FLOCONS VAGUES


GIGI MILLS

FLOCONS VAGUES

Le bras tendu vers l’oreille d’une respiration nouvelle

la neige que je laisse passer

fait tourbillonner les flocons sur la corde à linge de l’horizon

Petit-linge que les dames utilisent en brise-bise aux vitres de leurs terrasses

quand un cri du loup pointe à la nouvelle-lune

le long de la limite du bac-à-sable

un dernier mégot

tombe sans que le feu déborde du tunnel

Gardé dans la noirceur des ténèbres

un fer à vapeur

remorque les plis d’un Almanach Vermot

l’humour tire la gueule de Nation à République

tandis que la balle du chien repasse sur le fusil du boucher

le non-dit de la grâce des condamnés

Jeanne

le cul dans la baïne, perd sa virginité

anal du 49.3

Les grands oiseaux blancs se lâchent

pendant qu’il est encore tant des soldes et que d’un reste d’électricité

je visionne les dernières

secousses d’un dessin d’enfant.

Niala-Loisobleu.

19 Janvier 2023

SILLAGE


SILLAGE

Nappe fouillée à corps

l’onde pousse la présence animale d’un bord à l’autre

Au creux des pierres les restes de ta parole

deux doigts sur les lèvres

Une grande roue retient en rayons le miel entre les floraisons

pour la prochaine lune pendant que s’offre la saison du blanc choisir sa couleur

La marque de tes pieds mouillés sur les tomettes n’a pas éteint ce qu’il peut y avoir de flamme en toi

j’ai tenu ma promesse en ouvrant l’atelier ce matin d’un coup de chapeau à la fragrance des roses

l’épuisette s’est empressée d’en saisir le parfum avant que la manif sorte ses banderoles et ses protestations légitimes ou non

Emoi dans mon coin, tournant le dos à l’horloge, j’ai remonté les cordes de la boîte à musique comme le gosse qui a gagné un tour gratuit.

Niala-Loisobleu.

19 Janvier 2023

SORTIR DU LAS POUR ENTRER DANS LE LA


SORTIR DU LAS

POUR ENTRER DANS LE LA

Comme la poutre mise au cou de la vache pour la tenir dans la clôture, voici une année lourde et plus confinée que dans le virus qui vient de passer. Jamais vu autant le troupeau de moutons s’engager au précipice. C’est inimaginable de se laisser couler sans réagir de la sorte…

Les amours trompés et la nature escroquée, l’imposture politique, une économie de vie jouée à la roulette russe, la grande illusion remise entre les mains les plus malhonnêtes, cette nullité boostée par le camelotage du trottoir à putes, la défense du con sommateur

Non mais ce n’est pas possible

Où va-t-on ?

Je me serais laissé couler, dans l’à quoi bon, à mon âge

Mais je ne suis pas de ce grain à mettre au moulin, l’ART EST UNE ARME, qui veut vivre en guère, doit la trouver en opposition qui tient la route

L’abus qui est fait rejoint l’ignorance qu’on apprend aujourd’hui dans les écoles aux enfants

N’avoir de gueule que pour refuser de travailler plus longtemps, montre vraiment le pitoyable de sa conscience

Ah oui les vacances payées voilà qui ferait l’avenir de la société syndicale

A la tienne et à la vôtre…

Je déplace ma politique de maintenance

j’ai changé le chevalet de place, faut que ça déménage, mais d’abord chez moi, sans compter sur un autre pour le faire

Je peindrai en corps mon dernier baiser, comme sur la bouche de Marthe, me passant du silence de mes enfants

C’est le plus dangereusement vil que je connaisse mais chacun est libre de son choix

A toi tout seul, Alain de te tenir vivant en l’absence de prétextes – y compris ceux de l’âge – gardes-toi, loin du tout fout l’camp

Continue à dire que c’est beau la vie dans la peinture dans ton atelier de pro qui n’a rien confondu du savoir-faire et du bricolage…

Niala-Loisobleu.

18 Janvier 2023

Le bateau Espagnol par Léo Ferre

J’étais un grand bateau descendant la Garonne
Farci de contrebande et bourré d’Espagnols
Les gens qui regardaient saluaient la Madone
Que j’avais attachée en poupe par le col
Un jour je m’en irai très loin en Amérique
Donner des tonnes d’or aux nègres du coton
Je serai le bateau pensant et prophétique
Et Bordeaux croulera sous mes vastes pontons

Qu’il est long le chemin d’Amérique
Qu’il est long le chemin de l’amour
Le bonheur ça vient toujours après la peine
T’en fais pas mon ami je reviendrai
Puisque les voyages forment la jeunesse
T’en fais pas mon ami je vieillirai

