JARDIN VIVANT


ODILON REDON

JARDIN VIVANT

Du haut de sa branche

Odilon

tire de sa canne cette sensation de souffle

qui remplit d’iode le coin des poubelles girls

Lit d’Ô

Tes reins gondolent

et tes seins lourds papillonnent

leurs fleurs en baume

montent la voile..

Niala-Loisobleu – 5 Juillet 2022

PAR LA VOIX BARREE


ODILON REDON

PAR LA VOIX BARREE

Venus de loin, du bois mort et des troncs sciés éteignent le passage à croire que plus rien ne peut arriver de positif

Redon a sorti ses chevaux d’ailleurs que Marly et dispensé Pégase de faire son cirque

C’est pas la parade de la Patrouille de France son manège

La pente est rude, il faut la remonter

Les tortures qui l’ont mises au point de départ ont nécessitées tant d’ingratitude que vouloir en sortir ne peut que guérir

Il n’a plus d’âge depuis longtemps le roc qui soutient la falaise.

Niala-Loisobleu – 4 Juillet 2022

L’EFFLEURE


ODILON REDON

L’EFFLEURE

Au centre de l’apporte la main attend qu’on frappe depuis le tant qu’on a tout pris chez l’Auvergnat

La Route des Crêtes chassée de la nature par les motards est devenue un circuit de vitesse où les marcheurs de St-Jacques n’entendent plus la mer en se collant la coquille au tympan de la première église

Pour voir un Odilon à sa taille ma voisine m’a demandé une bonne adresse à soutien-gorge

Je lui ai répondu que Redon ne faisait rien pour les plates et j’ai mis ses fleurs sur la première tombe des péris en mère avant de donner à manger aux abeilles

Nous n’irons plus à la pêche aux moules, réservant nos sorties à l’étalon pour enrayer le développement de la contrefaçon de l’intelligence artificielle avant qu’elle ait le dessus

Un enfant qui viendrait au monde en poussant le cri de ses parents à sa conception, aurait une tessiture à effacer les gagnants de ce foutu hit-parade actuel

Mille pertuis me restent à la fenêtre qui part de derrière la bouée du marais

sur leur rocher l’embrun fait bidet pour la promenade à jet central.

Niala-Loisobleu – 27 Juin 2022

FALAISE – EUGENIO MONTALE


ODILON REDON – LE CYCLOPE

FALAISE – EUGENIO MONTALE

Comme un éboulis musical
s’éloigne le son, il dévale.
Avec lui se dispersent les voix
réunies aux volutes
arides des crevasses ;
le gémissement des pentes,
entre les vignes que l’entrelacs
des racines enserre.
La falaise n’a plus de sentes,
les mains s’agrippent aux branches
des pins nains ; puis tremble
et décroît la lueur du jour ;
un ordre descend qui dégage
de leurs limites
les choses qui ne demandent
qu’à durer désormais, à persister,
avec tout leur content de labeurs infini ;
un écroulement de pierraille qui du ciel
s’abîme sur les rives…

Dans le soir qui s’étend à peine, arrive
un hurlement de cor, il se disloque.

Eugenio Montale

Extrait: Os de Seiche

/ traduit de l’italien par Patrice Angelini

EUGENIO MONTALE…EXTRAIT


EUGENIO MONTALE…EXTRAIT

Sans coup de théâtre

Les saisons

ont presque disparu.

Tout cela n’était qu’un jeu trompeur des Esprits

de l’Ether.

Il ne nous est pas possible de vivre

par instants, par à-coups, par échappées et en escapades longues et brèves.

Qu’on soit vivants ou morts, la balançoire

ne pouvait durer plus que l’éternel

le si fugace âge de notre enfance.

Voici que commence le cycle de la stagnation.

Les saisons ont fait leurs adieux

sans salamalecs ni cérémonies, lasses

de leur roulement. Nous ne serons plus

tristes ou heureux, oiseaux de l’aube ou de la nuit.

Nous ne saurons même plus

ce qu’est savoir et non savoir, vivre

presque ou pas du tout. C’est vite dit,

pour le reste nous nous en tiendrons au fait.

.

