PASSAGE A LANGUE PAR JACQUES IZOARD


PASSAGE A LANGUE

PAR JACQUES IZOARD

D’ombre à langue, un seul quinquet.
Celui de la petite parole ou de la petite pupille.
Petite langue à la serpe.
Languette au fond du puits.
Langue douce, langue de papier.
Langue de boucher, de vitrier.
Langue de musée du verre étoile.
Deux langues disent la voix d’un double corps d’épouse.
Langue de dimanche au soleil.
Langue à l’affût des langues, des dards, des verges et des glus.
J’avance la langue vers toi, pli très doux du vertige.
Je la loge entre les lèvres les plus aveugles du corps.
Le bleu tassé inonde ventre et bouche ensevelis.
Mais l’herbe en masse étourdit le dormeur.
Le chemin de salive a longé la forêt.

Langue dodue, langue d’ailleurs.
J’arrache la voix du crieur.
J’avale la voix du voleur.

Né dans l’herbe


Né dans l’herbe

Descendu de toi du canapé sous le plongeoir de la piscine par le couloir de l’herbe devant l’oiseau dressé sur ce matin redonné, tous volets rabattus et jeteurs de sorts hors du nid, l’oeuf s’est ovalisé

au centre du verger

La main encore chaude du premier cri entendu je coupai le cordon qui retenait le lancement du navire alors que tu lâchais l la bouteille de rosée

L’herbe dans l’herbe nous nous nous bûmes à la grappe du bourru.

Niala-Loisobleu – 18 Avril 2022

MOTS NATIFS


MOTS NATIFS

La nuit en tirant les rideaux fait place à l’écrit tôt

Direction indiquée dans le bon sens

la bonne mesure d’oiseaux est pour l’équilibre solaire tout autour de l’arbre.

Niala-Loisobleu – 15 Avril 2022

« LIS DES CHAMPS » – NIALA 2022 – ACRYLIQUE S/TOILE 73X60


« LIS DES CHAMPS »

NIALA 2022

ACRYLIQUE S/TOILE 73X60

et si tout cela devenait vrai

un jour

possible le hamac tressé des mains

le pas dans le pas du chemin qui l’a précédé

une langue à se dire le nom des espèces

inconnues

le don du lis

l’attente nue l’égal respect

d’un égal amour

J’irais doucement coucher

dans la brouette triste de la saison

plantée sur sa fourche

l’ambivalente nuit

qui pousse en plein jour sur les fleurs

désabusées

déchirer tous les brouillons pressés

et leurs baies d’ombres

qui barbouillent tout ce qui sent bon

dans la tendre maison

de ta bouche où éclate la pensée

de mille oiseaux

et la plus pure des clartés

Barbara Auzou.

12 Avril 2022

ALLUMER LA NUIT


ALLUMER LA NUIT

Enduire l’ombre de l’éclair de tes mots en comblant les fissures d’artifices

cette église où nous communions, réfléchie de la source à la mer par l’estuaire de la poésie

Aux abords des cailloux hypocrites un phare en balise

chenal silencieux du concis qui conduit

Le sol et le ciel réunis par le double genre de l’Arbre de Vie et Nous au-delà du doute des questions contre-nature

Rouault intrinsèquement solaire

Par la pluie je vais épandre l’anémone à partir d’une autre blancheur, propice à l’arc-en-ciel.

Niala-Loisobleu – 12 Avril 2022

FENÊTRE ACCESSIBLE


FENÊTRE ACCESSIBLE

Le vent démonté, je traverse le jardin à travers un soleil revenu

tes doigts ont ratissé le bois mort de la tempête

j’ai bu tes seins avant de pousser la porte

tu m’as dit chouette met du bleu en anneau autour des aréoles, je me sens planante

et ta langue vitre m’en tu verras plus loin par tous les temps

J’ai monté le chevalet pour sentir ton ventre venir à la peinture…

Niala-Loisobleu – 9 Avril 2022

PAR LA PORTE DU FOND


PAR LA PORTE DU FOND

Entre la force des arbres séculaires et le menu du jour je m’assied à table en prenant la porte du fond

Un petit gris traverse le ciel, cagouillard ce nuage d’Avril

La lanterne compensera la couleur hésitante du drapeau de la plage

En passant sous tes fenêtres j’ai vu de la lumière et pas n’importe laquelle. Ce qui m’a été confirmé en voyant la façon comme le chien que tu avais sorti, levait la patte

Voilà un jour à sortir les tons chauds

En grattant l’écorce du cerisier je trouverais de ta sève en droite ligne de ton ventre qui salive les mots d’un littoral corse

Ce qui me séparera plus encore de l’outre-noir pour presser le chant du rossignol de mon en vie.

