TRESSAGE D’ATTENTES PAR MICHEL BUTOR


TRESSAGE D’ATTENTES PAR MICHEL BUTOR

C’est un provençal qui rêvait de pluies normandes

A l’ombre de vieux imprudents sublimes

Dans les pérégrinations des solitaires en convoi

Entre la précipitation et le délai

A l’écoute du sensible aux aguets du balbutié

Dans les investigations des laboratoires en détresse

Entre la lenteur et l’explosion

Astronome chroniqueur enlumineur éclairagiste

Dans les révolutions des pays en exil

Entre le paraphe et le commentaire

Calligraphe parodiste portraitiste météorologue

Trouvant le germe où d’autres n’avaient fouillé que des tombes

Entre l’aspersion et la bibliographie

glossateur artisan jardinier constructeur

Trouvant le dialogue où d’autres n’avaient prévu que la joute

C’est un écrivain qui transcrit les peintures pour la rumeur

Patient fouineur aventurier organisateur

Trouvant le passage où d’autres n’avaient bâti que des chicanes

C’est un peintre qui interroge les écrivains sur les peintres

Au fil du foyer au coeur de la marge

Trouvant l’oeil ou d’autres n’avaient cherché que des échos

C’est un parisien se baignant dans des pépites d’Italie

Au soleil de jeunes mémoires imperturbables

Dans les multiplications des imaginations de l’amour.

Michel Butor

LA FILLE DU MARCHAND DE FOURRURES


LA FILLE DU MARCHAND DE FOURRURES

Traînant le sabot la communale ouvre en berne les cinq doigts de sa leçon de morale

Le bureau fermé de la maîtresse condamne l’accès au chemin buissonnier

Faire semblant rend les terres arides

Roberto fustige l’absence d’encrier pour permettre au zizi de signer la feuille de présence

Dans sa pensée la terre est ronde comme un quatre-heures initiatique chez sa cousine

Ce soleil va devoir être restauré au titre des Monuments Historiques.

Niala-Loisobleu – 12 Janvier 2022

A FLANC DE MER


A FLANC DE MER

De ta silhouette allongée en falaise émergent les corps musicaux des heures mobiles

Accrochées à rien de ce qui s’oublie

Devant le troupeau des vagues le roulis porte aux cales de son ventre la veillée des épices

Des seins plus lourds quand tu les lâches de la branche des pôles avec leurs histoires de naissances que les femmes se transmettent après qu’elles aient cédées leur volonté à l’homme au débouché choisi

Restent des pierres dressées entre l’ombre et la lumière

Des cheveux en désordre sous la chaste coiffe gardent en secret les aboiements de la lune après le départ de la Mère Supérieure

Un rayon en traversant le vitrage jusqu’au ventre a mis des parfums troublants comme onguent sur la chair ouverte afin d’en chasser l’insomnie qui retient l’orgasme onirique

Le souffle du cheval blanc prend pied.

Niala-Loisobleu – 11 Janvier 2022

CHOIX DU JOUR


CHOIX DU JOUR

La pluie fade balance le vide d’un bord à l’autre de la gondole

le service de nuit blanche en chargeant le sommeil ailleurs n’a pas manqué d’agir

Mais au matin ton visage dans la glace de ce lundi m’a décollé les yeux du remake des mauvaises nouvelles d’hier

j’ai choisi

de suivre la forme nue de tes pores entre leurs bosses

tendres glissades

enfoncés aux Je Nous

dans les dunes jusqu’au pied qui palisse la chute du goût de vivre

Dans tout ce qui change c’est te garder créative, mélodieuse, en dehors de promesses mensongères, rien d’autre que simple comme Bon Jour conforme à ton genre compatible au mien qui me va plus que tout

Pour ça l’abus de tests ne pourrait qu’engendrer des écarts comme celui qui consiste à laisser les écoles ouvertes à la propagation du mal.

