SELS DE PIERRE


ODILON REDON

SELS DE PIERRE

Au fronton l’oeil poché

les colonnes s’extraient pierres et marbres des murs salpêtrés en rallumant les feux

Vénus tu as tes quatre membres

Apollon celui qui assurait la transmission

Ceinte du bleu intense que le sel marin garantit, la colline berce l’olivier jusqu’à l’amphore

pendant que poussant mon âme plus loin que moi le ton des dômes s’est accordé à celui qui transporte

la philosophie sur le blanc des temples

Ces fruits d’où les oiseaux noyautaient les lyres

étalés sur les gradins

Théâtre antique

où la voix porte une acoustique que la toge n’a pas assourdie et l’enfant la trace dans les yeux de nuits d’amour répétées

Les lions ont eu l’orgueil en tableau de chasse

un bâton de marche ses rubans d’humilité

le tout sa civilisation

que l’incurie a éborgné en isolant les femmes de la race humaine…

Là au bord du long fleuve où l’eau se rationne pendant que le feu se développe

je m’embrasse le coeur en cherchant comment je pourrais me faire un enfant moi-tout-seul qui prendrait le relais.