
HAUTES-HERBES
Les hautes herbes de Hubert Voignier Aussi je m’en vais par les routes pluvieuses ou ensoleillées d’avril, bordées d’orties vivaces et d’ombelles géantes, dont les petites grappes de fleurs blanches gravitent comme des galaxies dans l’espace poudreux des talus et des fossés, à la recherche de ces champs d’herbe haute rehaussés de fleurs — faisant ressurgir en moi le souvenir d’enfance de vertes prairies constellées de narcisses au parfum amer sur le plateau d’Hauteville — à travers les voûtements grêlés des sous-bois ou les vastes nefs renversées des platanes le long des nationales, je pars à la rencontre des hautes herbes comme à la découverte d’un grand pays luxuriant où je désire m’immerger pour ne plus refaire surface. Je m’élance à la conquête de cet au-delà de verdure où l’on puisse vivre à jamais sous les lois de vigueur et de profusion végétales, où l’on puisse s’abreuver à cette fontaine de jouvence printanière, et atteindre par là à une forme d’éternité qui soit verte. |
C’est ainsi que dans cette lave suspendue au-dessus de nos têtes de mon couteau c’est fendue la goulée d’air salvatrice
Dans la braise incandescente, des fleurs blanches suspendues comme un grand oiseau jaune déversant de la pluie pour passer
Et saisir à la pointe du versant la dorsale qui remonte le vallon au départ de tes hautes-herbes d’une nouvelle vision. Au virage de la source un monticule garde l’eau, j’ai pu m’y rafraîchir et finir par gagner les aisselles en cordée des deux mains au sein du refuge.
Niala-Loisobleu – 16 Juin 2022
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