Niala-Loisobleu – – 10 Janvier 2010

LE MIROIR ET LE MONDE


LE MIROIR ET LE MONDE

Chaque jour de ses dents aiguës
Le temps déchire un peu le tain
De ce miroir et restitue
A l’espace un nouveau butin

La lèpre marque le visage
Et masque un retard qui s’éteint
Las et las de se reconnaître
Chaque soir et chaque matin

Le paysage apparaissant
Avec son ciel et son lointain
Libère un reflet et invite
Narcisse à vivre l’incertain
Le limpide, le beau voyage
Entre le soir et le matin

Robert Desnos

Mouvements que la mer tient dans ses filets de pêche à vide et remontée plaine

le chat saute d’une fuite à un retour et la fenêtre troue le mur

la jarre garde son contenu sans le changer pour une proposition de passage

puis dépendu de sa ficelle le géranium quitte l’hiver pour la poterie de soleil au feu d’été

Qu’est -ce qui à part le mensonge ne tient pas la route bien que la prenant à chaque coin du matin ?

Les heures où j’entendais ta plume gratter pendant que tu traversais le noir ont obtenues la lumière méritée

Artiste c’est le seul métier où le tain de Narcisse est d’un pâle létal et pourtant que de cierges s’en allument

Le pied de l’arbre n’a rien perdu de la vigueur que nous lui avons transfusé, à un instant du sourire de la pluie d’aujourd’hui je jurerai qu’il a en corps grossi.

Niala-Loisobleu – 8 Janvier 2022

LE DON QUI SHOOT


LE DON QUI SHOOT

Le soir arrive tout serein du matin

l’oiselle de table en table a mis du soleil aux branches des arbres, sans compter le tant on s’est baladés dans le chant que borde la sortie du temps pour vivre sans compter

Le grain mis aux moulins des marées sans chalouper l’inconnu a gardé l’insensé pour unique raison de pas perdre l’espoir

Trouvant des voies pour repeindre les traverses au long de la voix plurielle

A la place du bol tu as emplis l’assiette en fourche sur ton cheval en marchant sur le fil par la grâce du balancier

La Mancha est gagnée sans l’aide des mages.

Niala-Loisobleu – 6 Décembre 2022

El breve espacio en que no estás

Pablo Milanes

Il y a encore des traces d’humidité
Todavía quedan restos de humedad

Ses odeurs remplissent déjà ma solitude
Sus olores llenan ya mi soledad

Au lit sa silhouette
En la cama su silueta

Quelle promesse est tirée
Se dibuja cual promesa

Pour remplir le court espace
De llenar el breve espacio

dans lequel il n’est pas
En que no estáje ne sais toujours pas si ça reviendra
Todavía yo no sé si volverá

Personne ne sait, le lendemain, ce qu’il fera
Nadie sabe, al día siguiente, lo que hará

Briser tous mes schémas
Rompe todos mis esquemas

Il n’avoue pas une peine
No confiesa ni una pena

Il ne me demande rien en échange de ce qu’il donne
No me pide nada a cambio de lo que daIl est généralement violent et tendre
Suele ser violenta y tierna

Il ne parle pas d’unions éternelles
No habla de uniones eternas

Plus est livré comme s’il y avait
Mas se entrega cual si hubiera

Juste un jour pour aimer
Sólo un día para amar

Ne partagez pas une réunion
No comparte una reunión

Plus il aime la chanson
Mas le gusta la canción

Cela compromet votre réflexion
Que comprometa su pensarNe demandez pas « resterez-vous ? »
Todavía no pregunte «¿te quedarás?»

J’ai très peur de la réponse d’un « jamais »
Temo mucho a la respuesta de un «jamás»

je préfère qu’il soit partagé
La prefiero compartida

Avant de vider ma vie
Antes que vaciar mi vida

Ce n’est pas parfait, mais c’est plus proche
No es perfecta, mas se acerca

Ce dont je viens de rêver
A lo que yo simplemente soñéIl est généralement violent et tendre
Suele ser violenta y tierna

Il ne parle pas d’unions éternelles
No habla de uniones eternas

Plus est livré comme s’il y avait
Mas se entrega cual si hubiera

Juste un jour pour aimer
Sólo un día para amar

Ne partagez pas une réunion
No comparte una reunión

Plus il aime la chanson
Mas le gusta la canción

Cela compromet votre réflexion
Que comprometa su pensar

Source : LyricFind

Parolier : Pablo Milanes

LA SAINTETE DE LA PROBLEMATIQUE LOGIQUE – YANNIS LIVADAS


LA SAINTETE DE LA PROBLEMATIQUE LOGIQUE – YANNIS LIVADAS

Langue maternelle
La stupeur envers la vie après la mort.
Une antiquité dans la vente aux enchères
La plus ridicule
Réclamée tour à tour par le temps et l’éternité.

