FEMME DANS UN FAUTEUIL ROUGE


Pablo Picasso

FEMME DANS UN FAUTEUIL ROUGE

Des ocres rouges qui lui grimpent du bas du dos et des sanguines qui lui pendent des aisselles, estuaire grand ouvert elle écluse par l’échelle à poissons l’alevin dont elle taira l’existence sans préméditation. Un pont entre la lune et le soleil et un puzzle face à la disparition de pièces maîtresses obligent au devoir de réserve. Ce qui n’interrompt que l’inconséquent en fin de conte

Le calibre n’a rien à voir avec ce qui se trouve tenu à l’intérieur. Les baudruches ont rien à dire et pourtant tout porte à croire qui s’égare à souffler

Pour tenir les souvenirs des ballons captifs qui s’étalaient dans le ciel de Paris durant la dernière guerre, je me souviens qu’ils n’ont rien empêché de s’envoler du génie de Picasso. Du quai des Grand-Augustins où se trouvait son atelier, il a fait décoller au delà d’un alunissage et pour des années lumière

Garde tes mots dits, le tapis rigole de soleil. l’oiseau lui à la clef de ton nombril.

Niala-Loisobleu – 27 Avril 2022

COULE HEURE


COULE HEURE

A ne pas aller plus loin que le bout du né il faudra en passer par le brouillard

C’est l’étang et les mortes-eaux

Un bleu clématite boutonne l’attente en dehors de l’existence de problèmes

Il y a l’absence qui poinconne le billet doux du transport au péage obligatoire et les sens qui augmentent en faisant semblant de pas s’en apercevoir.

Niala-Loisobleu – 27 Avril 2022

L’ENFANT DE MON VIVANT PAR JACQUES PREVERT


L’ENFANT DE MON VIVANT

JACQUES PREVERT

Dans la plus fastueuse des misères mon père ma mère
apprirent à vivre à cet enfant
à vivre comme on rêve et jusqu’à ce que mort s’ensuive naturellement
Sa voix de rares pleurs et de rires fréquents
sa voix me parle encore
sa voix mourante et gaie
intacte et saccagée
Je ne puis le garder je ne puis le chasser ce gentil revenant
Comment donner le coup de grâce à ce camarade charmant qui me regarde dans la glace
et de loin me fait des grimaces pour me faire marrer drôlement
et qui m’apprit à faire l’amour maladroitement éperdument
L’enfant de mon vivant sa voix de pluie et de beau temps chante toujours son chant lunaire ensoleillé
son chant vulgaire envié et méprisé son chant terre à terre étoile
Non je ne serai jamais leur homme puisque leur homme est un roseau pensant
non jamais je ne deviendrai cette plante
Carnivore qui tue son dieu et le dévore et vous invite à déjeuner et puis si vous refusez vous accuse de manger du curé
Et j’écoute en souriant l’enfant de mon vivant l’enfant heureux aimé et je le vois danser danser avec ma fille avant de s’en aller là où il doit aller.
Jacques Prévert

UNE QUESTION AU POEME PAR MICHEL DEGUY


UNE QUESTION AU POEME

PAR MICHEL DEGUY

Orgue et naseau, nasaux d’orgues silencieuses

comme il arrive aux dessins de
Rubens, de
Watteau

que la ligne parfaite se reprenne si bien

que plusieurs dessins dune même chose

dessinent cette chose en surimpression d’elle-même,

cette nuit pour moi la face d’un cheval plus haut :

ruche du verbe frémir à dessiner

— l’ubiquité de bouche et de naseaux strobosco-

piques — je cherchais le mot juste pour cette pieuvre de contours des naseaux, je trouvai celui d’orgue et ne savais plus dans l’échange lequel était comme

Michel Deguy

La vigueur


La vigueur

A l’abat d’un vent la godille sert de jambe. C’est plus dur pour la vue en porte dérobée, l’œil de verre restant sur place. Je dois trouver du blanc-canne pour peindre dans cette nouvelle nuit en plein jour

Je hume le soleil ne vois que ça…

Niala-Loisobleu – 26 Avril 2022

MISE AMOR


Pablo Picasso

MISE AMOR

La forteresse ferme son cercle pour laisser la trompette sonner le départ de ses mots

Alors les plus hautes herbes que l’indifférence avait mise sur le flanc relèvent le front d’une poussée du coeur

la calomnie vide de son sang un temps seulement, la petite fleur blanche retapisse plusieurs fois par heur, riche est le tailleur tant il a de vestes à retourner et le délateur de colis à porter, n’empêche que le mot en son creux reste épouvantail à oiseaux et que l’oiseau remonte plus vite que le serpent

L’attraction a eu son gang j’irai soigner la couleur de la véronique et la passe sera débarrassée des méduses pour réunir les poètes en un soleil vivifian

Voici le taureau coulant l’airain.

Niala-Loisobleu – 26 Avril 2022

Attraction



Attraction

Le panier de linge est tressé d’un blanc qui rince

Mots jurançons au cépage d’un brebis qui s’empare du palais

Le mont regarde d’où il va choisir le siège cathare…

Niala-Loisobbeu. – 26 Avril 2022

PORTRAIT D’UNE FEMME ASSISE


PABLO PICASSO

PORTRAIT D’UNE FEMME ASSISE

Au métal de la plaque mieux que l’acide à la saignée du burin son sabot frappe

aqua tinta

Les rues perdent la mémoire par quartiers détachables

au balcon corporatif sous lequel Roméo plantait une plante grimpante Juliette trempe en corps dans l’ô

Pablo de sa plume maîtresse l’a dessinée saisissante comme hors d’âge à jamais fondée

Le Marais tient droit autour de tout ce qui se voûte comme les seins en tombant reposent contre la racine qui parle intra muros

C’est du bleu d’oeil marin posté où l’anémone survit accrochée à la course d’un chien mordant le noir

L’homme déverse, la femme se dresse.

Niala-Loisobleu – 25 Avril 2022

L’INSURGÉ


L’INSURGÉ

Du soleil ramené au treuil par l’oiseau sorti de la boîte à musique en racolage le marigot est franchi sur les crocodiles

Les odyssées appartiennent à l’ouverture des lumières et non à la fumée des cierges

Chiron tient ta barque, il n’y a que la peinture pour traverser

Qu’importe où le vent se cache. Laisser une chance à l’imaginaire de sortir en chasse écarte des sécheresses…

Niala-Loisobleu – 25 Avril 2022