La vérité du drame est dans ce pur espace qui règne entre la stance heureuse et l'abîme qu'elle côtoie : cet inapaisement total, ou cette ambiguïté suprême. Saint-john Perse
Comme la poutre mise au cou de la vache pour la tenir dans la clôture, voici une année lourde et plus confinée que dans le virus qui vient de passer. Jamais vu autant le troupeau de moutons s’engager au précipice. C’est inimaginable de se laisser couler sans réagir de la sorte…
Les amours trompés et la nature escroquée, l’imposture politique, une économie de vie jouée à la roulette russe, la grande illusion remise entre les mains les plus malhonnêtes, cette nullité boostée par le camelotage du trottoir à putes, la défense du con sommateur
Non mais ce n’est pas possible
Où va-t-on ?
Je me serais laissé couler, dans l’à quoi bon, à mon âge
Mais je ne suis pas de ce grain à mettre au moulin, l’ART EST UNE ARME, qui veut vivre en guère, doit la trouver en opposition qui tient la route
L’abus qui est fait rejoint l’ignorance qu’on apprend aujourd’hui dans les écoles aux enfants
N’avoir de gueule que pour refuser de travailler plus longtemps, montre vraiment le pitoyable de sa conscience
Ah oui les vacances payées voilà qui ferait l’avenir de la société syndicale
A la tienne et à la vôtre…
Je déplace ma politique de maintenance
j’ai changé le chevalet de place, faut que ça déménage, mais d’abord chez moi, sans compter sur un autre pour le faire
Je peindrai en corps mon dernier baiser, comme sur la bouche de Marthe, me passant du silence de mes enfants
C’est le plus dangereusement vil que je connaisse mais chacun est libre de son choix
A toi tout seul, Alain de te tenir vivant en l’absence de prétextes – y compris ceux de l’âge – gardes-toi, loin du tout fout l’camp
Continue à dire que c’est beau la vie dans la peinture dans ton atelier de pro qui n’a rien confondu du savoir-faire et du bricolage…
Niala-Loisobleu.
18 Janvier 2023
Le bateau Espagnol par Léo Ferre
J’étais un grand bateau descendant la Garonne Farci de contrebande et bourré d’Espagnols Les gens qui regardaient saluaient la Madone Que j’avais attachée en poupe par le col Un jour je m’en irai très loin en Amérique Donner des tonnes d’or aux nègres du coton Je serai le bateau pensant et prophétique Et Bordeaux croulera sous mes vastes pontons
Qu’il est long le chemin d’Amérique Qu’il est long le chemin de l’amour Le bonheur ça vient toujours après la peine T’en fais pas mon ami je reviendrai Puisque les voyages forment la jeunesse T’en fais pas mon ami je vieillirai
Rassasié d’or ancien ployant sous les tropiques Un jour m’en reviendrai les voiles en avant Porteur de blés nouveaux avec mes coups de triques Tout seul mieux qu’un marin je violerai le vent Harnaché d’Espagnols remontant la Garonne Je rentrerai chez nous éclatant de lueurs Le gens s’écarteront saluant la Madone En poupe par le col et d’une autre couleur
Qu’il est doux le chemin de l’Espagne Qu’il est doux le chemin du retour Le bonheur ça vient toujours après la peine T’en fais pas mon ami je reviendrai Puis les voyages forment la jeunesse Je te dirai mon ami à ton tour A ton tour…
des terres fendues mendient au passage des migrations
Sur un point non répertorié de l’horizon
que s’agite-t-îles
entre flou et points de repères
il y aurait un espace entre ciel et terre
Pommes de pin tombées Dans la montagne vide Tu les entends n’est-ce pas Là où tu es En lieu séparé Mais au même instant
Ces vers nous rappellent, par leur tonalité, un poème de Wang Wei, traduit par François Cheng dans
L’Écriture poétique chinoise :
François Cheng, L’Écriture poétique chinoise, op. cit., p. 139.
Repos de l’homme. Chute des fleurs du cannelier Nuit calme, de mars, dans la montagne déserte Surgit la lune ; effrayé, l’oiseau crie : Échos des cascades printanières…
Ce qui fait que je me saisis de la manivelle du chevalet
et fouille dans la toile qui monte l’escalier intérieur de mes vertèbres
On dirait que l’âne s’est mis la noria dans le ventre
est-ce un mouvement en résistance
tel l’Arbre de Vie qui s’ébroue ?
Tandis que je finissais ce tableau ce matin sous la verse sans voir que dalle de La Chaume
mes yeux accrochés au dernier souffle de ma main refusaient de s’inscrire à la croisière du Titanic
La chaloupe d’une épopée mise à l’eau et en brassards deux beaux nichons enroulés
j’ai cru z’ô hé qui venait se coller dans cet estuaire d’herbe cressonnière où rien ne végétait
Les mots-peints qui stagnent su ma langue butent à la camisole de la robe de vent et de pluie monstrueuses qui masquent le corps que la solitude sait présent derrière brouillard glacé qui le retient
Des deux ciels un seul est sien
l’autre n’est qu’un effet fantasmagorique d’un quotidien en grève
Viens à ma main te laisser dévêtir du temps de merde qui cache l’horizon sans modifier ton désir
s’annonce comme ce qu’il faut savoir et surtout distinguer entre le fond et l’apparence
Me voici visible à l’Ecluse
mis à niveau pour le passage
Ce monde à plusieurs faces est un épouvantail redoutant l’oiseau par-dessus tout
aussi il affute son hypocrisie pour le tromper
Par la voie du silence les jours sont baladés en émettant leurs fumées
ruses d’indiens égarant de la seule destination
La poussée du volet libérant la lumière individuelle
Celle d’un Grindel, m’est parvenue au début de l’adolescence
Le matin en quittant la ruche Verneuil, mes pas allaient à sa poésie sans retenue
Visionnaire il m’initia au Surréalisme
Seule ouverture sans limite sur la Muse
Découverte de l’Absolu
De quoi ôter au voeu son machiavélique usage
Et ouvrir sans rien vouloir dénaturer, au mystique dans toute la force de la vérité
L’amour intègre passe par l’inévitable corruption du quotidien
Je peins pour dire autrement
Elle m’entend
Barbara a toujours su la racine
le dernier tableau lui est entièrement dédié
Je lui donne en bonne année comme pour lui dire, je suis là, je tiens sans me retenir autrement qu’au chevalet, La Chaume fertile, la couleur poétique, cet enfant silencieux là, ce sein de sel, plus loin que l’infinité du chien noir, l’Autre-Monde bien réel à la plume de ses vers.
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