La leçon de piano – Jacques Bertin


PIERRE BONNARD

La leçon de piano

Jacques Bertin

Vous ne pouvez savoir comme ce son du piano
Étouffé au fond des salons cossus des demeures
Sous des lueurs on suppose de lampes d’une belle époque et des murmures apaisés
Vous ne pouvez savoir comme ce son du piano
Presque éteint hésitant sur le seuil de mon front me défait
Ou pose sur mes lèvres sur le seuil un désir de baiser ou de fraîcheur
La grand-mère bien douce qui régnait sur les meubles cirés
Conservant dans des carnets bleus l’histoire des années
Est morte hier un père absent
Une mère plus belle que la mère du roman
Ou de la chanson des lieurs
Le retrouve pour l’amour calme
Et les velours semblent fermer une âme
Où je suis entré sans être invité jamais
On entend le piano où s’appliquent les doigts d’une petite soeur

Et j’y meurs j’y meurs
Tandis que se défont des orages plus loin ailleurs

Jacques Bertin

D’UNE COULEUR DE LA MEMOIRE 1


PIERRE BONNARD

D’UNE COULEUR DE LA MEMOIRE 1

Assis sur la margelle à la recherche du soleil que le fond du puits refléterait entre le passage

des nuages, j’appuies mes jambes dan le vide

au guet d’un cri des oies sauvages

et du troupeau paisible paissant sous les pommiers

ah la vache où est donc le train

Planter un arbre avant la Ste-Catherine

et ne pas perdre la main

des choses qui faisaient la vie quand les lèvres se cherchaient de bas en haut sans un mot

qu’il pouvait pleuvoir dans l’arc-en-ciel pour mettre un arc dans la couleur

Et toi

à quoi tu penses de tes serrements depuis qu’on a mis l’amer au milieu des taires ?

Niala-Loisobleu – 11 Octobre 2022

LA PORTE PAR JACQUES REDA


PIERRE BONNARD

LA PORTE

PAR

JACQUES RÉDA

Et pourtant c’est ainsi : l’on voit, par la porte battante,
Une lumière qui s’approche, hésite puis s’éteint.
Souvent l’attente se prolonge.
Et seul, à qui sourire
En silence?
Personne.
Et qui nous répondrait de loin
Si l’on criait ?
Personne encore.
Un jour on croit rêver,
Un autre jour mourir — et vraiment c’est un songe, et

c’est
Aussi la mort.
Passent parfois deux lévriers timides
Et plutôt soucieux qui font mine d’en savoir long
Sur le sens de la vie.
Incidemment, la porte cesse
De battre et l’on se dresse en criant plus fort dans le noir ;
Ou bien la clarté s’établit, et l’on distingue enfin,
Pour un instant, ce qu’on ne peut pas dire ni comprendre.

Jacques Réda

LE SOLEIL DE DERRIERE LA MAISON


NIALA

LE SOLEIL DE DERRIERE LA MAISON

Dans la dalle où les oiseaux évacuaient le cauchemar de la nuit de leurs chants matinaux, la pluie pousse l’absence de contact aux citernes comme on noie la dernière portée de chats. On peut voir dans ce rite actuel un goût avancé du morbide comme un réflexe de Pavlov pour sortir du naufrage. L’ambiguïté s’installe comme un nouvel art de vivre dans l’entre-deux à la place de la prise de conscience. Être son double servirait de porte de secours, la pirouette qui ignore le sens responsable. L’esprit de pénurie est tel qu’il bouffe et ronge plus que le cancer. On ne parle plus que de ça, aucune action n’est évoquée pour lutter contre, on te lave le cerveau à tout débrancher sans rien d’autre qu’augmenter les prix en particulier. Si bien que ça inspire le beau-parleur à manifester dans la rue sans autre intention que se redorer le blason.

Quand le souvenir des vouloirs qui ont été mis devant ma porte me remonte à l’oreille, je me dis que l’homme est en tout son seul ennemi, à part construire la démolition et promettre de ne plus se masturber l’action, y reste que la peur de la peur s’en aille.

Niala-Loisobleu – 11 Octobre 2022

Poil au né


Poil au né

Animale course à la vérité, perdue, depuis que l’homme a couru debout contre son poil original

Évolution trompeuse autour du paraître où seule les dents de la férocité restent de laid…

Niala-Loisobleu – 11 Octobre 2022