AU DÉPART DU BROUILLON


AU DÉPART DU BROUILLON

Tu viens de ces levers qui couchent la raison

et leurs mi-graines

sous les ruades du sang de l’espoir

cheval dans tes brancards

aux quais d’arrivées des erreurs de stationnement

présence des mouchoirs

Muselant à la niche les clochers plantés sur les aiguilles

de la férule de Chronos

ne portant plus au poignet que le pouls de l’allant

Libre de publier le mémoire de ton ventre sous la coque

tu t’harponnes façon Moby-Dick

au devant de ta propre découverte

Troussée des habitudes

usinées aux manufactures de guerre lasse

ficelant l’affranchissement

L’interdit laissé au trompe-l’oeil du décor

on te reconnaît à la couleur mimétique des marées montantes

Guérande sel et forêt à la conquête de toi-même

quille nouée aux torils de cinco de la tarde

Federico sous la lune

ç’aura été la traversée de l’anonyme matricule de ton Inscription-Maritime.

.

Niala-Loisobleu.

11 Octobre 2024

NOUS MAINTIENDRONS LA SOURCE


NOUS MAINTIENDRONS LA SOURCE

A la ligne où les arbres perdent leurs feuilles

au bord de la douane

je choisis la contrebande à cette nouvelle-frontière

pour passer ce que mes rêves n’ont dérobé à personne

En jarres pleines de son derme à ELLE sans perdre un pétale et rester fort dans le deuil en escale d’une montée à dos d’éléphant vers la Ville Bleue

un marché flottant

un arbre où dort l’enfant mort-né

un temple qui s’étale au soleil-couchant

des chats qui sautent sur le pont de l’île aux bonzes pour aboutir

à la fondation Niala où les enfants viendront NOUS dire en espagnol :

L’Enfant Stanton

de

federico garcia lorca

Niala-Loisobleu.

23 Septembre 2023

– Do you like me ?
– Yes, and you ?
– Yes, yes.

Quand je suis seul
il me reste encore tes dix ans,
les trois chevaux aveugles,
tes quinze visages avec le visage du coup de caillou
et les petites fièvres glacées sur les feuilles du maïs.
Stanton, mon fils, Stanton.
À minuit le cancer sortait dans les couloirs
et parlait aux escargots vides des documents,
le très vif cancer plein de nuées et de thermomètres
avec son chaste désir de pomme pour que le piquent les rossignols.

Dans la maison où il n’y a pas de cancer
les murs blancs se brisent dans le délire de l’astronomie
et dans les étables les plus petites et sur les croix des forêts
brille de longues années la lueur de la brûlure.
Ma douleur saignait le long des après-midi
quand tes yeux étaient deux murs,
quand tes mains étaient deux pays
et mon corps rumeur de l’herbe.
Mon agonie cherchait son vêtement,
poussiéreuse, mordue par les chiens,
et tu l’accompagnas sans trembler
jusqu’à la porte de l’eau sombre.
O mon Stanton, idiot et beau parmi les animaux tout petits,
avec ta mère fracturée par les forgerons du village,
avec un frère sous les arcades,
un autre mangé par les fourmilières,
et le cancer sans barbelés, qui palpite dans les chambres !
Il y a des nourrices qui donnent aux enfants
des rivières de mousse et une amertume debout,
et quelques négresses montent aux étages pour distribuer un filtre de rat.
Car il est vrai que les gens
veulent jeter les colombes aux égouts
et je sais ce qu’espèrent ceux qui dans la rue
nous pressent soudain le bout des doigts.

Ton ignorance est une montagne de lions, Stanton.
Le jour où le cancer t’a fouetté,
t’a craché au dortoir où les hôtes moururent d’épidémie,
a ouvert sa rose brisée de vitres sèches et de mains molles
pour éclabousser de boue les pupilles de ceux qui naviguent,
tu as cherché dans l’herbe mon agonie,
mon agonie aux fleurs de terreur,
tandis que l’aigre cancer muet qui veut coucher avec toi
pulvérisait des paysages rouges sur les draps d’amertume,
et mettait sur les cercueils
des arbrisseaux d’acide borique.
Stanton, va-t’en à la forêt avec ses harpes juives,
va-t’en apprendre des paroles célestes
qui dorment aux troncs des arbres, dans les nuages, les tortues,
les iris sans sommeil et les eaux sans reflet,
afin d’apprendre, mon fils, ce que ton peuple oublie.
Quand commencera le tumulte de la guerre
je laisserai au bureau un morceau de fromage pour ton chien.
Tes dix seront les feuilles
sur l’épaule de mon petit jour.
Et moi, Stanton, moi seul, oublié,
tes visages fanés sur ma bouche,
je pénétrerai à grands cris les vertes statues de la Malaria.