Yannis Livadas

Extrait de:  Magnat De La Mort [Poèmes courts 1997-2011] (Éditions L’ Harmattan, 2017)

LES BAVARDAGES D’UN PEU CAUSEUX 22


LES BAVARDAGES D’UN PEU CAUSEUX 22

Le voici venu le 22

posé au bord des jumelles

devant l’apporte

sans voir pourtant plus loin

Ce qui s’est passé est derrière

un coin d’herbe

pétales de marguerites au bout du conte

Grillon la cheminée

les menthes et leurs fleurs sortiront l’anémone du sel pour l’abeille

au-dessus du Je Nous en m’aime tant que le chien par l’escalier des vertèbres

Le Chemin des Pierres résiste aux pandémies

comme la mer aux traversées stériles.

Niala-Loisobleu – 1er Janvier 2022

LES BAVARDAGES D’UN PEU CAUSEUX16


l

LES BAVARDAGES D’UN PEU CAUSEUX 16

Contre les colonnes vides d’un faux-temple antique je me suce le pousse pour, à défaut d’érection, initier un départ pour les îles

Tiens je prends Les Moluques, certain de jouir

et charge Apollinaire du circuit afin de sortir de l’ennui

Niala-Loisobleu – 27 Décembre 2021

LE MUSICIEN DE SAINT-MERRY

J’ai enfin le droit de saluer des êtres que je ne connais

pas
Ils passent devant moi et s’accumulent au loin
Tandis que tout ce que j’en vois m’est inconnu
Et leur espoir n’est pas moins fort que le mien

Je ne chante pas ce monde ni les autres astres

Je chante toutes les possibilités de moi-même hors de ce

monde et des astres
Je chante la joie d’errer et le plaisir d’en mourir

Le 21 du mois de mai 1913

Passeur des morts et les mordonnantes mériennes
Des millions de mouches éventaient une splendeur
Quand un homme sans yeux sans nez et sans oreilles
Quittant le
Sébasto entra dans la rue
Aubry-le-Boucher
Jeune l’homme était brun et ce couleur de fraise sur

les joues
Homme
Ah!
Ariane

Il jouait de la flûte et la musique dirigeait ses pas
Il s’arrêta au coin de la rue
Saint-Martin
Jouant l’air que je chante et que j’ai inventé
Les femmes qui passaient s’arrêtaient près de lui
Il en venait de toutes parts

Lorsque tout à coup les cloches de
Saint-Merry se mirent

à sonner
Le musicien cessa de jouer et but à la fontaine
Qui se trouve au coin de la rue
Simon-Le-Franc
Puis
Saint-Merry se tut
L’inconnu reprit son air de flûte
Et revenant sur ses pas marcha jusqu’à la rue de la

Verrerie
Où il entra suivi par la troupe des femmes
Qui sortaient des maisons

Qui venaient par les rues traversières les yeux fous
Les mains tendues vers le mélodieux ravisseur
Il s’en allait indifférent jouant son air
Il s’en allait terriblement

Puis ailleurs

A quelle heure un train partira-t-il pour
Paris

A ce moment

Les pigeons des
Moluques fientaient des noix muscades

En même temps

Mission catholique de
Bôma qu’as-tu fait du sculpteur

Ailleurs

Elle traverse un pont qui relie
Bonn à
Beuel et disparaît à travers
Pùtzchen

Au même instant

Une jeune fille amoureuse du maire

Dans un autre quartier

Rivalise donc poète avec les étiquettes des parfumeurs

En somme ô rieurs vous n’avez pas tiré grand-chose

des hommes
Et à peine avez-vous extrait un peu de graisse de leur

misère
Mais nous qui mourons de vivre loin l’un de l’autre
Tendons nos bras et sur ces rails roule un long train

de marchandises

Tu pleurais assise près de moi au fond d’un fiacre

Et maintenant

Tu me ressembles tu me ressembles malheureusement

Nous nous ressemblons comme dans l’architecture du

siècle dernier
Ces hautes cheminées pareilles à des tours
Nous allons plus haut maintenant et ne touchons plus

le sol

Et tandis que le monde vivait et variait

Le cortège des femmes long comme un jour sans pain
Suivait dans la rue de la
Verrerie l’heureux musicien

