La vérité du drame est dans ce pur espace qui règne entre la stance heureuse et l'abîme qu'elle côtoie : cet inapaisement total, ou cette ambiguïté suprême. Saint-john Perse
De ta silhouette allongée en falaise émergent les corps musicaux des heures mobiles
Accrochées à rien de ce qui s’oublie
Devant le troupeau des vagues le roulis porte aux cales de son ventre la veillée des épices
Des seins plus lourds quand tu les lâches de la branche des pôles avec leurs histoires de naissances que les femmes se transmettent après qu’elles aient cédées leur volonté à l’homme au débouché choisi
Restent des pierres dressées entre l’ombre et la lumière
Des cheveux en désordre sous la chaste coiffe gardent en secret les aboiements de la lune après le départ de la Mère Supérieure
Un rayon en traversant le vitrage jusqu’au ventre a mis des parfums troublants comme onguent sur la chair ouverte afin d’en chasser l’insomnie qui retient l’orgasme onirique
La pluie fade balance le vide d’un bord à l’autre de la gondole
le service de nuit blanche en chargeant le sommeil ailleurs n’a pas manqué d’agir
Mais au matin ton visage dans la glace de ce lundi m’a décollé les yeux du remake des mauvaises nouvelles d’hier
j’ai choisi
de suivre la forme nue de tes pores entre leurs bosses
tendres glissades
enfoncés aux Je Nous
dans les dunes jusqu’au pied qui palisse la chute du goût de vivre
Dans tout ce qui change c’est te garder créative, mélodieuse, en dehors de promesses mensongères, rien d’autre que simple comme Bon Jour conforme à ton genre compatible au mien qui me va plus que tout
Pour ça l’abus de tests ne pourrait qu’engendrer des écarts comme celui qui consiste à laisser les écoles ouvertes à la propagation du mal.
Chaque jour de ses dents aiguës Le temps déchire un peu le tain De ce miroir et restitue A l’espace un nouveau butin
La lèpre marque le visage Et masque un retard qui s’éteint Las et las de se reconnaître Chaque soir et chaque matin
Le paysage apparaissant Avec son ciel et son lointain Libère un reflet et invite Narcisse à vivre l’incertain Le limpide, le beau voyage Entre le soir et le matin
Robert Desnos
Mouvements que la mer tient dans ses filets de pêche à vide et remontée plaine
le chat saute d’une fuite à un retour et la fenêtre troue le mur
la jarre garde son contenu sans le changer pour une proposition de passage
puis dépendu de sa ficelle le géranium quitte l’hiver pour la poterie de soleil au feu d’été
Qu’est -ce qui à part le mensonge ne tient pas la route bien que la prenant à chaque coin du matin ?
Les heures où j’entendais ta plume gratter pendant que tu traversais le noir ont obtenues la lumière méritée
Artiste c’est le seul métier où le tain de Narcisse est d’un pâle létal et pourtant que de cierges s’en allument
Le pied de l’arbre n’a rien perdu de la vigueur que nous lui avons transfusé, à un instant du sourire de la pluie d’aujourd’hui je jurerai qu’il a en corps grossi.
l’oiselle de table en table a mis du soleil aux branches des arbres, sans compter le tant on s’est baladés dans le chant que borde la sortie du temps pour vivre sans compter
Le grain mis aux moulins des marées sans chalouper l’inconnu a gardé l’insensé pour unique raison de pas perdre l’espoir
Trouvant des voies pour repeindre les traverses au long de la voix plurielle
A la place du bol tu as emplis l’assiette en fourche sur ton cheval en marchant sur le fil par la grâce du balancier
La Mancha est gagnée sans l’aide des mages.