Rassasié d’or ancien ployant sous les tropiques
Un jour m’en reviendrai les voiles en avant
Porteur de blés nouveaux avec mes coups de triques
Tout seul mieux qu’un marin je violerai le vent
Harnaché d’Espagnols remontant la Garonne
Je rentrerai chez nous éclatant de lueurs
Le gens s’écarteront saluant la Madone
En poupe par le col et d’une autre couleur

Qu’il est doux le chemin de l’Espagne
Qu’il est doux le chemin du retour
Le bonheur ça vient toujours après la peine
T’en fais pas mon ami je reviendrai
Puis les voyages forment la jeunesse
Je te dirai mon ami à ton tour
A ton tour…

Léo Ferré

UN PONT


UN PONT

Les lèvres du fleuve s’ouvrent et se ferment

l’arche écarte les jambes

Passe une ouïe grande ouverte

le bouchon saute en prononçant le nom qui dormait dans un confluent de garage

ça fait dresser l’aqueux des feuilles d’iris

et combiner un plan aux canards

autour de l’île la navette cesse les balades, les touristes iront en attente se faire voir

plus de monstres de croisière cannibales de Venise

St-Marc lessive

En regardant flotter tes seins

ça fait

comme un sentiment d’enfant drivant son ballon sans qu’un con tende sa jambe

j’ai dit « But », je mourrai pas de fin aujourd’hui

Et laissant les syndicats peaufiner leurs combines

j’ai suivi ton train, comme on se précipite aux sphères pour pu avoir peur du noir

Par le couloir de l’enfilade, cette perspective que les colonnes savent rassemble sans doser l’hier à l’aujourd’hui

La preuve le soleil m’invite à l’atelier, La Chaume est pleine de lumière.

Niala-Loisobleu.

18 Janvier 2023

« SYMBIOSE » – NIALA 2023 – ACRYLIQUE S/TOILE 55X46


« SYMBIOSE »

NIALA 2023

ACRYLIQUE S/TOILE 55X46

L’oiseau se déplace copié-collé à l’arbre

des terres fendues mendient au passage des migrations

Sur un point non répertorié de l’horizon

que s’agite-t-îles

entre flou et points de repères

il y aurait un espace entre ciel et terre

Pommes de pin tombées
Dans la montagne vide
Tu les entends n’est-ce pas
Là où tu es
En lieu séparé
Mais au même instant

Ces vers nous rappellent, par leur tonalité, un poème de Wang Wei, traduit par François Cheng dans

 L’Écriture poétique chinoise :

François Cheng, L’Écriture poétique chinoiseop. cit., p. 139.

Repos de l’homme. Chute des fleurs du cannelier
Nuit calme, de mars, dans la montagne déserte
Surgit la lune ; effrayé, l’oiseau crie :
Échos des cascades printanières…

Ce qui fait que je me saisis de la manivelle du chevalet

et fouille dans la toile qui monte l’escalier intérieur de mes vertèbres

On dirait que l’âne s’est mis la noria dans le ventre

est-ce un mouvement en résistance

tel l’Arbre de Vie qui s’ébroue ?

Tandis que je finissais ce tableau ce matin sous la verse sans voir que dalle de La Chaume

mes yeux accrochés au dernier souffle de ma main refusaient de s’inscrire à la croisière du Titanic

La chaloupe d’une épopée mise à l’eau et en brassards deux beaux nichons enroulés

j’ai cru z’ô hé qui venait se coller dans cet estuaire d’herbe cressonnière où rien ne végétait

Niala-Loisobleu.

17 Janvier 2023

DE LA DEPENDANCE A L’ATMOSPHERE


DE LA DEPENDANCE

A L’ATMOSPHERE

Les mots-peints qui stagnent su ma langue butent à la camisole de la robe de vent et de pluie monstrueuses qui masquent le corps que la solitude sait présent derrière brouillard glacé qui le retient

Des deux ciels un seul est sien

l’autre n’est qu’un effet fantasmagorique d’un quotidien en grève

Viens à ma main te laisser dévêtir du temps de merde qui cache l’horizon sans modifier ton désir

La solitude est des deux côtés du fleuve

Faute de barque la nage est toujours possible.

Niala-Loisobleu.

