L’ACCORD DES ON ET LE REFUS DE SE RENDRE


L’ACCORD DES ON ET LE REFUS DE SE RENDRE

Marchant d’un feu follet dans le vieux cimetière, la peur que je ressentis de mourir me vint en croisant ces monuments funéraires d’une prétention aussi laide qu’indécente

Imagine la pauvre luciole qui arrive à poil devant un tel étalage d’orgueil

Mais comprendras-tu que cette gêne ne provienne pas d’une absence de costume ?

J’allais plus loin aussi vite que je pus, la navette entre moi et ma façon d’être n’était pas revenue de faire pisser le chien

Nous nous assîmes sur un pierre renversée que l’herbe fleurissait de son bon comme du mauvais et la pensée philosophique me tira les cartes pour me faire la bonne aventure

A quoi bon vivre à espérer s’il n’y a rien à attendre, me dis-je ?

Le chien me serpilla le regard d’un coup d’employé de surface scrupuleux de son ouvrage

Pourquoi attendre de quelqu’un qui attend de recevoir au lieu de donner sans préméditer?

Le plus gros du quiproquo vient de cette erreur d’observation

J’en suis l’impardonnable fautif depuis le commencement pour n’y avoir jamais rien changé

Seulement le refus de se rendre est autrement plus louable dans ce foutoir où tous les trafics se foutent des règles pour satisfaire l’égo en premier

Si le soleil est à vendre, j’en arrive à penser que dans l’ombre se trouve une forme pure de lumière…

Niala-Loisobleu – 28 Novembre 2021

D’UN AUTRE COMME DE LIN


D’UN AUTRE COMME DE LIN

A la remonte des toiles chevalet attelé

fleurs bleues du lin

un oiseau à la charrue

Tant mort de l’absolu les feuilles descendent des branches se tapir

sur le chemin marqué de nids de cigognes

Pas loin des cabanes où les huîtres tiennent leur perle fermée

aux colliers des cuisses des vagues amarrées basses autour du phare

règne une certaine pagaille

On aurait vu de la jetée venir une baleine, l’évent porteur d’eau, grâce au signal ultra-son des déchets plastiques

Nous sortirons des enfants de maternelle les faire boire à l’Île de Sein

après dans un conte de Noël on leur montrera la paille dans l’oeil qui crèche chez Nicolas

Et puits s’il en reste on remontera la vérité du seau, s’il est possible de filtrer les boues de cochon, marée-noire actuelle qui arrive de loin pour séparer les genres violemment

Depuis que les enfants se tuent en bande que faire pour redonner une place normale à la croissance ?

Niala-Loisobleu – 27 Novembre 2021

VAGUE A BONDS SOLAIRES


VAGUE A BONDS SOLAIRES

Au tant qu’emporte le vent, le bateau ivre, s’entortille la trajectoire

Gens qui pleurent

J’en kiri

L’hume heur enfume sans que rien ne parvienne à devenir une pipe

Imprévisible à s’habiller comme il convient j’en perds ma chemise sans retrouver nues

C’est en 1936 que René Magritte fit ce calligramme ô combien expressif du questionnement philosophique que les revirements de l’homme lui manifestèrent à cette période cruciale

Amis de nombreux philosophes et visionnaire incontestable, il témoigne par cet autoportrait de l’annonce qui nous fut faite et parvient aujourd’hui à terme

La vague versatile de l’an brun nous sombre aux lumières d’un tango Titanic.

Niala-Loisobleu – 27 Novembre 2021

AU CŒUR DU MONDE (FRAGMENT RETROUVÉ) PAR BLAISE CENDRARS


AU CŒUR DU MONDE

(FRAGMENT RETROUVÉ)
PAR BLAISE CENDRARS


Ce ciel de
Paris est plus pur qu’un ciel d’hiver lucide de froid

Jamais je ne vis de nuits plus sidérales et plus touffues que ce printemps

Où les arbres des boulevards sont comme les ombres du ciel,

Frondaisons dans les rivières mêlées aux oreilles d’éléphant,

Feuilles de platanes, lourds marronniers.

Un nénuphar sur la
Seine, c’est la lune au fd de l’eau
La
Voie
Lactée dans le ciel se pâme sur
Paris et l’étreint
Folle et nue et renversée, sa bouche suce
Notre-Dame.
La
Grande
Ourse et la
Petite
Ourse grognent autour de

Saint-Merry.
Ma main coupée brille au ciel dans la constellation

d’Orion.

