De l’autre côté du fenestron l’intérieur bat au sein


IMG-0151

De l’autre côté du fenestron l’intérieur bat au sein

L’atelier au bout de l’allée du jardin, suit la pente de la Chaume. Le temps brouillé ne mange rien de ce qui ne vit que de soleil.

De l’autre côté du fenestron l’intérieur bat au sein, la chaleur des mots de B.A. est venue inspirer « CARTES SUR TABLE », en faisant cette fois le chemin dans l’autre sens. J’ai peint sur son poème.

Télé sphérique voyage en altitude. Ce qui se dessine ronde de femmes, le vent transportant les cordes et le souffle de l’instrument à coeur. Histoire vraie de la fiction des chemins.

Il pleut pleuvoir, le premier rayon de soleil fera jaillir le tableau et paraître l’ensemble avec ses mots…un poème qui s’est donné à peindre !

Niala-Loisobleu – 27 Mars 2018

LES PAGES LACÉRÉES


LES PAGES LACÉRÉES

Louis Aragon

Que cette interminable nuit paraît à mon cœur longue et brève
Le poème a comme la vie un caractère d’insomnie
On se retourne on cherche on fuit pour se souvenir on oublie
C’est l’existence tout entière avec ses réveils et ses rêves

Sur mon oreiller c’est tout une tête noire ou tête d’argent
D’avoir cru la moitié du temps l’autre moitié du temps se ronge
Et les belles illusions ont duré ce que dure un songe
Il n’y a rien comme l’espoir pour faire bien rire les gens

Notre destin ressemble-t-il à la guerre d’Ethiopie
On ne croit jamais dans l’abord que ce soit la peste qui gagne
Cependant rien ne se conquiert sans que se déchire une
Espagne

Et l’on ne meurt que lentement des blessures de l’utopie

Après vingt ans j’ouvre les yeux dans les ténèbres de
Madrid
Quand d’une fenêtre d’en face on a tiré sur les carreaux
Un téléphone clandestin
Calle
Marqués del
Duero
Sonne mystérieusement dans la profondeur des murs vides

Le drame au début mon amour quand nous en fûmes les témoins
Nous ne voulions le voir ni croire et que le ciel chût sur la terre

L’appartement au-dessus de la
Cité
Universitaire

Comme on y déjeunait gaîment à regarder la guerre au loin

La mort est venue en retard pour mettre ce bonheur en miettes
On avait laissé tout en l’air le ménage n’était pas fait
C’est le canon qui se chargea de la cuisine et du buffet
Et sous la toiture éventrée il n’est resté que les assiettes

Que sont devenus ces petits qui jouaient au bord du trottoir
Lorsque je repense à
Valence en moi quelque chose se fend
Amis d’un jour et d’une nuit malheureux malheureux enfants
Et sur la route de la mer roulaient les poids lourds de l’Histoire

L’étrange époque où de partout venaient les cervelles brûlées
Héros obscurs et vieux forbans le pire le meilleur complète
Dans un nouveau romancero de sang d’or et de violette
Et c’est comme si des soleils dans les ruisseaux avaient roulé

C’est l’hiver l’exode et le froid ni demeure ni cimetière
Peuple et soldats mêlant leurs pas femmes portant leurs nouveau-nés

Nous les avons vus remonter comme un sanglot aux
Pyrénées
Et tout ce grand piétinement de guenilles à la frontière

Ne voyez-vous pas que c’est nous déjà qu’on parque pauvres fous
Ne sentez-vous pas dans vos bras ce faix d’ombre et de lassitude
C’est à toi qu’on prend les fusils ô ma patrie au vent du sud
A
Colliourcs
Machado n’a qu’une pierre sur un trou

Le
Vernet
Gurs le
Barcarès des barbelés au bout du compte
Les grands mots que vous employez à qui serviront-ils demain
Vous qui parliez de liberté tendez à votre tour les mains