17 Janvier 2023

DANS L’INTERIEUR DU BLEU


DANS L’INTERIEUR DU BLEU

La méprise des fenêtres du monde m’ouvre sa noirceur à travers son agonie

je me souviens du long chemin que je fis dans le tien Vincent

aller-retour des moulins à tulipes

jaune d’Arles

jusqu’aux corbeaux des blés d’Auvers-sur-Oise

découvrant aujourd’hui le sens intrinsèque de tes murs bleus comme ce qui manquait à mon ressenti pour respirer

La fenêtre qui demeure hostile à l’ouverture

en fait ne signifie rien d’autre que la volonté sacrée de protéger la lumière que l’on a en soi

Ta chambre est plus vaste que l’univers

tant elle a ouvert de chemins sur un humanisme que les hommes refusent

Tes patates étaient plus douces que celles que Paul a voulu manger sur place aux Marquises

de là à t’en couper l’oreille

il n’y a qu’un pas pour croire que devant la lumière il a eu peur d’entendre

Je me tais assis sur la paille

ta chaise

et regarde ce large que tu restes seul à représenter

petit macareux sur son rocher

se nourrissant de ton sel

dans l’indifférence

loin du présent aboyeur qui s’exhibe sans aucune pudeur

pourri de l’intérieur.

Niala-Loisobleu.

16 Janvier 2023

SOUS LA DICTEE DE MES MOTS-PEINTS


NIALA – Oeuvre en cours au 15.01.23

SOUS LA DICTEE DE MES MOTS-PEINTS

Il suffit d’un ciel contrarié pour que la main aille se poser au bleu d’emblée

la mer est sous les pieds d’un macareux-moine prêt à plonger

à la pêche du premier poisson-volant qui décollera de sa vague

Ces personnages qui sont attachés à l’arbre sont toujours fruitiers

comme l’herbe a le plus beau vert qu’ailleurs

Mouvements sanguins à l’écluse du coeur

que l’aine ouvre à un amour irréversible

c’est de la vie

je vais à la ligne de la terre brulée

accoster l’île sauvage

mon Amazonie

trouver mon âne

à bord équitable

La couleur parle d’elle-même

sans mentir

sans trahir

la douceur de la chambre d’amour

centre de l’âtre où le feu crépite pour assainir le sens du langage.

Niala-Loisobleu.

15 Janvier 2023

SAISIR AU PASSAGE DE L’AIR POUR L’OISEAU


Oeuvre en cours – Niala 2023

SAISIR AU PASSAGE

DE L’AIR POUR L’OISEAU

Au cognement de lune sur les carreaux, la lumière d’un soubresaut cambre les reins du tango d’un genou glissé entre les cuisses de l’obscurité figée

L’indistinct battu au jeu dans la main, mélange les cartes pour se reconnaître dans chaque couleur

Compte le coeur, arrose le trèfle, pique des deux et court au carreau mettre la fleur de sel en cônes

Un arbre s’accroche à sa racine comme les genres dans l’étreinte par laquelle le souffle lâche ses graines

C’est en corps qu’une esquisse

pour laisser libre-court à l’âne de trouver son figuier de Barbarie non-assujetti aux violacées religieuses

Laïque démarche du chant sacré

du

le limonaire remontant la rue en se foutant de la tête d’affiche

mais en contant sur la nacre des boutons du bandonéon pour épandre le droit de vivre

sans que les nouvelles filles de joie montent en chair clamer leurs sermons de désolation

et que les porte-containers de promesses rejouent Toulon en se sabordant cette fois très justement.

Niala-Loisobleu.

14 Janvier 2023

Passé la ligne…


Passé la ligne…

Barbara

s’annonce comme ce qu’il faut savoir et surtout distinguer entre le fond et l’apparence

Me voici visible à l’Ecluse

mis à niveau pour le passage

Ce monde à plusieurs faces est un épouvantail redoutant l’oiseau par-dessus tout

aussi il affute son hypocrisie pour le tromper

Par la voie du silence les jours sont baladés en émettant leurs fumées

ruses d’indiens égarant de la seule destination

La poussée du volet libérant la lumière individuelle

Celle d’un Grindel, m’est parvenue au début de l’adolescence

Le matin en quittant la ruche Verneuil, mes pas allaient à sa poésie sans retenue

Visionnaire il m’initia au Surréalisme

Seule ouverture sans limite sur la Muse

Découverte de l’Absolu

De quoi ôter au voeu son machiavélique usage

Et ouvrir sans rien vouloir dénaturer, au mystique dans toute la force de la vérité

L’amour intègre passe par l’inévitable corruption du quotidien

Je peins pour dire autrement

Elle m’entend

Barbara a toujours su la racine

le dernier tableau lui est entièrement dédié

Je lui donne en bonne année comme pour lui dire, je suis là, je tiens sans me retenir autrement qu’au chevalet, La Chaume fertile, la couleur poétique, cet enfant silencieux là, ce sein de sel, plus loin que l’infinité du chien noir, l’Autre-Monde bien réel à la plume de ses vers.

Regarde-le, Barbara, je vis dans son tissage.

Niala-Loisobleu.

1er Janvier 2023