Niala-Loisobleu – 6 Avril 2022

TENIR SA BRANCHE A SOIE


TENIR SA BRANCHE A SOIE

L’herbe d’un bout d’église de Bretagne, au versant de la colline qui s’est rentrée l’odeur de tes cheveux à la place du confessionnal

Il faut tendre l’oreille pour écouter ton aisselle, mais j’aime passer ta peau au travers des murs

Les pas étouffés des heures d’attente

Gémissements du caniveau quand je glisse sous le pont

Plaisir d’amour que Juliette de sa voix chaude sort du placard

des sons qui franchissent le gel actuel comme pour accompagner les victimes de Boutcha d’une pensée en sachant que c’est pas comme une fleur qu’on accroche aux misères de la star en vogue sur internet

Générer du courant à la rivière pour la laver du linge sale

Je t’aime comme la mélopée qui franchit les frontières sans s’ouvrir à la douane

Et s’écoute

Comme on suit la crotte du lapin sur la piste qui mène à la mer

Te plonger dedans rien que pour moi

Plaisir des sens bien enfoncé.

Niala-Loisobleu – 4 Avril 2022

CE FRUIT QUE TIENT SA FLEUR


CE FRUIT QUE TIENT SA FLEUR

Ici le chant s’étire dans les cailloux laissés après le départ de la rivière, là un noyau laissé après un nuage a roulé par l’aqueux dans la pluie sentinelle

Loin derrière resté sans un mot en plein bataclan le mystère tient son secret

La chaise de Vincent n’a jamais perdu de paille durant l’isoloir de l’asile

l’encre des iris a animée les tournesols

les arbres ont transpercés le froid du sol, d’un coup de burin dans la pierre qui donnera un peu plus tard la vague à Camille dans une force douloureuse d’ex-voto, un écho de cathédrale entre les deux colonnes de la petite chapelle

cri sans nom autre qu’AMOUR porté par la douleur transcendée

Un chevalet, un pupitre

une plume, un couteau

un papier, un bleu

ces fils de l’haleine qui ignorent le mou ton à l’usage du métier

A travers le mouvement perpétuel l’amour se relaie sans penser finir l’Odyssée

les enfants apprendront la goutte qui porte l’eau à l’ardoise en puisant hors de l’école à la noria de leur professeur.

Niala-Loisobleu – 4 Avril 2022

LIEU SEIN


LIEU SEIN

Un temps soit peu paumé, redouble à faire le point, pour se rassembler toi émoi

l’été venu alors que le présent n’a point apparu c’est un comble

Ce matin pendant que tu glissais pour aller garder les trois ou quatre moutons que les parents larguent, j’ai eu de telles visions d’effroi, c’est certains zigs-zags font froid dans le dos, au point de remonter le tant comme on enfile un gilet en embarquant

Le couloir dans son coude obscur n’a pas hésité à redresser sa vérité

on peut glisser sur la berme san aller au fossé

Ce dernier tableau que le précédent avait remis dans la bonne palette, a fait de haut les tours périlleux du trapèze, cette guerre comme n’importe quel type d’autre n’est pas de nous

A voler l’oiseau peut croiser l’aigle sans pour autant perdre sa parenté colombe

l’amour c’est NOUS

tu le vois chaque jour

et tu l’écris sans point à la ligne

2018 montre la vérité sur ce qui n’a pas changé d’EPOQUE

alors le cerisier ne pourra qu’avoir des fruits. Il fait froid mais le soleil te ressemble tellement qu’on en voit plein quand on y regarde de près.

Niala-Loisobleu – 1er Avril 2022