Nu par Allain Leprest


Nu par Allain Leprest

Nu, j’ai vécu nu
Naufragé de naissance
Sur l’île de Malenfance
Dont nul n’est revenu
Nu, j’ai vécu nu
Dans des vignes sauvages
Nourri de vin d’orage
Et de corsages émus
Nu, vieil ingénu
J’ai nagé dans tes cieux
Depuis les terres de feu
Jusqu’aux herbes ténues
Nu, j’ai pleuré nu
Dans la buée d’un miroir
Le coeur en gyrophare
Qu’est-ce qu’on s’aimait… Samu

Nu, j’ai vécu nu
Sur le fil de mes songes
Les tissus de mensonges
Mon destin biscornu
Mais nu, je continue
Mon chemin de tempête
En gueulant à tue-tête
La chanson des canuts
Nu, j’avance nu
Dépouillé de mon ombre
J’voulais pas être un nombre
Je le suis devenu
Nu, j’ai vécu nu
Aux quatre coins des gares
Clandestin d’une histoire
Qui n’a plus d’avenue

Nu, je suis venu
Visiter en passant
Un globule de sang
Un neutrone des nues
Nu, le torse nu
Je voudrais qu’on m’inhume
Dans mon plus beau posthume

« Pacifiste inconnu »

ECHAPPEE


ECHAPPEE

Du disjoint de façade l’oeil de boeuf se risque à travers les fusains du jardin à la française

et traverse le labyrinthe

Tout au fond du bocage un pigeonnier

où s’arrondissent les torts

sortent des battements d’elle restés les meilleurs

-Allaite, perce un cri déclouté

le rouge-gorge sort du nid

tandis qu’au liseré du bon chemin les plus grandes herbes frémissent au-dehors…

Niala-Loisobleu – 24 Août 2021

A BAIE OUVERTE


A BAIE OUVERTE

Pied d’une falaise que le rêve dresse école impressionniste

lèche de vagues en passages de mouettes

battues au poignet de la veuve

jusqu’au fouet de l’embrun qui claque

Revenue seule au rivage la barque prête son dos pour la rédaction de l’ex-voto

De la lande qui étale aux moutons l’horizon sans limites

le phare allume sa gardienne à la trouée du noir encré d’étoiles

Niala-Loisobleu – 24 Août 2021