Niala-Loisobleu – 6 Décembre 2022
El breve espacio en que no estás
Pablo Milanes
Il y a encore des traces d’humidité Todavía quedan restos de humedad
Ses odeurs remplissent déjà ma solitude Sus olores llenan ya mi soledad
Au lit sa silhouette En la cama su silueta
Quelle promesse est tirée Se dibuja cual promesa
Pour remplir le court espace De llenar el breve espacio
dans lequel il n’est pas En que no estáje ne sais toujours pas si ça reviendra Todavía yo no sé si volverá
Personne ne sait, le lendemain, ce qu’il fera Nadie sabe, al día siguiente, lo que hará
Briser tous mes schémas Rompe todos mis esquemas
Il n’avoue pas une peine No confiesa ni una pena
Il ne me demande rien en échange de ce qu’il donne No me pide nada a cambio de lo que daIl est généralement violent et tendre Suele ser violenta y tierna
Il ne parle pas d’unions éternelles No habla de uniones eternas
Plus est livré comme s’il y avait Mas se entrega cual si hubiera
Juste un jour pour aimer Sólo un día para amar
Ne partagez pas une réunion No comparte una reunión
Plus il aime la chanson Mas le gusta la canción
Cela compromet votre réflexion Que comprometa su pensarNe demandez pas « resterez-vous ? » Todavía no pregunte «¿te quedarás?»
J’ai très peur de la réponse d’un « jamais » Temo mucho a la respuesta de un «jamás»
je préfère qu’il soit partagé La prefiero compartida
Avant de vider ma vie Antes que vaciar mi vida
Ce n’est pas parfait, mais c’est plus proche No es perfecta, mas se acerca
Ce dont je viens de rêver A lo que yo simplemente soñéIl est généralement violent et tendre Suele ser violenta y tierna
Il ne parle pas d’unions éternelles No habla de uniones eternas
Plus est livré comme s’il y avait Mas se entrega cual si hubiera
Juste un jour pour aimer Sólo un día para amar
Ne partagez pas une réunion No comparte una reunión
Plus il aime la chanson Mas le gusta la canción
Cela compromet votre réflexion Que comprometa su pensar
LA SAINTETE DE LA PROBLEMATIQUE LOGIQUE – YANNIS LIVADAS
Langue maternelle La stupeur envers la vie après la mort. Une antiquité dans la vente aux enchères La plus ridicule Réclamée tour à tour par le temps et l’éternité.
Yannis Livadas
Extrait de: Magnat De La Mort [Poèmes courts 1997-2011] (Éditions L’ Harmattan, 2017)
Contre les colonnes vides d’un faux-temple antique je me suce le pousse pour, à défaut d’érection, initier un départ pour les îles
Tiens je prends Les Moluques, certain de jouir
et charge Apollinaire du circuit afin de sortir de l’ennui
Niala-Loisobleu – 27 Décembre 2021
LE MUSICIEN DE SAINT-MERRY
J’ai enfin le droit de saluer des êtres que je ne connais
pas Ils passent devant moi et s’accumulent au loin Tandis que tout ce que j’en vois m’est inconnu Et leur espoir n’est pas moins fort que le mien
Je ne chante pas ce monde ni les autres astres
Je chante toutes les possibilités de moi-même hors de ce
monde et des astres Je chante la joie d’errer et le plaisir d’en mourir
Le 21 du mois de mai 1913
Passeur des morts et les mordonnantes mériennes Des millions de mouches éventaient une splendeur Quand un homme sans yeux sans nez et sans oreilles Quittant le Sébasto entra dans la rue Aubry-le-Boucher Jeune l’homme était brun et ce couleur de fraise sur
les joues Homme Ah! Ariane
Il jouait de la flûte et la musique dirigeait ses pas Il s’arrêta au coin de la rue Saint-Martin Jouant l’air que je chante et que j’ai inventé Les femmes qui passaient s’arrêtaient près de lui Il en venait de toutes parts
Lorsque tout à coup les cloches de Saint-Merry se mirent
à sonner Le musicien cessa de jouer et but à la fontaine Qui se trouve au coin de la rue Simon-Le-Franc Puis Saint-Merry se tut L’inconnu reprit son air de flûte Et revenant sur ses pas marcha jusqu’à la rue de la
Verrerie Où il entra suivi par la troupe des femmes Qui sortaient des maisons