Federico Garcia Lorca

L’ETHER A LABOURER


L’ETHER A LABOURER

Des crêtes de l’herbe d’où l’escabeau s’étire

la pensée des claies se range à la sortie des paniers

Le cheval tire l’araire

à la pelle du bac à sable

Les petites mers en se joignant aux étangs maritimes salent cet humus bleu

pour que les chiens tiennent la garde autour des roulottes

Lorca pince sa guitare

ta hanche s’écume nue jusqu’à la cuisse

tout au long des Saintes…

.

Niala-Loisobleu.

10 Mars 2023

LEVER DU SOLEIL – FEDERICO GARCIA LORCA


Federico Garcia Lorca par Alice Wellinger

Lever du soleil

Federico Garcia Lorca

Mon cœur angoissé
sent d’abord s’éclairer
la douleur de son amour
et le rêve de l’éloignement.
La lumière de l’aube porte
une traînée de regret
et la tristesse sans yeux
de la moelle de l’âme.
Le sépulcre de la nuit
lève son voile noir
pour cacher
à la lumière l’immense cime étoilée.
Que ferai-je dans ces champs
ramassant nids et branchages,
entouré d’aurores boréales
et plein de nuit mon âme !
Que ferai-je si tes yeux
sont morts en pleine lumière
et que ma chair ne sentira jamais la
chaleur de ton regard !
Pourquoi es-tu perdu à jamais
dans cette soirée claire ?
Aujourd’hui ma poitrine est aussi sèche
qu’une étoile terne.

Federico Garcia Lorca

VAS, VIS ET DEVIENS


VAS,VIS ET DEVIENS

L’oiseau sépare le ciel en deux morceaux d’un seul coup d’ailes

d’un côté la nuit qui dépend du hasard

de l’autre, à partir de l’arbre le fruit

qui dispose de la racine du vouloir de la verticalité du jour

Soleil ô Soleil

Tombant du nid de la lune

il vole de son gré ascensionnel, clignotant d’étoiles

droit au labour en suivant les semailles du cheval jusqu’au grenier à sel

Les Caprices laissés au Prado dans les autopsies du légiste Francisco Goya

pour une séguedille au clair-de-lune avec Lorca le gitan

plantant des pilotis ici de là à l’entrée du chenal

Gulf-stream de la poésie signalé par les bouées de Niki de St-Phalle

arc-en-ciel amphibie

Il faut marcher en dehors des nasses, sans cages

loin des filets aspirateurs des influenceurs

pour se tirer de la gloire éphémère du bruit consensuel des enseignes pirates

vrai de l’humilité qui choisit l’humanisme à la fortune

Ainsi peins-je comme Zarathoustra, dit Niala…

Niala-Loisobleu.

27 Novembre 2022

NOVIEMBRE – FEDERICO GARCIA LORCA/ LEO BROUWER


NOVIEMBRE

FEDERICO GARCIA LORCA/ LEO BROUWER


« Je pleure sans raison que je pourrais vous dire, c’est comme une peine qui me traverse, il faut bien que quelqu’un pleure, c’est comme si c’était moi. »

Noviembre

17 NOVEMBRE 2022


Cascabel vacío.
Tarde desmoronada
sobre piras de silencio.
Federico García Lorca (1898-1936). Noviembre (1920).

Grelot vide.
Soir effondré
sur des bûchers de silence.

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Toulouse (Occitanie, France), Cimetière de Rapas, 2021

………


Todos los ojos
estaban abiertos
frente a la soledad
despintada por el llanto.

Tous les yeux
étaient ouverts
face à la solitude
décolorée par les larmes.

Tin
tan,
tin
tan.

Tin
tan,
tin
tan.

Los verdes cipreses
guardaban su alma
arrugada por el viento,
y las palabras como guadañas
segaban almas de flores.

Les verts cyprès
lui gardaient son âme
ridée par le vent,
et les mots comme des faux
coupaient les âmes des fleurs.

Tin
tan,
tin
tan.

Tin
tan,
tin
tan.

El cielo estaba marchito.
¡Oh tarde cautiva por las nubes,
esfinge sin ojos!
Obeliscos y chimeneas
hacían pompas de jabón.

Le ciel était fané.
Ô soir, captif des nuages,
sphinx aveugle !
Obélisques et cheminées
faisaient des bulles de savon.

Tin
tan,
tin
tan.

Tin
tan,
tin
tan.

Los ritmos se curvaban
y se curvaba el aire,
guerreros de niebla
hacían de los árboles
catapultas.

Les rythmes se courbaient
et se courbait l’air,
des guerriers de brume
faisaient des arbres
des catapultes.