Dans cette lumière froide et crue, tremblotante, plus

qu’irréelle,
Paris est comme l’image refroidie d’une plante
Qui réapparaît dans sa cendre.
Triste simulacre.

Tirées au cordeau et sans âge, les maisons et les rues ne sont
Que pierre et fer en tas dans un désert invraisemblable.
Babylone et la
Thébaïde ne sont pas plus mortes, cette

nuit, que la ville morte de
Paris
Bleue et verte, encre et goudron, ses arêtes blanchies

aux étoiles.

Pas un bruit.
Pas un passant.
C’est le lourd silence de

guerre.
Mon oeil va des pissotières à l’œil violet des réverbères.
C’est le seul espace éclairé où traîner mon inquiétude.
C’est ainsi que tous les soirs je traverse tout
Paris à pied
Des
Batignolles au
Quartier
Latin comme je traverserais

les
Andes
Sous les feux de nouve

Des étoiles, plus grandes et plus

consternantes,
La
Croix du
Sud plus prodigieuse à chaque pas que l’on

fait vers elle émergeant de l’ancien monde
Sur son nouveau continent.

Je suis l’homme qui n’a plus de passé. —
Seul mon

moignon me fait mal. —
J’ai loué une chambre d’hôtel pour être bien seul avec

moi-même.
J’ai un panier d’osier tout neuf qui s’emplit de mes

manuscrits.
Je n’ai ni livres ni tableau, aucun bibelot esthétique.

Un journal traîne sur ma table.

Je travaille dans ma chambre nue, derrière une glace

dépolie,
Pieds nus sur du carrelage rouge, et jouant avec des

ballons et une petite trompette d’enfant :
Je travaille à la fin du monde.

Blaise Cendrars

Suave mari magno – Philippe Léotard


Suave mari magno – Philippe Léotard

Il est doux, quand la mer est agitée… (LUCRÈCE, Poème de la Nature, liv. II, vers 1)

Suave mari magno, turbantibus aequora ventis,
E terra magnum alterius spectare laborem,
Non quia vexari quemquam est jucunda voluptas.
Sed quibus ipse malis careas quia cernere suave est.
Quand l’Océan s’irrite, agité par l’orage,
Il est doux, sans péril, d’observer du rivage
Les efforts douloureux des tremblants matelots
Luttant contre la mort sur le gouffre des flots ;
Et quoique à la pitié leur destin nous invite,
On jouit en secret des malheurs qu’on évite.

JASMIN, LUPINS ET L’AUTRE ROSE-BLEU D’UNE FENÊTRE SUR LE NOIR


JASMIN, LUPINS ET L’AUTRE ROSE-BLEU D’UNE FENÊTRE SUR LE NOIR

Pauvre cul roide que le froid bâillonne à l’entrée de la sortie

le chat tuile les visiteurs, ce maux de passe, fait rougir la lanterne de l’apporte pute

Clandé de richards

Marthe, toi, parle-moi

tes fleurs sur le grand-pavois du jardin avec ta main dans mes cheveux et ton cerfeuil dans mes tomettes

je monterai le courrier aux locataires tout à l’heure avant que le 51 soit mis en co-propriété

Puis j’irai voir les dames des Tuileries qui font un piedestal aux moineaux , une opérette au Jardin de Verdure en croisant les cuisses pour nourrir les pigeons

Le grand-bassin de parturiente tient à flot les enfants

tant qui reste de l’aube pour la communion

L’âne les promènera dans sa petite-charrette jusqu’à Guignol

C’est transparent dedans de lait qui croque son goûter de rire sous les marronniers chauves du moment qui retiennent les feuilles de leurs marrons-dinde à picots

L’atelier répond aux questions qui ne se posent plus depuis l’indifférence

Ma sur le tapis-volant dans ma tenue préférée d’herbe aromatique, comme tapant du point soulevé au départ de construire affinité

J’allume le brasero pour la châtaigne en prenant la main de la chanson de rue d’un parolier venu de la lune par la marée

La mer est à portée, son sel dans mon sac d’utopie, que le fade ne s’en prenne pas à mes couleurs

Chante que ça gêne les sécheresses utérines.de l’abstinence.

