Les cris d’écoliers dans les cours (Lucien Massion / Philippe Bizais) Jacques Bertin


Les cris d’écoliers dans les cours 

(Lucien Massion / Philippe Bizais) 

Jacques Bertin


 

Les cris d’écoliers dans les cours
La pierre blanche au carrefour
Ce signe tracé dans le sable
L’étoile posée sur la table
Ce regard dans la foule hostile
Ce jardin doux des trèfles tendres
Ce printemps du mois de novembre
Cet été dans l’hiver civil
Femme inconnue aux cent visages
Mystérieux livre d’image
Le vol au loin des grands oiseaux
Le chant glissant sur les roseaux
La nuit toute mouillée de roses
La soie des matins vénéneux
Ces îles blanches dans mes yeux
Et ce printemps des ecchymoses
Le soleil dans les rues barrées
Et la rhapsodie des marées
Ma part de pain ma part de rêve
Ce point d’aube au bord de ma lèvre
Femme inconnue aux cent visages
Mystérieux livre d’image
Le vol au loin des grands oiseaux
Le chant glissant sur les roseaux

EN BROUILLON


EN BROUILLON

Romancero Gitano

des dents blanches de cet enfant surgit le contenu des vols à la tire

En frappant le sol de sa canne la cérémonie intensifie la différence

au vif des mains calleuses sortent les côtelés du velours de la caresse

en une pierre comme en sang

Entre la glace et le creux de la paume gigote un frisson jeté à la corbeille

Lorca me tient cloué par six cordes par l’accent d’une balle au mur.

Niala-Loisobleu – 8 Novembre 2021

SE DEVOIR TENIR CHAUD AUX DOIGTS


SE DEVOIR TENIR CHAUD AUX DOIGTS

Jeter la mitaine d’un sentiment sorti de saison

l’automne est un gant enveloppant

pour la main

gauche de surcroît

Du coeur d’où elle tire le pigment

rien ne gèle

La paume ne met pas de nid à l’index.

Niala-Loisobleu – 8 Novembre 2021

LA MAIN SUR LA POIGNEE


LA MAIN SUR LA POIGNEE

Passé par la mer d’une caresse naissante

sur l’éléphant qui remonte la pente de cette mémoire originelle sans Père Noël pour seul moyen de défense

Retour à la première vague virginale sortie du trousseau de l’enfance

cette diagonale de voile de la felouque penchée au soleil de l’Eléphantine consentante « Île était une foi »

Lapis-lazuli des mots bleus dans la sérénité des yeux

où ondule la rivière souterraine du désert dans la transparence du sari de soie.

Niala-Loisoble – 8 Novembre 2021

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NOM CACHÉ PAR VICTOR SEGALEN


NOM CACHÉ PAR VICTOR SEGALEN

Le véritable Nom n’est pas celui qui dore les portiques, illustre les actes ; ni que le peuple mâche de dépit ;

Le véritable nom n’est point lu dans le palais même, ni aux jardins ni aux grottes, mais demeure caché par les eaux sous la voûte de l’aqueduc où je m’abreuve.

Seulement dans la très grande sécheresse, quand l’hiver crépite sans flux, quand les sources, basses à l’extrême, s’encoquillent dans leur glaces,

Quand le vide est au cœur du souterrain et dans le souterrain du cœur, — où le sang même ne roule plus, — sous la voûte alors accessible se peut recueillir le
Nom.

Mais fondent les eaux dures, déborde la vie, vienne le torrent dévastateur plutôt que la Connaissance !