On dit ce que l’on veut en vers l’amour la mort

mais pas la honte

La pourpre le roseau l’épine il faut aux crucifixions

Tout l’ancien cérémonial quand c’est l’Homme qu’on exécute

Ici commencent le calvaire et les stations et les chutes

Je ne remettrai pas mes pas dans les pas de la
Passion

Et le roman s’achève de lui-même
J’ai déchiré ma vie et mon poème

Plus tard plus tard on dira qui je fus

J’ai déchiré des pages et des pages
Dans le miroir j’ai brisé mon visage

Le grand soleil ne me reconnaît plus

J’ai déchiré mon hvre et ma mémoire
Il y avait dedans trop d’heures noires

Déchiré l’azur pour chasser les nues

Déchiré mon chant pour masquer les larmes
Dissipé le bruit que faisaient les armes

Déchiré mon cœur déchiré mes rêves
Que de leurs débris une aube se lève

Qui n’ait jamais vu ce que moi j’ai vu.

Louis Aragon

 

Sasha Vinci

Tout ça c’est du passé ?

Ah bon…Alors pourquoi ce monde ne fait que répéter le même geste: FERMER LA LUMIERE…

Je dis NON AU NOIR et déchire ces pages qui n’en sortent pas . Un deuxième cauchemar en 48 h c’est le signal sonore du passage à niveau…

 

Niala-Loisobleu – 26 Mars 2018

CHUTE SUR LES BORDS DU TEMPS


CHUTE SUR LES BORDS DU TEMPS

L’oiseau du jour a dévoré les horizons, les horizons qu’on a cousus avec des fils d’azur et de beau temps, d’aveux et de prisons.

Sur le nez d’une ville,

la tête cachée sous un cercle d’aiguilles d’or

– est-ce pour clouer sous le charme de son plumage

le secret multicolore des paysages ! —

il gonfle son ventre de nostalgie.

Qu’il était doux de rire du sort

ainsi qu’un homme dont le vin a bu le crâne

en se baignant dans les seins voilés d’écume

Va-t-il rouler au pied du temps

l’oiseau du jour, l’oiseau tout velu de couleurs

l’oiseau prodigue comme le printemps !

Il glisse ses paupières

comme pour fermer à son regret toute sortie.

Quelques minutes ont coupé de l’arbre son cœur : il doit rouler le long des pentes.

Son sang d’aigle vaincu, son sang noir,

a coulé sur la terre

comme les bouches muettes de la mort sur les cimetières.

 

Lucien Becker

e22abebc74655d9c94a0bcb3c5618f4e

 

 Quelques pas, oh à peine moins d’une botte, le frémissement était palpable, A la manière de se hâter on voyait que les fourmis étaient en grand nettoyage de printemps. La chambre, fenêtre ouverte, avait la ruelle palpitante contre un clos pour mûrir les baisers sur la claie des seins. Le tronc sur la console des cuisses s’étant débarrassé de la franc-comtoise, ce qui balançait était loin d’hésiter. Les draps en sentant le changement d’horaire avaient une odeur de fumée d’entrain. Longue histoire, l’oiseau descendit de sa branche, transpercé d’émotion. Titubant sous le coup, il posa son pinceau, sans lâcher la phrase qu’il peignait, allant même jusqu’à s’y mettre en parenthèse. L’air sans devenir étouffant perdant de son soutien, le feutré du billard laissa le bleu à boules venir à la rescousse. Juste un bruit de projecteur et le rayon de l’image, la vie en arrière se projetait sur le mur. Ronde de femmes, formes Braque, pensée Demoiselles d’Avignon, les hautes-pierres des carrières des Baux bougeaient sous les mouvements d’Orphée. Poésie en aigu, l’ombre en combat avec la lumière. Trier et mettre cartes sur tables. Remonter la hausse, le viseur cligne de l’oeil, regarde que la cible. L’aigreur est dans les inévitables erreurs du labyrinthe. Cette femme pourquoi est-elle disproportionnée de taille, celles-ci en deviennent naines, quoique arrivant à dépasser les hommes qui détonnent dans le parcours. Un pincement remonte de l’aine jusqu’à la saignée du cou. Quelle douleur. Une histoire inordinaire traverse le commun. Séisme dans la chambre des endormis ? Non cycle rénovateur, on remet le train fantôme dans le tunnel et on casse le tartre dans la rivière. Un cheval hennit, la croisade s’amuse avec un enregistrement d’une illumination de gardienne de moutons. La transparence en découvrant la partie intime écarte la faiseuse d’anges, il y aura naissance sans interruption du Mickey.
Niala-Loisobleu – 25 Mars 2018