Niala-Loisobleu – 26 Novembre 2021

« LE FRUITIER » – NIALA 2021 – ACRYLIQUE SOUS/VERRE 6OX80


« LE FRUITIER »

NIALA

2021

ACRYLIQUE

SOUS/VERRE 6OX80

Brins que balles poursuivent

d’un tir mortel

Cherchent leur grange en saison d’automne

Le peintre en filant un gilet de survie tire

l’haleine du doux tapis mordoré comme croyant au miracle de l’ocre

Des glycines pendues, par les jasmins vaporeux de parfum, les roses et les trémières que l’oiseau transplante, ourlent l’iris en plein bocage

Un regard allié des deux genres au creuset

Folie raisonnée

Le train au troisième sifflet tombe le chapeau et pénètre en résistance

Sillon s’aimait comme la nature s’était simplement organisée, sans nom de dieu consulter l’homme,

en proue dans ton estuaire notre bateau ne perdrait pas ses jambes

A l’enfant qui sème laissons le commandement

Petite-Mort t’es la Vie, l’Abeille

Niala-Loisobleu.

26 Novembre 2021

DES TRAINS QUI PASSENT SANS S’ARRÊTER


DES TRAINS QUI PASSENT SANS S’ARRÊTER

QUAI N°1

Traverser la voie par-dessus le passage à niveau de la scolarité généralisée

QUAI N°2

Laisser l’asphalte dans son risque plantaire pour le rail que l’herbe traverse

QUAI N°3

Privilégier sa vapeur à toute autre vantée en tenant en avant que toute période électorale est plus soumise que pute en maison d’abattage

QUAI N°5

En culée le chef-de-gare ne garantit pas que sa femme évite qu’on déraille

QUAI N°6

Dépasser l’hou râle quand le découragement grimpe Poutine est encore moins fiable que le communisme de Staline

QUAI N°7

Stopper le train en gare et embarquer immédiatement si c’est chanté par Trenet à bord de la locomotive.

Niala-Loisobleu – 26 Novembre 2021

VIDE HORS DUR


VIDE HORS DUR

Fenêtre ouverte sur toute merde, c’est l’angoisse de se projeter au dehors

Le panel du tracas est trop lourd en mauvais sucres

Je file « Menu du Jour » pour l’essence ciel équilibre

Dans l’autre monde construit sans toucher à celui-ci, mettre ses fleurs dans son herbe, c’est comme sortir son coeur faire l’amour en bonne et simple énergie

Toi qui est femme et moi homme avons au départ le complément naturel, apte au bon fonctionnement, se prendre la tête au point d’en arriver au pronom iel-iele me dépasse pas qu’un brin

C’est la fin de l’ÊTRE

Sauvage garde tout ce que l’élevage tue

Nos sexes comme ils sont à l’origine d’un choix gardant tout son mystère c’est le bon mélange du bouquet du choix de son ô de toilette

A mes moustaches ajouter ta barbe m’assure une joie saine que l’ennui ne peut gâter d’un doute.

Les ailes de ton iris déployées portent à mon tronc dressé une autre obole que celle pour les veuves

Niala-Loisobleu – 26 Novembre 2021

LES ENFANTS QUI S’AIMENT – PHILIPPE LEOTARD/ JACQUES PREVERT


LES ENFANTS QUI S’AIMENT – PHILIPPE LEOTARD/ JACQUES PREVERT

Les enfants qui s’aiment
S’embrassent debout contre les portes de la nuit
Et les passants qui passent les désignent du doigt
Mais les enfants qui s’aiment
Ne sont là pour personne

Et c’est seulement leur ombre
Qui tremble dans la nuit
Excitant la rage des passants
Leur rage, leur mépris
Leurs rires et leur envie

Les enfants qui s’aiment
Ne sont là pour personne
Ils sont ailleurs bien plus loin que la nuit
Bien plus haut que le jour
Dans l’éblouissante clarté
De leur premier amour

Les enfants qui s’aiment
S’embrassent debout contre les portes de la nuit
Et les passants qui passent les désignent du doigt
Mais les enfants qui s’aiment
Ne sont là pour personne

Et c’est seulement leur ombre
Qui tremble dans la nuit
Excitant la rage des passants
Leur rage, leur mépris
Leurs rires et leur envie

Les enfants qui s’aiment
Ne sont là pour personne
Ils sont ailleurs bien plus loin que la nuit
Bien plus haut que le jour
Dans l’éblouissante clarté
De leur premier amour