SELS DE PIERRE


ODILON REDON

SELS DE PIERRE

Au fronton l’oeil poché

les colonnes s’extraient pierres et marbres des murs salpêtrés en rallumant les feux

Vénus tu as tes quatre membres

Apollon celui qui assurait la transmission

Ceinte du bleu intense que le sel marin garantit, la colline berce l’olivier jusqu’à l’amphore

pendant que poussant mon âme plus loin que moi le ton des dômes s’est accordé à celui qui transporte

la philosophie sur le blanc des temples

Ces fruits d’où les oiseaux noyautaient les lyres

étalés sur les gradins

Théâtre antique

où la voix porte une acoustique que la toge n’a pas assourdie et l’enfant la trace dans les yeux de nuits d’amour répétées

Les lions ont eu l’orgueil en tableau de chasse

un bâton de marche ses rubans d’humilité

le tout sa civilisation

que l’incurie a éborgné en isolant les femmes de la race humaine…

Là au bord du long fleuve où l’eau se rationne pendant que le feu se développe

je m’embrasse le coeur en cherchant comment je pourrais me faire un enfant moi-tout-seul qui prendrait le relais.

A VIE


ODILON REDON – QU’ELLE EST BELLE LA VIE

A VIE

Plus lumineux que la réalité, le symbole garde tout son sens à titre personnel pour corriger sa défection collective

Tant qu’il y a eu des valeurs, j’ai merveilleusement vécu

Aujourd’hui il faut prendre sur soi pour essayer d’équilibrer les carences en grand nombre

Le positif et les compétences tendent à la rendre douloureuse par un abandon des responsabilités

Un pays qui ne vote qu’à moitié ne peut marcher droit

Pire encore quand l’élu qui en sort est sourd et aveugle…

Niala-Loisobleu – 8 Juillet 2022

VERS MINUIT – PAUL ELUARD


VERS MINUIT – PAUL ELUARD

Des portes s’ouvrent des fenêtres se dévoilent
Un feu silencieux s’allume et m’éblouit
Tout se décide je rencontre
Des créatures que je n’ai pas voulues
Voici l’idiot qui recevait des lettres de l’étranger
Voici l’anneau précieux qu’il croyait en argent
Voici la femme bavarde aux cheveux blancs
Voici la fille immatérielle
Incomplète et laide baignée de nuit et de misère
Fardée de mauves et de pervenches absurdes
Sa nudité sa chasteté sensibles de partout
Voici la mer et des bateaux sur des tables de jeu
Un homme libre un autre homme libre et c’est le même
Des animaux enragés devant la peur masquée de boue
Des morts des prisonniers des fous tous les absents
Mais toi pourquoi n’es-tu pas là pour m’éveiller

Paul Eluard