
LA PORTE
PAR
JACQUES RÉDA
Et pourtant c’est ainsi : l’on voit, par la porte battante,
Une lumière qui s’approche, hésite puis s’éteint.
Souvent l’attente se prolonge.
Et seul, à qui sourire
En silence?
Personne.
Et qui nous répondrait de loin
Si l’on criait ?
Personne encore.
Un jour on croit rêver,
Un autre jour mourir — et vraiment c’est un songe, et
c’est
Aussi la mort.
Passent parfois deux lévriers timides
Et plutôt soucieux qui font mine d’en savoir long
Sur le sens de la vie.
Incidemment, la porte cesse
De battre et l’on se dresse en criant plus fort dans le noir ;
Ou bien la clarté s’établit, et l’on distingue enfin,
Pour un instant, ce qu’on ne peut pas dire ni comprendre.
Jacques Réda