joue à joue

tout gonflé par le chalumeau du marchand de ballons

plein d’oiseaux blancs au bout des ficelles de ses cerfs-volants

J’ai tellement rêvé que je l’ai peint réveillé

en bleu-rose

bateau-à-voiles

entouré d’une attitude aux couleurs rabattues

laissées au port

à se tirer sur leur l’amarre

Niala-Loisobleu – 8 Janvier 2017

 

Les Blessures/Bruno Ruiz/ Mon quattrocento


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Dessin : Etude de Signorelli Luca (1450-1523)

Les Blessures/Bruno Ruiz/ Mon quattrocento

Les blessures font partie des vivants, elles habitent leur vie comme une ligne d’infra basse dans la soute des machines, elles nous accompagnent dans nos rires, s’accrochent aux branches de nos arbres les plus paisibles. Elles dansent sur les houles de l’incommensurable peine des hommes, rejoignent les fantômes innombrables de l’absence, de nos erreurs et de nos lâchetés. Et je les porte en moi comme un sac de larmes sur les épaules, cheminant vers des sources légères, dans la cicatrice des mémoires et la trêve de sanglots lancinants. Un jour, un jour sans doute, je serai aérien dans l’étreinte sereine de l’univers, et rien ne pèsera sur mes pas. Il n’y aura plus d’ombre sur la joie de vous savoir si semblables.

Bruno Ruiz, 2017

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Morsure d’amour-propre, buisson épineux poussant sans prévenir sur la pelouse venant d’être tondue. Deux oiseaux jouent au badminton. Le cerf-volant s’envole, la main sournoise du semeur d’embrouilles sort du brouillard où elle réside et perche l’accessoire sur l’inaccessible.

Air glacé, la gerçure se saisit des lèvres.Adios sourire.On devra attendre. La commissure rogatoire autorisant une perquisition saura-t-elle hein ma soeur Anne ?

Je saigne très bien qu’au fond de moi rien n’envenimera la cicatrice de nos poignets nuptiaux. D’aucuns n’y auraient vu que l’image ex-voto du péri en mer. La blessure- notre est une sorte de troisième oeil, veillant sur Nous. L’ange à Nous, ne quittant pas un seul de nos mouvements. L’oreille à nos mots malheureux, nos tons faux, dérapage, sans qui nous n’aurions pas vraiment pouvoir pu prétendre au savoir lire de l’Autre. Le froid rend la graine vivace pendant son sommeil. Oiseau du pouls, animant la pompe du m’aime sang.

Je reste l’Enfant qui apprend la minute présente mon Coeur, Toi, étant en quelque sorte mon éternel quattrocento.

Niala-Loisobleu – 8 Janvier 2017

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Le jeune Ciceron lisant-1454-Vincento Fappa