HORIZON


 

14e00c458c8c7375393b3770948413bb

 

HORIZON

Voici une mer entre deux taire

une vague relevant la mèche m’en fit voir le front

La vue large n’étant pas encombrée par un envahissement d’immeubles

je ne vis rien qui semblât retenu par une corde

C’était salé, lâché, la fêlure de changement d’heure reprenait mouvement, quelle chose qui me fit penser au coucou libérant le cri retenu dans la carapace…

Une mosaïque dorée de sable et ocrée de sanguine aux lèvres remonta comme à Carthage, dire:  Je vis, vous ne me détruirez pas.

 

Niala-Loisobleu – 25 Mars 2018

De Terre Bleue


norman

De Terre Bleue

Est-elle plus aux poils d’un de mes pinceaux, qu’à la pointe d’un roller qui lui écrit des mots-peints ? Elle est partout de pore en pore.

  • Allons au bord de ce qui ne fut pas tracé faute de voie praticable, lui-dis-je dans l’ouverture de son chemisier.
  • Elle me répond d’un bruit de remous, la rivière est au bas de moi, naviguons.

Alors les accessoiristes convoqués chez un faiseur de fausses prédictions nous libérèrent des phrases stériles.

  • Fais-moi enfant-fou comme toi dit son crayon qui jouait à saute-mouton. Prenant les couleurs à son bord la mer appareillera tous voiles au-dehors. Nous n’écrirons plus que peint et ne peindrons désormais  qu’écrit, bâtons de craie, feutres imbibés, arc-en-ciel sur contrefort, arc-boutant en flèches, des mots cathédrales tirés des pierres d’une m’aime carrière. Un espoir semblable tiré de nos blessures mises à l’air

René Char chaque jour lui envoya sa lettre quotidienne durant des décennies, même encre, même papier..

http://jean-leveque.fr/specific/formats/page.jsp?id=604

Niala-Loisobleu – 24/03/18

Geste inné d’Enfant


16ee20b09832154b43908b0a1759bb37[1]

Geste inné d’Enfant

 

Prenant un angle mort, il le porta à sa bouche pour lui donner vie

ses yeux roulaient si franchement que la chronique médicale en resta baba

le plancher et le plafond s’enroulèrent une pelle

et le pôle emploi siffla les sept nains pour qu’ils sortent de Blanche-Neige

interdit au moins vains tant

 

Sa bouche en mouvements d’yeux

transforma les poignets de porte en haltérophiles

les moutons sous le lit en écume de mère

le phare à ions en descente du Nil avec le Sphinx au gouvernail

C’est de la foi qu’on parle pas qu’on est rendu moins con !

 

Niala-Loisobleu – 24 Mars 2018

 

La note en l’air


54f1336cbef5653febf50cb5271d4230

La note en l’air

 

Prendre le glissement ça se peut ? Je sais plus le contact réel du sein qui tombe en m’aime tant que l’image du corps sage qui se lève par-dessus la tête.

Il va falloir étaler du soleil pour essayer de sécher le mouillé devant la fenêtre.

Peinture Pierre Bonnard

N-L /24/03/18

Vous ne saurez quoi dire


a5445ffc4ea048e903fcdc8ded9e913f

Vous ne saurez quoi dire

 

De la pluie qui bat sortent des voiliers invisibles sauf aux porteurs d’amphores pleines de soleil

Le temps pisse un continent

Les étoiles se tendent les deux mains en coupe

Arrive une planète silencieuse, un enfant à cheval dessus ébroue, ébroue, ébroue !

 

Illustration: Peinture de Pierre Bonnard

Niala-Loisobleu – 23 Mars 2018