Dure à coincer la porte du soir qui tombe


NIALA

Dure à coincer la porte du soir qui tombe…

Arrive l’automne du lâché de feuilles qui ne poussera pas le bourgeon au prochain printemps

on se dit sans le vouloir

bientôt

les voiliers ne guetteront plus le vent au levé de marée qui porte à la criée

une raideur qui vertèbre le dos ride la danse des chandelles

la peau on y tient dans le symbole du matin c’est ça le seoir

Peau

à un moment du soir
reste la fatigue
la loque
du jour on lave vite
en mots comme on peut

on repasse on plie on range
reste un peu de place
en haut de l’armoire
à gauche
un vide

on a encore
du temps

Antoine Emaz

Tenant la canne on rentre sur ses jambes dans l’atelier

se servir de ses mains pour ne pas ranger les mots-peints

leurs senteurs et la couleur d’en corps d’autres aubes en chemin

Niala-Loisobleu.

3 Octobre 2022

Les Voiles du bâteau

Les voiles du bateau qui s’en allaient aux îles
Etaient de la couleur de tes yeux ce matin
La couleur du printemps dans les vallées fertiles
Province du bonheur à tout jamais certain
Quand le bateau partait, j’allais sur la jetée
Et quand j’étais bien sûr qu’on ne le voyait plus
J’attendais les yeux clos la fin de la journée
Pour le plaisir cruel de me sentir perdu
D’avoir pour un instant des nageoires ou des ailes
De survoler la terre et de vaincre le vent
Monter jusqu’aux étoiles et cueillir la plus belle
Les deux bras étendus, devenir cerf-volant

Devenir si léger que le plus faible brise
Vous emporte au-delà de tous les équateurs
Alors tout est parfait, les folies sont permises
On refait le chemin des oiseaux migrateurs
En suivant du regard ce beau vaisseau tranquille
Tout seul sur la jetée, j’inventais mon destin
Mais la couleur du ciel, de la mer ou des îles
Ne valait pas l’éclat de tes yeux ce matin

Henri Salvador / Jacques Bertin

TRANSPORT VISUEL


NIALA

TRANSPORT VISUEL

A la trace du miel

l’oeil couché sur le dos

je trouve l’abeille à travers les dernières feuilles qui avaient été écrites

Un serrement de doigts et tout se garde amarré à l’encre loin d’ouragan

Au moment où l’on suis-je, ni la montre, ni le calendrier des pompiers ne cherchent un indicateur

La grosseur de tes seins est conforme au relief de ma campagne et l’herbe toujours verte

Nous avons traversé des époques où l’arbre se ressemait seul sur une simple emprise des haleines mâle et femelle sans que le vent intervienne

Puis la mer, sa côte sauvage, ton naturisme dans la salive de l’écume, mon embrun à l’orgasme des trois dernières premières vagues en navette entre le clair-obscur d’un masque ont cherché le vaccin qui restaure politiquement de la mal-bouffe

On finit par se demander l’adresse où elle est, qu’on se remplit les yeux en levrette au débouché du tunnel.

Niala-Loisobleu – 3 Octobre 2022

LA PEAU QUI GRATTE


NIALA

LA PEAU QUI GRATTE

Le chevet de l’aube s’allume

à la radio le squelette des arbres apparaît

Au-dessus du coude le quotidien bavarde comme un pis

La première image qui me gratte la peau me hanche en poignées

Marguerite débite l’horoscope du jour à travers les carreaux de la fenêtre.

Niala-Loisobleu.

3 Octobre 2022

A c’t’heure…


A c’t’heure…

Le premier métro roule et toi ma poule comment ça vas t’y ?

Quand ça recommence on aime pas forcément ce premier jour de la semaine

Chacun son goût

Moi le tien me convient…

Niala-Loisobleu – 3 Octobre 2022