Cortèges ô cortèges

C’est quand jadis le roi s’en allait à
Vincennes

Quand les ambassadeurs arrivaient à
Paris

Quand le maigre
Suger se hâtait vers la
Seine
Quand l’émeute mourait autour de
Saint-Merry

Cortèges ô cortèges

Les femmes débordaient tant leur nombre était grand

Dans toutes les rues avoisinantes

Et se hâtaient raides comme balle

Afin de suivre le musicien

Ah
I
Ariane et toi
Pâquette et toi
Aminé

Et toi
Mia et toi
Simone et toi
Mavise

Et toi
Colette et toi la belle
Geneviève

Elles ont passé tremblantes et vaines

Et leurs pas légers et prestes se mouvaient selon la

cadence
De la musique pastorale qui guidait
Leurs oreilles avides

L’inconnu s’arrêta un moment devant une maison à vendre

Maison abandonnée

Aux vitres brisées

C’est un logis du seizième siècle

La cour sert de remise à des voitures de livraisons

C’est là qu’entra le musicien

Sa musique qui s’éloignait devint langoureuse

Les femmes le suivirent dans la maison abandonnée

Et toutes y entrèrent confondues en bande

Toutes toutes y entrèrent sans regarder derrière elles

Sans regretter ce qu’elles ont laissé

Ce qu’elles ont abandonné

Sans regretter le jour la vie et la mémoire

Il ne resta bientôt plus personne dans la rue de la
Verrerie

Sinon moi-même et un prêtre de
Saint-Merry
Nous entrâmes dans la vieille maison
Mais nous n’y trouvâmes personne

Voici le soir

A
Saint-Merry c’est l’Angélus qui sonne

Cortèges ô cortèges

C’est quand jadis le roi revenait de
Vincennes

Il vint une troupe de casquettiers

Il vint des marchands de bananes

Il vint des soldats de la garde républicaine

O nuit

Troupeau de regards langoureux des femmes

O nuit

Toi ma douleur et mon attente vaine

J’entends mourir le son d’une flûte lointaine

Guillaume Apollinaire

LES BAVARDAGES D’UN PEU CAUSEUX 15


LES BAVARDAGES D’UN PEU CAUSEUX 15

L’odeur de pichpin prend mon impression au moment où la première entre dans la pièce. Elle a dans l’oeil cette évasion qu’ont la crète des vagues lorsque rien ne les arrête. Et puis cette fleur qui les chapeaute comme un jardin qui ne respecte pas les allées rectilignes me dit quelque chose. Elle lui lui colle comme une complicité pas cachée, mais pas forcément saisie dans le dessin. Avant que je sorte faire courir le chien, les dynkies-toys tournaient autour de la maison de poupée. Il y a forcément dans tout ce manège un truc qui doit expliquer le regard qu’elles s’évitent d’avoir pas forcement par hasard

Voilà trois fois que le vent déplace la fumée du train sans lui faire quitter le quai, il est évident que ça n’est pas aujourd’hui que le soleil reviendra pour que nous allions sur l’impériale caresser les nuages. Cette dernière semaine de l’année a du mal à digérer. Trop de remords sans doute

Voilà qu’elle murmure à son oreille

Le chat s’étire sur le palier du premier

Sur le coup de cinq heures quel conseil vont-ils nous donner ?

J’aimerai trouver la haute-laine à tisser l’odyssée. Lâche le cheval à la sortie des curies il pourrait faire en sorte de piquer des deux.

Niala-Loisobleu – 27 Décembre 2021