Mañana – Silva Pérez Cruz


Mañana – Silva Pérez Cruz

Cuando yo muera amado mío
No cantes para mí canciones tristes
Olvida falsedades del pasado
Recuerda que fueron solo sueños que tuviste
¡Que falsa invulnerabilidad la felicidad!
¡Que falsa invulnerabilidad la felicidad!
¿Dónde estará ahora, dónde estará mañana?
Cuando yo muera amado mío
No me mandes flores a casa
No pongas rosas sobre el mármol de mi fosa, no
No escribas cartas sentimentales que serían solo para ti
No escribas cartas sentimentales que serían solo para ti
Cuando yo muera mañana, mañana, mañana
Habrá cesado el miedo de pensar que ya siempre estaré sola
Que ya siempre estaré sola mañana, mañana
Cuando yo muera mañana, mañana, mañana
Ya habrá cesado el miedo de pensar que ya siempre estaré sola

Demain

Lorsque je mourrai mon bien aimé

ne chante pas pour moi de chansons tristes,

oublie les mensonges du passé

souviens toi qu’ils n’étaient que les songes que tu as eu 

Quelle fausse invulnérabilité le bonheur!

Quelle fausse invulnérabilité le bonheur!

Où est-il maintenant, où sera t’il demain?

 Lorsque je mourrai mon bien aimé

ne m’envoie pas de fleurs chez moine met pas de roses sur le marbre de ma fosse, non

n’écris pas de lettres sentimentales qui ne seraient que pour toi,

n’écris pas de lettres sentimentales qui ne seraient que pour toi.

Lorsque je mourrai demain, demain, demain

La peur de penser que je serais seule à jamais aura cessé

que à jamais je serais seule, demain, demain. 

Lorsque je mourrai demain, demain, demain

la peur de penser que je serais seule à jamais aura cessé

que à jamais je serais seule, demain, demain.

L’ANIMAL REGARD


L’ANIMAL REGARD

Rues qui filent

façades arrosées de la patte qui lève

l’animal regard

quais du livre grand ouvert

déhanchés d’accordéon d’un métro polisson

Les lumières tressaillent

brut de ferraille

parqué SDF long de trottoir

dans l’angle de la porte cochère du caniveau-miroir

où coule le visage allongé en rigole

statuaire sur son piédestal où les pigeons coïtent en plein vol…

Niala-Loisobleu – 25 Août 2021

PAUSE EN MAINS


La forêt dit l’intuition de confidentialité compatible recherchée

Dodelinant de la tête le cheval fixe le va-et-vient d’oiseaux au-dessus de l’arbre qui dépasse et va au-devant

Tranquille comme guidé par un courant ascendant qui l’amène au cœur libre fruit du tronc

Niala-Loisobleu – 25 Août 2021

JAMBES DE FORCE


JAMBES DE FORCE

L’estran en recul découvre le haut de la cuisse

l’anémone respire bien prise dans la fourche estuaire

Debout sur son ber la coque flotte dans son air

au fond du ventre cette goualante de survivance du bébé-nageur

Des seins tendus en surface fuse le choix de la manière de vivre écartée de tout ce qui en pute

un cor de femme trace la ligne de flottaison dans mon androgynie

Niala-Loisobleu – 25 Août 2021

FLORE DE SEL


FLORE DE SEL

De l’écume du matin le jour sort sa page blanche

Un pêcheur traverse la lisière du port sans regarder d’autre pensée que la sienne

Le carreau du marais levant sa fleur au-dessus du sel

Niala-Loisobleu – 25 Août 2021