Qui venaient par les rues traversières les yeux fous Les mains tendues vers le mélodieux ravisseur Il s’en allait indifférent jouant son air Il s’en allait terriblement
Puis ailleurs
A quelle heure un train partira-t-il pour Paris
A ce moment
Les pigeons des Moluques fientaient des noix muscades
En même temps
Mission catholique de Bôma qu’as-tu fait du sculpteur
Ailleurs
Elle traverse un pont qui relie Bonn à Beuel et disparaît à travers Pùtzchen
Au même instant
Une jeune fille amoureuse du maire
Dans un autre quartier
Rivalise donc poète avec les étiquettes des parfumeurs
En somme ô rieurs vous n’avez pas tiré grand-chose
des hommes Et à peine avez-vous extrait un peu de graisse de leur
misère Mais nous qui mourons de vivre loin l’un de l’autre Tendons nos bras et sur ces rails roule un long train
de marchandises
Tu pleurais assise près de moi au fond d’un fiacre
Et maintenant
Tu me ressembles tu me ressembles malheureusement
Nous nous ressemblons comme dans l’architecture du
siècle dernier Ces hautes cheminées pareilles à des tours Nous allons plus haut maintenant et ne touchons plus
le sol
Et tandis que le monde vivait et variait
Le cortège des femmes long comme un jour sans pain Suivait dans la rue de la Verrerie l’heureux musicien
Cortèges ô cortèges
C’est quand jadis le roi s’en allait à Vincennes
Quand les ambassadeurs arrivaient à Paris
Quand le maigre Suger se hâtait vers la Seine Quand l’émeute mourait autour de Saint-Merry
Cortèges ô cortèges
Les femmes débordaient tant leur nombre était grand
Dans toutes les rues avoisinantes
Et se hâtaient raides comme balle
Afin de suivre le musicien
Ah I Ariane et toi Pâquette et toi Aminé
Et toi Mia et toi Simone et toi Mavise
Et toi Colette et toi la belle Geneviève
Elles ont passé tremblantes et vaines
Et leurs pas légers et prestes se mouvaient selon la
cadence De la musique pastorale qui guidait Leurs oreilles avides
L’inconnu s’arrêta un moment devant une maison à vendre
Maison abandonnée
Aux vitres brisées
C’est un logis du seizième siècle
La cour sert de remise à des voitures de livraisons
C’est là qu’entra le musicien
Sa musique qui s’éloignait devint langoureuse
Les femmes le suivirent dans la maison abandonnée
Et toutes y entrèrent confondues en bande
Toutes toutes y entrèrent sans regarder derrière elles
Sans regretter ce qu’elles ont laissé
Ce qu’elles ont abandonné
Sans regretter le jour la vie et la mémoire
Il ne resta bientôt plus personne dans la rue de la Verrerie
Sinon moi-même et un prêtre de Saint-Merry Nous entrâmes dans la vieille maison Mais nous n’y trouvâmes personne
L’odeur de pichpin prend mon impression au moment où la première entre dans la pièce. Elle a dans l’oeil cette évasion qu’ont la crète des vagues lorsque rien ne les arrête. Et puis cette fleur qui les chapeaute comme un jardin qui ne respecte pas les allées rectilignes me dit quelque chose. Elle lui lui colle comme une complicité pas cachée, mais pas forcément saisie dans le dessin. Avant que je sorte faire courir le chien, les dynkies-toys tournaient autour de la maison de poupée. Il y a forcément dans tout ce manège un truc qui doit expliquer le regard qu’elles s’évitent d’avoir pas forcement par hasard
Voilà trois fois que le vent déplace la fumée du train sans lui faire quitter le quai, il est évident que ça n’est pas aujourd’hui que le soleil reviendra pour que nous allions sur l’impériale caresser les nuages. Cette dernière semaine de l’année a du mal à digérer. Trop de remords sans doute
Voilà qu’elle murmure à son oreille
Le chat s’étire sur le palier du premier
Sur le coup de cinq heures quel conseil vont-ils nous donner ?
J’aimerai trouver la haute-laine à tisser l’odyssée. Lâche le cheval à la sortie des curies il pourrait faire en sorte de piquer des deux.
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