EUGENIO MONTALE

(Traduit de l’italien par Raymond Farina)

.

redon25,,
ODILON REDON

FORMES DE L’ANAGRAMME


PAR MICHELLE GRANGAUD

ODILON REDON

FORMES DE L’ANAGRAMME PAR MICHELLE GRANGAUD

Isidore
Ducasse comte de
Lautréamont

méduse l’auditoire mets sac à côté nord et mise du crocodile dans ta mare ouest démode du croissant au court à demi est toast à taire consomme le
décideur sud sors ta mince camelote du désert oui-da monte maturité à la corde cuisse de dos

conduis le sommet au
Tati à créer de dos accoutume-toise : méditer salades nord détourne-toi du commerce assis là et da contracte l’idiome dur de masse à ouest comme sa décision
dérate ta rotule sud adulte du sans mémoire accorde-toi est

situe dam le contour de ma croisade est conte le traumatisme coi du rasé de dos modèle de saut ton moi si caractère sud miette accumule des oasis radote nord admets le concert du
soir à mardi ouest immole ton étude s’écrit courses à dada

commente la cause sois de tout
Derrida souris au médicament coloré daté d’est décide des mots à courir l’amante ouest acclame ton truisme au soir d’été de dos

couds la tête assidue mérite coma nord incise ta dermatose morale de coût sud

et commande l’écriteau d’os à sortie sud considère la tasse comme toiture du da cuis le camaïeu de mots et torsade nord accommode l’autorité de sardine
US est commets la couture de raisin à et de dos décommande aussi le tricot rade ouest

cascade la moto de dire terminus ouest déçois le las à trou de commentaire sud acclimate ton trousseau de rime de dos soude la contumace d’iris motte réséda cuisine de
coteau mords le matador est détruis cocotte malade au messie nord

décroise la sciée du tam-tam nord-ouest amortis le roc est ce demain d’ouate sud tic tiré da essore la communauté de dos

Raymond
Queneau ou l’oignon de
Moebius

On rime do, soigne ma nuque, double noyau,
Une ouïe d’embryon la souda, gnomonique
Non né d’audible mosaïque, gourou moyen
Ou mi-badge au
Numide, noyons l’Orénoque.
Une monogéoludique m’a boudiné rayons
Du globe maya un soir monodoué quenine !

Or, nid mou ou mou, bégayons de la quenine.
Sème, ma gonodoque, un rien d’oubli.
Noyau,
Un duodégnome oblique au moi en rayons,
Idem ondoyons rue l’aube au gnomonique —
Un nu, oui-da : on gomme sa
Libye d’Orénoque
Ou la nonne d’amour es bigoudique moyen.

Qu’on nous doue la big âme noire du moyen.
Boy du gonodrome au sein mou, laque
Nine.
Nue. sa momie au nylon du
Gobi d’Orénoque !
On masque le bourdon — neige-moi du noyau,
Où à une myriade, son double gnomonique
M’ennuie, d’où, on boude ma logique.
Rayons

Au menu — nœud monodique oblige — ‘rayons’
Où souque la bigamie non ronde — du moyen
Nie le doudou; embrayons au gnomonique;
Un boa du
Sodome y go, more, à l’unique
Nine,
Ninon, ma gourde moqueuse, bolide noyau
Bigle au duo mou, mayonnaise d’Orénoque.

Ysabeau mouline du moignon d’Orénoque,
Ondée du on, genou maboulimique, rayons,
Mon aine ombreuse qui gondole du noyau,
Ma sourdine, ou bouée d’Algonquin moyen,
Monogyne amadou d’où s’éblouir quenine,
Rude madone, un soi, le boyau gnomonique.

Soudure, aboulie d’anonyme gnomonique,
Digue, bain mou, s’y adonne mou, l’Orénoque.
Origène, son bayou doum-doum la quenine.
Midi, eunuque abondé, monologue rayons.
Moule, on burine sa gonade — quoi du moyen ?
Rôde, ô muqueuse mignonne d’aboli noyau

De l’amour en noyau boisé du gnomonique,
Bague au
Nil, dominos du
Moyen-Orénoque,
Monde ou rayons du moi, bouge la quenine.

Michelle Grangaud

HAUTES-HERBES


ODILON REDON

HAUTES-HERBES

Les hautes herbes de Hubert Voignier
Aussi je m’en vais par les routes pluvieuses ou ensoleillées d’avril, bordées d’orties vivaces et d’ombelles géantes, dont les petites grappes de fleurs blanches gravitent comme des galaxies dans l’espace poudreux des talus et des fossés, à la recherche de ces champs d’herbe haute rehaussés de fleurs — faisant ressurgir en moi le souvenir d’enfance de vertes prairies constellées de narcisses au parfum amer sur le plateau d’Hauteville — à travers les voûtements grêlés des sous-bois ou les vastes nefs renversées des platanes le long des nationales, je pars à la rencontre des hautes herbes comme à la découverte d’un grand pays luxuriant où je désire m’immerger pour ne plus refaire surface. Je m’élance à la conquête de cet au-delà de verdure où l’on puisse vivre à jamais sous les lois de vigueur et de profusion végétales, où l’on puisse s’abreuver à cette fontaine de jouvence printanière, et atteindre par là à une forme d’éternité qui soit verte.