Tin
tan,
tin
tan.

Tin
tan,
tin
tan.

¡Oh tarde,
tarde de mi otro beso!
Tema lejano de mi sombra,
¡sin rayo de oro!
Cascabel vacío.
Tarde desmoronada
sobre piras de silencio.

Ô soir,
soir de mon autre baiser !
Thème lointain de mon ombre,
sans un rayon d’or !
Grelot vide.
Soir effondré
sur des bûchers de silence.

Tin
tan,
tin
tan.

Tin
tan,
tin
tan.
Federico García Lorca (1898-1936). Noviembre (1920).
.
Federico García Lorca (1898-1936). Novembre, trad. par L. & L. de Noviembre (1920).

………

Leo Brouwer (né en 1939) • Un día de Noviembre. Leo Brouwer, compositeur.
Leo Brouwer, guitare.
Première publication dana l’album De Bach a los Beatles / Leo Brouwer . Enregistrement : La Havane (Cuba), studios EGREM, 1981. Cuba, ℗ 1981.

………

.

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Toulouse (Occitanie, France). Cimetière de Rapas, 2021.

El lenguaje de las flores (fragmento de « Da Rosita la soltera » – Enrique Morente/Federico Garcia Lorca


PAULA MODERSHON-BECKER

El lenguaje de las flores (fragmento de « Da Rosita la soltera » – Enrique Morente/Federico Garcia Lorca

Maman emmène-moi aux champs
Madre llévame a los campos

avec la lumière du matin
Con la luz de la mañana

voir les fleurs s’épanouir
A ver abrirse las flores

Quand les branches se balancent
Cuando se mecen las ramas

était ouvert
Abierta estaba

La rose avec la lumière
La rosa con la luz

du matin si rouge
De la mañana tan roja

Du sang tendre que la rosée a éloigné
De sangre tierna que el rocío se alejaba

Et si chaud sur la tige
Y tan caliente sobre el tallo

Que la brise a brûlé
Que la brisa se quemaba

aussi haut qu’il brille
Tan alta como reluce

était ouvert
Abierta estaba

Oh mille fleurs
Ay mil flores

Ils disent mille choses
Dicen mil cosas

Oh pour mille amants
Ay para mil enamoradas

Et la fontaine compte
Y la fuente está contando

Ce que le rossignol se tait
Lo que el ruiseñor se calla

était ouvert
Abierta estaba

La rose avec la lumière
La rosa con la luz

du matin si rouge
De la mañana tan roja

Du sang tendre que la rosée a éloigné
De sangre tierna que el rocío se alejaba

Et si chaud sur la tige
Y tan caliente sobre el tallo

Que la brise a brûlé
Que la brisa se quemaba

aussi haut qu’il brille
Tan alta como reluce

était ouvert
Abierta estaba

Source : Musixmatch

Paroliers : Enrique Morente Cotelo / Federico Garcia Lorca

LA RÊVEE EST RANCE


GUGLIELMO CASTELLI

LA RÊVEE EST RANCE

Passé la date de préemption une fleur bleue pique du né sur la piste devant un fond de rayures

Dans la reine un contrecoup tiré à blanc, laisse le royaume sans héritage. Tort héros du jardin qui passe dans un air de cinco de la tarde permanent, un au revoir agite la muleta

Ni l’aqueux, ni les oreilles n’arrivent sur le quai quand la trompette sonne

Ah la vache, la Bardot est seule à faire ole…

Niala-Loisobleu – 31 Août 2022

FEDERICO GARCIA LORCA: EL PASO DE LA SIGUIRIYA – (Jacob Gurevitsch à la guitare)


FEDERICO GARCIA LORCA: EL PASO DE LA SIGUIRIYA – (Jacob Gurevitsch à la guitare)

El paso de la siguiriya

Entre mariposas negras,
va una muchacha morena
junto a una blanca serpiente
de niebla.
Tierra de luz,
cielo de tierra.
Va encadenada al temblor

de un ritmo que nunca llega;
tiene el corazón de plata
y un puñal en la diestra
¿Adónde vas siguiriya,
con un ritmo sin cabeza?
¿Qué luna recogerá
Tu dolor de cal y adelfa?
Tierra de luz
cielo de tierra.

Le pas de la Séguirilla

Parmi les papillons noirs,
va une brunette moresque
à côté d’un blanc serpent
de brume.
Terre de lumière,
Ciel de terre
Elle va enchaînée au tremblement
d’un rythme qui jamais ne s’établit;
elle a un coeur en argent
et un poignard dans la main
Où vas-tu, siguiriya,
de ce rythme décervelé?
Quelle lune soulagera
ta douleur de citron et de bouton de rose?
Terre de lumière
Ciel de terre.