La vérité du drame est dans ce pur espace qui règne entre la stance heureuse et l'abîme qu'elle côtoie : cet inapaisement total, ou cette ambiguïté suprême. Saint-john Perse
et le paumier engendre sans fausse-roseur dans la grange
ces fruits à claie
que Cézanne faisait comestibles comme personne
Ensemble on fait de la clôture du pilotis pour les alpages
pour que les abeilles rallument La Ruche avec l’Observatoire
à Montparnasse
où je me porte à rosée
le feu initial du cratère qui me mit en île pour tenir le bleu.
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Niala-Loisobleu.
21 Février 2023
L’essentiel – Jacques Bertin
Puis une nuit d’hiver, dans la rue, quelqu’un marche On sonne, et une voix chuchote dans l’entrée Oh, cette voix, mon Dieu! On comprend, on tressaille Vite, un peu, on remet de l’ordre dans les faits
C’est un champ de bataille et un jardin défait La tête, un port dévasté, un lit de malade Une capitale bombardée qui renaît Et des navires sans pavillon dans la rade
Je ne sais où, je ne sais où, dans quelle enfance Ou dans quelle nuit de quel futur j’entendis Ou dans quel continent perdu de l’espérance Cette voix murmurant dans l’entrée « Tout est dit »
elle marche de pair à l’essence de l’arbre cachée dans le contenant de l’écorce
derrière le bise-bise de ton trottoir, sur le contoir de ton bistrot, atout dans la manille des joueurs de cartes, Cézanne ouvre-moi
Quand au matin du cantonnier ouvrant l’ô du caniveau, le grand ballet de bouleau entre en Seine et cueille la péniche à convoyer au large de la lumière recherchée, l’Abeille peut remorquer les écluses sont ouvertes
Le Quai des Brumes garde l’atmosphère
Ce rien fait du tout qui s’harmonise aux vouloirs du corps et de l’esprit
Comme Mireille a su mettre des luzernes au petit-chemin, l’émoi d’hiver tient au show du vivant plus sûrement qu’un descriptif d’agence de voyages
Au point d’y croire au chevet d’un arasement des valeurs, sentiment qui rappelle le germe de l’haricot planté dans la peau d’une communale
Si nous n’avons pas le pouvoir d’empêcher les guerres nous avons celui de bercer nos rêves jusqu’à les toiles.
Il existe pourtant des pommes et des oranges Cézanne tenant d’une seule main toute l’amplitude féconde de la terre la belle vigueur des fruits Je ne connais pas tous les fruits par cœur ni la chaleur bienfaisante des fruits sur un drap blanc
Mais des hôpitaux n’en finissent plus des usines n’en finissent plus des files d’attente dans le gel n’en finissent plus des plages tournées en marécages n’en finissent plus
J’en ai connu qui souffraient à perdre haleine n’en finissent plus de mourir en écoutant la voix d’un violon ou celle d’un corbeau ou celle des érables en avril
N’en finissent plus d’atteindre des rivières en eux qui défilent charriant des banquises de lumière des lambeaux de saisons ils ont tant de rêves
Mais les barrières les antichambres n’en finissent plus Les tortures les cancers n’en finissent plus les hommes qui luttent dans les mines aux souches de leur peuple que l’on fusille à bout portant en sautillant de fureur n’en finissent plus de rêver couleur d’orange
Des femmes n’en finissent plus de coudre des hommes et des hommes de se verser à boire
Pourtant malgré les rides multipliées du monde malgré les exils multipliés les blessures répétées dans l’aveuglement des pierres je piège encore le son des vagues la paix des oranges
Doucement Cézanne se réclame de la souffrance du sol de sa construction et tout l’été dynamique s’en vient m’éveiller s’en vient doucement éperdument me léguer ses fruits.
Fermer le temps présent le temps nécessaire à s’en purger pour se replacer au bon endroit, besoin de ça pour sortir de ce temps de merde où tous, hommes et éléments s’accordent pour conduire à rien. Cézanne en premier pour héberger la révolte constructive. Des murs solides et vivants chassant les faiseurs de mots maîtres de la phrase creuse. Puis Marguerite pour approcher la netteté allant au but en sachant que peu comprendrons, mais ce peu devenant le tout il faut le jeter. Je ne peux peindre un monde qui base sa vérité sur un mensonge. Le non-dit actuel s’en prend à tout sans mesurer. Ce sens étant totalement dépassé. Personne ne veut plus se reconnaître. Nous sommes dirigés par un homme qui erre et dans cette reconnaissance de son inaptitude pense à démissionner pour se faire réélire. Ce n’est même plus pitoyable, c’est la loi du néant, son pouvoir totalitaire. Je vais pas me pisser dessus et me vomir, non je veux arrêter cette déchéance au moins sur le plan personnel.
Arrêter juste pour séparer le désastre d’un suicide au profit d’un choix de l’ignorance globale qui se vante de savoir. Pouvoir se sauver et non vouloir le pouvoir d’en profiter. Internet héberge ce deuxième pouvoir, celui que je répudie.
Je ne veux pas perdre ma vitalité en vivant mon quotidien dans l’inaction d’aimer au premier chef. Le sujet onirique est affaibli par un autre virus. Celui d’une réalité matérialiste prête à tout pour occuper l’espace de marché. Réduite à ne plus pouvoir prendre en compte la stricte mesure de précaution.
L’économie mondialiste reprend autorité sur l’existence des individus pour n’être plus.
J’écrirai la couleur du vivre, la vigueur d’aimer isolé de la masse pas de mon idéal, pour sauver le seul concept qui vaille.
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