C’est ainsi que dans cette lave suspendue au-dessus de nos têtes de mon couteau c’est fendue la goulée d’air salvatrice

Dans la braise incandescente, des fleurs blanches suspendues comme un grand oiseau jaune déversant de la pluie pour passer

Et saisir à la pointe du versant la dorsale qui remonte le vallon au départ de tes hautes-herbes d’une nouvelle vision. Au virage de la source un monticule garde l’eau, j’ai pu m’y rafraîchir et finir par gagner les aisselles en cordée des deux mains au sein du refuge.

Niala-Loisobleu – 16 Juin 2022

LYRE. LIRE PAR JACQUES IZOARD


ODILON REDON

LYRE. LIRE PAR JACQUES IZOARD

Le bleu pâlit, touche la cuisse, plus vif entre la jambe et la hanche.
Entre les seins, le bleu exulte; autour des seins, je le vois grossir, enfler comme une bonne bête à dieu.
Le voici jeté sur la vitre où la tête apparaissait.
Quelle hécatombe bleue!
Quels bleus dégâts, quelles scissions parmi tant de franchises !
De haut en bas, la limite est tracée, rapace, chenille bleue, pour assouvir le papier, l’œil élu.
Du temps où le bleu était pur, dirons-nous désormais.

Un gris léger touche le regard, lui donne un poids de navire ou de fruit.
Que sais-je de ce que je devine?
Que sais-je du goémon, de l’écrasement que les jambes cachent?
Entre les jambes déferle l’innocence.
Et je comprends de moins en moins la lutte infirme du corps avec lui-même, la sagaie sous le crachat toujours bleu de la vie.
Les jambes en haleine, le papier les a nourries.

Léger.
J’ai.
Dans les mains, le vin caresse les veines.
Grumeaux de rouge en relief sur cet épais papier où tu passes ta vie.
L’haleine à givre est en voie de disparition.
Ils sont assis, remuent à peine, sont ensemble, assis dans leurs jambes, et leurs corps sont piqués de rouille et de bleu.
Un long bras descend vers la jambe où nul sexe n’entretient l’illusion.
Entorses et blessures, coups de toutes sortes, visages mangés de brouillard bleu montrent bien qu’ils peuvent à peine répondre aux questions sans ronces, aux questions les plus
simples.

Jacques Izoard

JADE FAUX PAR VICTOR SEGALEN


« PASSAGE D’UNE ÂME » – ODILON REDON

JADE FAUX PAR VICTOR SEGALEN

O fourberie d’une amitié parfaite ! Sonorités sournoises d’un double écho de l’un à l’autre cœur !

Nous aimions, nous décidions en même confiance : de l’un à l’autre fidèle en termes plus clairs que le grand ciel sec de l’hiver.

Las ! le mauvais printemps est venu, et le vent trouble et le sable en tourmente jaune. J’avais promis,

Je n’ai pas tenu. L’écho s’étouffe. C’est fini. — Ce jour glorieux d’abandon, ah ! que n’ai-je été dur et sourd et sans paroles !

O générosité fourbe, jade faux blessant au cœur plus que l’indifférence au cœur de porcelaine !

Victor Segalen

VIATIQUE PAR BIRAGO DIOP


ODILON REDON

VIATIQUE PAR BIRAGO DIOP

Dans un des trois canaris

des trois canaris où reviennent certains soirs

les âmes satisfaites et sereines,

les souffles des ancêtres,

des ancêtres qui furent des hommes

des aïeux qui furent des sages.

Mère a trempé trois doigts,

trois doigts de sa main gauche :

le pouce, l’index et le majeur;

Moi j’ai trempé trois doigts :

trois doigts de la main droite :

le pouce, l’index et le majeur.

Avec ses trois doigts rouges de sang,

de sang de chien,

de sang de taureau,

de sang de bouc.

Mère m’a touché par trois fois.

Elle a touché mon front avec son pouce,

Avec l’index mon sein gauche

Et mon nombril avec son majeur.

Moi j’ai tendu mes doigts rouges de sang, de sang de chien, de sang de taureau, de sang de bouc.

J’ai tendu mes trois doigts aux vents aux vents du
Nord, aux vents du
Levant aux vents du
Sud, aux vents du couchant;
Et j’ai levé mes trois doigts vers la
Lune, vers la
Lune pleine, la
Lune pleine et nue
Quand elle fut au fond du plus grand canari.

Après j’ai enfoncé mes trois doigts dans le sable dans le sable qui s’était refroidi.
Alors
Mère a dit : «
Va par le
Monde,
Va !
Dans la vie ils seront sur tes pas. »

Depuis je vais

je vais par les sentiers

par les sentiers et sur les routes,

par-delà la mer et plus loin, plus loin encore,

par-delà la mer et par-delà l’au-delà ;

Et lorsque j’approche les méchants,

les
Hommes au cœur noir,

lorsque j’approche les envieux,

les hommes au cœur noir

Devant moi s’avancent les
Souffles des
Aïeux.

Birago Diop